Get up Wallonia : la Wallonie gère l’urgence et entend se réinventer
Le gouvernement wallon lance un nouveau volet de mesures de soutien et compte bien mener à bien sa refonte à plus long terme.
Les mesures de déconfinement progressive qui seront annoncées au fédéral ont un mot de code : « Restart Belgium » (« Relancer la Belgique »). Le gouvernement wallon entend bien tirer les leçons de la crise pour repenser ses pratiques. Le mot de code est « Get up Wallonia » (« Debout la Wallonie »). C’est ce que le ministre-président wallon, Elio Di Rupo, a annoncé ce mercredi après-midi, en plus de mesures d’urgences, notamment pour une hauteur de 285 millions d’euros à destination des PME.
Quatre objectifs
« Nous avons quatre objectifs, souligne le ministre-président Elio Di Rupo (PS). Le premier est économique, c’est l’urgence absolue. » Il s’agit de mettre en place des mesures de soutien pour les PME et les indépendants : une deuxième vague est annoncée ce mercredi. Mais il s’agit aussi, à terme, de donner des orientations économiques nouvelles et de décider des investissements stratégiques.
« Le deuxième est social, poursuit Elio Di Rupo. Le gouvernement fait du pouvoir d’achat des citoyens une priorité. C’est pour cette raison que nous mettons sur la table des mesures qui permettront à chacun d’avoir aux biens de premières nécessité logement, gaz, électricité, eau, alimentation… » Sans oublier un objectif forcément stratégique en cette ère decoronavirus : la santé.
« Le troisième est objectif environnemental. Il s’agit de prendre en compte le changement climatique. La crise Covd-19 met en avant l’enjeu de la transformation, le respect des écosystèmes, l’emploi local… » Enfin, le quatrième concerne le changement des pratiques et, notamment la nécessité de stimuler l’utilisation massive des technologies numériques.
Une prime complémentaire de 2500 euros
En matière économique, le ministre Willy Borsus (MR) a annoncé l’élargissement de la prime de 5000 euros qui avait déjà été octroyée à certains secteurs (garagistes, récréatif,…) et une prime de 2500 euros pour tous indépendants/entreprises ayant dû interrompre substantiellement leur activité en mars-avril.
« Nous mettons en place également un prêt ‘ricochet’ de 45000 euros maximum à un taux très favorable destiné aux entreprises et indépendants qui ont besoin de trésorerie pour franchir ce cap, ajoute-t-il. Ce prêt bénéficiera d’une franchise en capital de 6 mois maximum. »
Le gouvernement wallon mobilise également 25 millions pour des projets de recherche réalisés par des entreprises wallonnes, en lien avec le COVID-19, comme par exemple le développement de tests diagnostiques et sérologiques, de traitements ou de vaccins, etc.
Dons alimentaires et maisons de repos
Sur le plan social, la ministre Christie Morreale (PS) a annoncé des mesures complémentaires pour les personnes éprouvant des difficultés liées à l’aide alimentaire. Il y a moins d’invendus alimentaires, donc moins de dons. Un million d’euros est dégagé pour acheter de la nourriture et faire en sorte que les structure ad hoc puissent donner des colis alimentaires.
Le ministre-président n’a pas manqué de saluer le personnel actif dans toutrs les institutions de santé. Les maisons de repos étant particulièrement impactées, avec des mesures importantes en termes d’hygiène et de médication, le gouvernement wallon va mettre 400 euros (en plus des 250 euros déjà apportés) par lit agréé.
Une aide forfaitaire de 5000 euros est annoncées pour 124 entreprises agréés en économie sociale. Et un soutien aux stagiaires des plans formation-insertion, dont le travail a été suspendu, avec un paiement de 70% de la prime qu’ils devaient toucher.
L’énergie, bien de première nécessité
Les ministres écologistes Philippe Henry et Céline Tellier ont complété le dispositif d’urgence par des mesures en matière d’énergie. Parce que cela fait partie fait partie des besoins de première nécessité, insiste le gouvernement wallon. Les coupures avaient déjà été interdites. Pour les personnes disposant d’un compteur à budget et qui n’ont pas pu prépayer leurs factures, une aide financière sera octroyée. Ces ménages recevront cette aide directement en déduction de leur facture de régularisation.
En ce qui concerne l’eau, des mesures ont été prises pour les personnes précarisées. Toute suspension d’eau est interdite. L’aide des CPAS est augmentée. Pour les personnes en situation de chômage temporaire, il y a aura une réduction forfaitaire de 40 euros. Des mesures pour les entreprises sont également prévues.
Plan de relance et budget explosé
Des mesures de relance ne sont pas abandonnées. « Le plan infrastructures est maintenu, il sera capital pour soutenir notamment le secteur de la construction avec la mobilité, dit Philippe Henry. C’est un très gros morceau. Il était nécessaire de replanifier ce plan dans le temps. Nous avons confirmé cet engagement de deux milliards d’euros sur sept années. C’est un signal important. Il s’agit d’orienter progressivement la mobilité vers le durable, les transports en commun, les pistes cyclables… »
Tout cela se fera dans un contexte budgétaire explosif. « Ce sera un exercice inédit dans le contexte que nous connaissons, reconnait Jean-Luc Crucke (MR). En termes de recettes, c’est aujourd’hui 600 millions d’euros de recettes en moins au minimum. Nous avons dépensé un premier train de mesures à 350 millions d’euros, un deuxième à 500 millions. Nous sommes à près d’un milliard et demi. Il faudra ajouter les dépenses liées à la relance, celui des travaux… » Le gouvernement wallon compte notamment sur un accord avec le fédéral et l’Europe pour autoriser un déficit pour raisons exceptionnelles.
Et parmi tout cela, pour se réinventer, le ministe-président wallon avance: « Le gouvernement veut stimuler l’émergences d’idées nouvelles, étonnantes, out of the box comme on dit en anglais. Nous voulons favoriser la concertation avec les acteurs de terrain, les représentants des universités, des entreprises… Des groupes de travail vont être mis en place: économique ; emploi/ social/ santé, environement/ territoire. Nous entendons également mobiliser l’énergie citoyenne. On leur demandera d’alimenter la vision Wallonie à l’horizon 2030 et 2050. Des outils seront mis en place prochainement. »
Après l’urgence, la vision renouvelée, mais sans doute faudra-t-il taper sur le clou pour que les Wallons y croient en cette période dantesque.
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