En Flandre, l’affaire de sexting qui défraie la chronique
Depuis une dizaine de jours, la Flandre est en proie à une affaire de sexting. Des images à caractère sexuel d’au moins trois BV (Flamands connus) circulent sur les réseaux sociaux. Plusieurs experts en droit pénal rappellent que la diffusion non consentie d’images intimes est passible de cinq ans de prison.
À en croire plusieurs médias flamands, les trois hommes concernés, l’acteur et chanteur Stan Van Samang, le présentateur Peter Van de Veire et le musicien et présentateur Sean Dhondt, pourraient être victimes de catfishing, une pratique qui consiste à créer un faux profil sur les réseaux sociaux pour piéger une victime dans le but de lui arracher des images intimes. Les images, censées rester dans la sphère privée, ont ensuite été diffusées massivement sur WhatsApp.
Stan Van Samang a annoncé qu’il avait porté plainte. « Le président du tribunal de première instance néerlandophone de Bruxelles a interdit à quiconque de distribuer ou de stocker ces images », ont rapporté les avocats du chanteur. « Le juge a également ordonné à toutes les entreprises technologiques de retirer ces images de leur infrastructure et de les rendre inaccessibles, sous peine d’une amende de 10 000 euros ».
Cible de la haine
Peter Van de Veire et Sean Dhondt ont tous deux témoigné des ravages psychologiques de cette atteinte à leur vie privée. « Vous devenez soudain la cible perverse du ridicule et de la haine », a ainsi déclaré Peter Van de Veire, sur les ondes de la chaîne de radio MNM. « Imaginez : vous allez faire des courses avec votre fils, les gens vous reconnaissent et commencent à faire des gestes obscènes, à rire bruyamment. Devant votre fils ».
« Je ne vais pas mentir : l’impact de cette situation sur moi-même et sur mon entourage le plus proche, les personnes que j’aime le plus, est énorme. La manière dont ma vie privée, et celle des autres, a été violée est carrément infâme », a également déclaré Sean Dhondt sur QMusic.
« Ils n’ont rien fait de mal »
Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes estiment que les victimes sont responsables de ce qui leur est arrivé, « qu’elles n’avaient qu’à pas envoyer d’images explicites ».Une accusation que rejette fermement Catherine Van de Heyning, avocate et professeure de droit pénal, spécialisée en cybercriminalité. « Leur témoignage (NDLR : des trois BV) est très puissant et peut aider d’autres victimes, plus anonymes, à surmonter ce qui leur est arrivé. L’essentiel, c’est qu’ils réalisent qu’ils n’ont rien fait de mal », déclare-t-elle au quotidien Gazet van Antwerpen.
« Presque toutes les victimes se font des reproches et sont convaincues qu’elles sont coupables. J’ai entendu l’avocat de Stan Van Samang dire qu’il avait ‘commis une erreur dans le cadre d’une relation de confiance’. J’estime que non, car Stan Van Samang a le droit de faire confiance à quelqu’un. La faute incombe à la personne qui a mis les images sur les réseaux sociaux et aux autres qui les ont partagées ».
« Transmettre les images à une tierce personne est tout sauf innocent », met également en garde l’avocat John Maes, expert en droit pénal. « Il y a même des peines de prison allant jusqu’à cinq ans. Il vaut donc mieux y réfléchir à deux fois avant d’envoyer les images à un ami ou une amie ».
Une sexualité normale
Le Conseil des femmes flamand (Vrouwenraad) rappelle également qu’à l’ère du numérique, le sexting fait partie d’une sexualité normale. Il espère que l’affaire aura tout de même un effet positif sur la société. « Brisons le tabou autour du sexting, normalisons-le, condamnons unanimement la diffusion des images et espérons que la prise de conscience s’impose enfin qu’il est destructeur et de surcroît illégal de diffuser des images intimes de manière non consentie », déclare-t-il au quotidien DE Morgen.
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