François van Hoobrouck, résistant d’une époque où la Belgique a basculé (portrait)
L’ancien bourgmestre de Wezembeek-Oppem, décédé à 86 ans, était un frondeur se battant contre les circulaires Peeters, la scission de BHV ou les nuisances de l’aéroport. Avant que le pays ne se détricote davantage.
François van Hoobrouck a tiré sa révérence, à 86 ans, mercredi 19 août. L’ancien bourgmestre de Wezembeek-Oppem et député fédérale, tour à tour MR et DéFI, est peut-être parti dans un de ses grands rires qui resteront pour l’éternité. Il restera comme un ardent défenseur des francophones de la périphérie, dont le ton flamboyant était – aussi – révélateur d’une époque. Celle d’avant la scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde.
Ce chevalier blanc assumait son côté irrévérencieux et « rebelle ». Devenu bourgmestre de la commune de Wezembeek-Oppem en 1994, il fut de tous les combats pour le maintien des facilités linguistiques dans les six communes de la périphérie bruxelloise, dont la sienne. Ce fut une époque de carrousels fous, symptomatiques de la crainte flamande de cette « tache d’huile francophone sur son territoire », de droits constitutionnels bafoués et de blocages politiques à répétition.
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Toutes mes condoléances aussi. J’appréciais beaucoup François, sa sympathie et son pragmatisme, https://t.co/BThjvL1uGQ
— Gilson Nathalie (@nathaliegilson) August 20, 2020
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Bien malgré lui, ce libéral convaincu restera associé aux noms de Leo Peeters, ministre socialiste flamand, et d’Yves Leterme, homme fort du CD&V.
Le premier fut l’auteur des fameuses circulaires portant son nom, rognant les facilités linguistiques en imposant des démarches administratives supplémentaires aux francophones. Aux communes concernées également : elles devaient envoyer les convocations électorales en néerlandais. Résultat ? Des carrousels en cascade avec des non-nominations de bourgmestres à répétition. Ainsi qu’une Union des francophones électorale dans la périphérie pour regrouper les forces de résistance. A leur menu, il y avait aussi la lutte contre les nuisances aériennes de l’aéroport de Bruxelles-National, un autre carrousel face à l’incapacité de trouver une solution durable et respectueuse des habitants. Van Hoobrouck créa d’aileurs l’association UBCNA (Union Belge Contre les Nuisances des Avions).
Yves Leterme, lui, avait recueilli 800000 voix aux élections législatives du 10 juin 2007 avec ce slogan: « Cinq minutes de courage politiques pour scinder BHV ». Ce fut bien plus laboreux que ça! L’arrondissement électorale et judiciaire de Bruxelles-Hal-Vilvorde est devenu pendant cinq ans le noeud de fixation de la politique belge et François van Hoobrouck un des empêcheurs de tourner en rond des francophones. La scission, finalement obtenue par les partis flamands avec quelques maigres compensations aux francophones, finit par le dégouter, y compris du parti libéral qui l’avait cosignée à l’initiative de Charles Michel. En 2014, l’ancien bougmestre a rejoint le FDF (futur DéFI), seul parti francophone à avoir rejeté la sixième réforme de l’Etat. Comme un dernier pied de nez.
https://twitter.com/OlivierMaingain/status/1296700824412983297Olivier Maingainhttps://twitter.com/OlivierMaingain
Hommage à François Van Hoobrouck décédé ce 20 août. Comme bourgmestre de Wezembeek Oppem il a fait preuve d’une volonté inébranlable pour faire respecter les droits fondamentaux des francophones. C’est la raison pour laquelle il avait rejoint @defi_eu
— Olivier Maingain (@OlivierMaingain) August 21, 2020
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François van Hoobrouck restera comme le révélateur, frondeur et atypique, d’une époque au cours de laquelle la Belgique a basculé vers l’impasse politique permanente et la tentation confédérale de la N-VA. Symboliquement, il fut d’ailleurs l’un des protagonistes du fameux docu-fiction Bye-Bye Belgium de la RTBF, en 2006, annonciateur certes caricatural d’un pays à l’identité perdue.
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