Enquête sur l’euthanasie: les médecins veulent une évaluation de la loi
Dans le contexte de la comparution de trois médecins aux assises de Gand pour l’euthanasie de Tine Nys, finalement acquittés dans la nuit du 30 au 31 janvier, le journal du Médecin/Artsenkrant a lancé une enquête en ligne auprès de ses lecteurs. Les résultats de ce sondage illustrent quelques faits saillants.
En une semaine, pas moins de 776 médecins ont répondu à neuf courtes questions fermées.
Trois quarts des répondants sont néerlandophones. Ce qui n’est pas étonnant si l’on se penche sur les chiffres de la Commission fédérale de contrôle et d’évaluation de l’euthanasie (CFCEE), qui recensait, pour l’année 2018, 76% de documents d’enregistrement en néerlandais pour 24% en français.
Plus de la moitié des médecins craignent qu’à l’avenir, leurs confrères ne soient plus disposés à donner un avis ou à réaliser une euthanasie lors d’une demande pour des souffrances psychiques dans une situation non-terminale.
Quatre médecins sur cinq estiment que le procès de Gand provoque une insécurité juridique pour le corps médical. Le pourcentage est encore plus élevé pour les médecins néerlandophones que pour les médecins francophones. Il en va de même pour l’opinion publique, soit dit en passant. 75% des médecins belges (80% côté néerlandophone pour 61% côté francophone) estiment que ce procès provoque un sentiment d’insécurité et d’anxiété pour leurs patients.
Pire encore, plus de la moitié des personnes interrogées craignent qu’à l’avenir les médecins ne soient plus disposés à donner un avis ou à réaliser une euthanasie lors d’une demande pour des souffrances psychiques dans une situation non-terminale. Un quart des médecins interrogés pensent que cela n’aura pas d’influence, et 21% en doutent.
L’euthanasie pour des souffrances somatiques en phase terminale fait par contre beaucoup moins l’objet de discussions. Plus de 80% des médecins pensent que leurs collègues continueront de prodiguer des conseils ou continueront à pratiquer l’euthanasie. Seulement 8% n’en sont pas sûrs et un sur dix pense que même dans le cas de souffrances somatiques en phase terminale, le procès dissuadera les médecins de fournir des conseils ou de pratiquer l’euthanasie.
Un grand nombre de politiciens – surtout au nord du pays – considèrent que le procès devant la Cour d’assises de Gand est l’occasion d’exiger une évaluation de la législation sur l’euthanasie. Plus de sept médecins sur dix partagent cette opinion.
De plus, les médecins sont circonspects quant au fonctionnement et à la composition de la Commission fédérale de contrôle et d’évaluation de l’euthanasie (CFCEE). Ils sont 47% à estimer qu’il est nécessaire de revoir le fonctionnement et la composition de la CFCEE, 22% à douter et seulement 31% à considérer que ce n’est pas nécessaire.
Est-ce que la réglementation actuelle sur l’euthanasie devrait être élargie aux personnes atteintes de démence ? Le corps médical est divisé sur la question. 46% des médecins sont en faveur de l’élargissement et 43% sont contre.
Sur la même thématique, 56% des médecins jugent que la législation actuelle sur l’euthanasie ne doit pas être réduite et que les patients non-terminaux présentant des souffrances psychologiques ne devraient pas être exclus.
La sédation palliative et sa déclaration devaient-elles être réglementées ? Bien que près d’un médecin sur trois pense qu’un cadre législatif est nécessaire, une grande majorité (63%) a répondu par la négative.
Méthodologie
L’enquête en ligne sur l’euthanasie du journal du Médecin/Artsenkrant était disponible une semaine – du 21 au 28 janvier – sur les sites du www. lejournalmedecin.com et www.artsenkrant.com. L’enquête comprenait neuf questions auxquelles le lecteur pouvait répondre par « oui », « non » ou « ne sait pas ». 776 médecins (564 néerlandophones et 212 francophones) ont répondu à l’enquête validée par deux experts du secteur. 694 lecteurs ont répondu à toutes les questions. Ce sondage n’a pas de prétentions scientifiques. Il livre l’avis des médecins sur la question.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici