Grande mosquée: plusieurs députés veulent impliquer les Communautés
Plusieurs députés estiment que le rapport de l’Organe de Coordination et d’Analyse de la Menace (OCAM) sur l’enseignement prodigué à la Grande Mosquée de Bruxelles doit être transmis aux Communautés. De nombreux professeurs de religion islamique sont en effet passés sur les bancs de l’institution du Cinquantenaire.
L’OCAM a analysé des manuels diffusés par la Grande Mosquée et l’enseignement qui en est issu. Ces livres ont été rédigés essentiellement dans la période 1980-2000. Le contenu d’inspiration salafiste et wahhabite est effarant, aux yeux des députés membres de la commission de suivi « attentats terroristes »: il est question de guerre contre ceux qui n’obéissent pas à la charia et de châtiment des homosexuels, les juifs sont décrits de façon infamante, etc. Plusieurs dizaines de personnes par an auraient suivi les formations incriminées au Centre Islamique et Culturel de Belgique (CICB).
« Cette note doit être transmise aux Communautés et aux ministres de l’Enseignement », a demandé Richard Miller (MR). « C’est un pavé dans la mare. Cela fait des années que l’on essaie d’avoir des informations sur le contenu des cours en arabe. C’est toujours resté lettre morte et, aujourd’hui, sort une note qui démontre qu’une génération d’enseignants, de professeurs de religion musulmane ont reçu une formation de base qui relève du pénal ».
« Il faut une stratégie coordonnée entre le fédéral et les Communautés », estime Georges Dallemagne (cdH).
Le député centriste souhaite qu’un courrier soit envoyé aux professeurs où serait exprimé clairement que cet enseignement ne peut servir de support à un cours de religion. Plus généralement, il plaide pour une communication plus large de ce rapport, jusqu’à présent à « diffusion restreinte ». Selon lui, le débat doit avoir lieu publiquement dans les parlements et la société.
« Une partie de la communauté musulmane étouffe sous cette salafisation de l’espace religieux. On l’aidera mieux si ce débat est public », a-t-il ajouté.
Le gouvernement fédéral a annoncé en mars qu’il rompait la convention liant la Belgique à l’Arabie saoudite pour la mise à disposition de la Grande Mosquée. L’Exécutif des Musulmans de Belgique (EMB) doit prendre le relais avec l’aide d’une communauté locale. Or, entendus mercredi à huis-clos, les responsables de l’OCAM ont exprimé leurs réservés à l’égard de l’EMB, ont indiqué plusieurs sources: les dirigeants sont étroitement liés soit aux autorités marocaines, soit aux autorités turques qui, de la sorte, s’assurent de la loyauté des fidèles à leur égard, selon l’OCAM.
L’OCAM a remis son rapport à la commission de suivi la semaine passée. Certains députés s’étonnent d’avoir reçu un tel document aussi tard alors que la commission d’enquête sur les attentats a été mise sur pied en avril 2016 et que le problème du fondamentalisme islamique est une préoccupation publique depuis plusieurs années. Il apparaît, d’après certaines sources, que les services de renseignement, ne se sont guère occupés du contenu de l’enseignement de la Grande Mosquée jusqu’à présent.
Le rapport a été transmis au parquet fédéral. Plusieurs mandataires du MR ont d’ores et déjà estimé que des poursuites devaient être intentées.
Le Premier ministre fournira par ailleurs à la commission un tableau de bord de la mise en oeuvre des recommandations de la commission d’enquête sur les attentats. Certains députés souhaitent notamment savoir où en est la rupture de la convention avec l’Arabie saoudite.