Fusillade à Liège en 2011: le tribunal estime que l’Etat belge ne peut être tenu responsable
Le tribunal civil de première instance de Liège a estimé, dans un jugement rendu, que l’État belge ne pouvait être tenu responsable de la tuerie de Liège qui avait fait cinq morts en 2011, a indiqué à Belga Me Alexandre Wilmotte, avocat de proches de victimes.
Le 13 décembre 2011, à 12h32, Nordine Amrani a ouvert le feu depuis la plateforme surplombant la place Saint-Lambert, avec un fusil d’assaut et des grenades. Cinq personnes ont été tuées et plus d’une centaine blessées. La veille, il avait également tué son aide-ménagère. L’assaillant a ensuite mis fin à ses jours, se tirant une balle dans la tête.
En 2015, des proches des victimes ont attaqué l’État belge devant le tribunal civil, pointant surtout des manquements supposés du tribunal d’application des peines dans l’accord et le suivi de la libération conditionnelle de Nordine Amrani.
Me Wilmotte, même s’il souligne le « goût amer » de ce jugement pour les victimes, relève tout de même que la décision judiciaire reconnaît que « dans le suivi des libérations conditionnelles, les moyens des autorités sont limités ». Pour lui, cela pointe le manque général de moyens dédiés à la Justice.
Nordine Amrani était bien connu de la justice, ayant été condamné en 2003 pour le viol d’une mineure en situation de handicap et en 2008 pour trafic de stupéfiants. Il était en liberté conditionnelle au moment des faits et le jugement du tribunal civil de Liège « constate que dès le 28 novembre (2011), soit quelques jours avant la tuerie, Nordine Amrani ne respectait plus les conditions de sa libération parce qu’il avait commis de nouvelles infractions graves », selon Me Wilmotte. L’avocat regrette cependant que le tribunal ait estimé que le délai de 15 jours entre les nouvelles infractions et le massacre « ne permettait pas nécessairement au ministère public de prendre d’autres dispositions » alors que les parties civiles étaient d’avis qu’au vu de l’historique judiciaire de M. Amrani, ce dernier aurait dû être arrêté.
« Le sentiment des victimes est douloureux, le goût est amer » après ce jugement, selon Me Wilmotte, qui va désormais analyser le jugement avec ses clients pour évaluer l’opportunité ou non d’interjeter appel. « Nous avons le sentiment qu’on n’a pas été au bout du chemin en reconnaissant les fautes réelles qui, selon nous, ont été commises et qu’on aurait pu mettre sous le nez des politiques pour obtenir plus de moyens pour la Justice. »
L’avocat a également souligné que le combat judiciaire des victimes, initié en 2015, avait tout de même permis d’obtenir « des avancées juridiques importantes », renvoyant à l’arrêt de la Cour constitutionnelle qui a estimé que la responsabilité de l’État pouvait être mise en cause dans ce genre d’affaire. « C’est important pour d’éventuelles futures victimes. »
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