Eviction du chef du SGRS : Critique sans précédent des généraux
Trois généraux occupant de hautes fonctions au sein de la hiérarchie militaire ont exprimé leur désarroi après le remplacement de l’un de leurs collègues, le général-major Philippe Boucké, à la tête du service de renseignement de l’armée à la suite de l’affaire Jürgen Conings, ce militaire d’extrême droite retrouvé mort après une traque de plus d’un mois.
Il s’agit de réactions, sur Twitter, sans précédent dans l’histoire militaire belge récente à une décision prise conjointement par la ministre de la Défense, Ludivine Dedonder (PS), le chef de la Défense (Chod), l’amiral Michel Hofman, et le général Boucké lui-même, selon un communiqué publié vendredi par la Défense.
« Une journée de merde au bureau jusqu’à présent », a ainsi twetté vendredi le numéro deux de l’armée, le lieutenant-général Marc Thys. « J’espère que l’après-midi va s’améliorer », a ajouté le vice-Chod.
« Le devoir de réserve (des militaires à propos des décisions politiques, ndlr) est une chose… mais le silence peut être lourd de culpabilité. Le prix à payer aujourd’hui est bien trop élevé. Effectivement une journée noire, la Défense n’en sortira pas indemne », a pour sa part affirmé le commandant de la composante Terre, le général-major Pierre Gérard, sur le même réseau social.
« Comme si l’éviction d’un officier exemplaire allait solutionner les manquements décisionnels du passé extérieurs à la Défense. La notion de ‘responsabilité collective’ me paraîtrait plus appropriée dans le chef de certains décideurs. Puissent-ils en tirer des leçons personnelles », a quant à lui déclaré le « patron » de la composante médicale, le général-major Pierre Neirinckx, toujours sur Twitter.
« La démission du GenMaj Boucké témoigne d’une extrême loyauté à la Défense. Mon profond respect pour cela, même si cela semble absolument injuste pour tout chef qui se contente de ce qu’il a », a de son côté twetté le général-major Tom Wouters, appelé à devenir le 1er août prochain Inspecteur général de la Défense.
« Qu’il garde la tête haute. Je m’incline devant lui », a-t-il ajouté en anglais.
Le député Jasper Pillen (Open Vld), qui siège au sein de la commission de la défense nationale de la Chambre, a qualifié ces prises de positions de généraux de « du jamais vu » (en français).
« Nous politiques devons prendre ce signal très au sérieux. Je suis curieux (de voir) les réponses à ces questions très à propos », a-t-il dit en faisant allusion à la réunion de cette commission prévue jeudi avec, au programme, un « échange de vues » avec la ministre à propos du remplacement du chef du Service général du Renseignement et de la Sécurité (SGRS).
M. Dedonder et l’amiral Hofman ont justifié le remplacement du général Boucké – qui n’a pas été licencié et reste au sein de la structure de la Défense – par le fait qu’il ait « pendant le temps qu’il dirigeait le service, mis toute son énergie à résoudre les problèmes connus depuis plusieurs années ». « La complexité des problèmes, renforcée par les événements de ces dernières semaines, l’ont empêché de réussir sa mission », ajoutaient-ils dans un communiqué publié vendredi matin.