Engie Electrabel cesse d’investir dans la prolongation du nucléaire
La direction d’Engie Electrabel a rencontré mardi après-midi les représentants du personnel pour annoncer son intention d’arrêter tous les investissements liées à la prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires, a indiqué Franco Vincent, délégué syndical Gazelco (CGSP/FGTB), confirmant l’information publiée plus tôt par nos confrères du magazine Trends.
« Après des discussions constructives, nous devons constater que l’actuel gouvernement a la claire intention d’exécuter l’accord de gouvernement », a expliqué en substance l’opérateur dans sa communication interne, selon Trends et L’Echo. « Nous pouvons donc en conclure que le gouvernement belge a définitivement opté pour la construction de nouvelles centrales au gaz. Cela signifie deux choses: une sortie complète du nucléaire. Ensuite, nous ne devons plus attendre une décision finale (pour une éventuelle prolongation des centrales, NDLR) pour la fin de 2021 », poursuit la communication.
« Engie Electrabel a annoncé l’arrêt des sept unités belges pour 2025, comme prévu dans l’accord de gouvernement, même si le gouvernement s’est laissé jusque fin 2021 pour acter sa décision. Engie Electrabel a fait savoir que le groupe se réservait le droit de dire non à une prolongation si celle-ci n’était pas de dix ans au minimum pour assurer le retour sur investissement », a précisé Franco Vincent.
Le délégué syndical s’est montré particulièrement inquiet par rapport à l’impact d’une telle décision sur l’emploi. « En prenant en compte la sous-traitance, cela concerne environ 3.500 emplois rien que pour Tihange, et sans doute autant à Doel », a-t-il précisé, mentionnant qu’un préavis de grève serait bientôt envisagé pour faire avancer les négociations quant à l’avenir du personnel. Le nouveau gouvernement fédéral s’est engagé à maintenir la sortie du nucléaire en 2025, tout en laissant la porte ouverte, jusqu’à la fin 2021, à une prolongation des deux réacteurs les moins vieux (Doel 4 et Tihange 3). Début octobre, Engie Electrabel avait toutefois laissé entendre dans une note que ce scénario n’était « pas réaliste ».
Engie n’a cessé de répéter qu’une décision sur une prolongation des centrales devait être prise au plus tard fin 2020. Le timing est en effet serré. Les commandes de combustible et les travaux nécessaires à la prolongation des centrales prendront entre 30 à 36 mois. A cela s’ajoutent une étude d’impact sur l’environnement (entre 18 et 24 mois) et le regard de la Commission européenne (quelques mois).
En outre, Engie Electrabel ne comptait pas investir un milliard d’euros dans des matières nucléaires sans un cadre légal adapté. Selon le journal L’Echo, un conseil d’entreprise se tiendra lundi prochain afin d’aligner la décision d’Engie sur les consignes données aux travailleurs. « Nous ne craignons pas de restructuration avant l’arrêt de Tihange 2 mais beaucoup d’ouvriers qualifiés et d’ingénieurs risquent de vouloir partir vers d’autres pays ou dans le secteur gazier. C’est déjà le cas à Doel, où la centrale est vampirisée par l’industrie pétrochimique toute proche », commente un responsable syndical, cité par le journal.
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