Grève de la faim : un décès devient possible à tout moment
Depuis le 23 mai, les grévistes du Béguinage, de l’ULB et de la VUB ont arrêté de se nourrir. Depuis le 16 juillet, ils ont même débuté une grève de la soif. Les impacts de ces privations sur le corps et sur la psyché sont considérables. Un long procédé de réadaptation sera nécessaire après.
« Le premier organe touché, si on cesse de se nourrir, est le tissu adipeux », explique Louise Deldicque, physiologiste au Centre d’investigation clinique en nutrition (CICN), dépendant de l’Université catholique de Louvain-La-Neuve. Le corps va d’abord se nourrir dans les masses de graisse. Après quelques jours, c’est la masse musculaire qui est attaquée, « et c’est déjà problématique pour le corps », ajoute Louise Deldicque.
En général, si l’on cesse totalement de se nourrir, la durée de survie est de trois semaines. « On a observé des personnes qui ont survécu cinq à six semaines, mais cela dépend de la masse de graisse et de la masse musculaire des personnes, ainsi que des besoins en nutriments de leur corps », analyse Louise Deldicque.
« Par contre, si en plus on cesse de boire de l’eau, c’est absolument catastrophique », estime la chercheuse, en indiquant qu’après 48 à 72 heures, les personnes meurent. Vendredi, environ 300 des 450 sans-papiers grévistes ont entamé une grève de la soif, après plus de 50 jours de grève de la faim. Des décès semblent dès lors imminents, selon les Médecins du Monde qui font des observations sur place.
Des conséquences sur l’état psychologique
Les carences ont également des impacts sur l’état psychologique des personnes. « De plus en plus de personnes avouent ne plus avoir aucun espoir et ont des idées suicidaires. On constate aussi de plus en plus de troubles de comportement, une expression altérée, un langage décousu et cela est accentué par une perte de concentration due à la grève de la faim », observe Lucia Bohle Carbonell, psychologue bénévole pour les Médecins du Monde, dans un communiqué de l’association. D’autres effets observés sont des insomnies, de la fatigue extrême, ou de l’irritabilité.
Louise Deldicque explique que le cerveau ne se nourrit pas de graisse, mais de glucose, donc si l’on arrête de se nourrir, le cerveau est rapidement impacté. « Cela mène à des troubles cognitifs, il peut y avoir des hallucinations par exemple. »
Un long rétablissement
Après une grève de la faim et de la soif, le rétablissement est long. « Il faut d’abord mettre des perfusions, avec du sucre et des liquides, puis lentement passer à des soupes et des purées », prévoit Louise Deldicque. L’estomac et les intestins ont besoin de quelques semaines pour se réhabituer à absorber des nutriments.
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