Rik Van Cauwelaert © Isopix

Élections anticipées : « Je ne réserverais pas de voyage en février ou mars »

Tex Van berlaer Collaborateur Knack.be

La piste bourguignonne a-t-elle des chances de réussir ? Non, estime le journaliste politique flamand Rik Van Cauwelaert. Même l’arc-en-ciel devient difficile. « Alexander De Croo convient mieux pour le poste de Premier ministre que Gwendolyn Rutten. »

Le week-end dernier, les négociateurs de la N-VA et du PS se sont réunis à l’invitation des informateurs Joachim Coens (CD&V) et Georges-Louis Bouchez (MR). Cette semaine, plusieurs réunions sont de nouveau prévues. Objectif : voir si la piste bourguignonne est encore viable.

Rik Van Cauwelaert, commentateur pour le quotidien financier De Tijd, ne donne aucune chance à la tentative de réanimation. « Aucun des deux partis n’est prêt à abandonner son programme. Après tout ce qui a été dit le week-end dernier par Bart De Wever (N-VA) et Paul Magnette (PS), je ne vois pas ce qui pourrait encore arriver ».

Alors, qui constatera le décès de la Bourguignonne?

Rik Van Cauwelaert : C’est la tâche des informateurs. Ils fournissent de sérieux efforts pour rapprocher la N-VA et le PS. Leur tâche est d’aller au Palais à la fin et de dire: ‘Sire, ça ne va pas’.

L’arc-en-ciel alors?

Il faudra bien. Herman Van Rompuy (CD&V) a également déclaré le week-end dernier au Zondag : l’arc-en-ciel a une majorité. Que d’un seul siège, mais le quatrième gouvernement flamand de Luc Van den Brande (1995-1999) avait également cette majorité. Quoi qu’il en soit, les libéraux semblent unanimes à l’idée d’entrer dans un gouvernement, quelle que soit sa couleur.

Qu’en est-il du CD&V ?

Ce n’est pas un hasard si le Palais a envoyé le CD&V sur le terrain sous la forme de l’informateur Coens. Le roi met beaucoup de pression sur les démocrates-chrétiens pour qu’ils participent. Mais ils ne sont guère enthousiastes. Pourquoi ne rejoindraient-ils pas l’opposition ? En tant que parti, il faut oser regarder l’électeur en face. Notez que le CD&V est aussi le seul parti traditionnel à accorder encore un peu d’attention au communautaire. Je n’ai pas l’impression que le président de sp.a, Conner Rousseau, a beaucoup étudié la loi de financement ou les dernières réformes de l’État.

On murmure que le parti changera d’avis si Koen Geens devient Premier ministre.

Aujourd’hui, le poste de Premier ministre n’est pas un cadeau. Il devra expliquer que nous sommes confrontés à un tsunami de taxes et de charges. On voit que les économies réalisées par le gouvernement flamand passent également mal. Qu’est-ce que ce sera pour le gouvernement fédéral? Surtout que maintenant il s’avère que l’Union européenne ne sera pas si tolérante à l’égard des mauvais chiffres du budget belge. C’est pourtant ce que l’on espérait au départ.

Alors, les clés du Seize seront pour Gwendolyn Rutten (Open VLD).

Tout le monde la regarde, mais au fond, Alexander De Croo convient mieux. Il porte la mémoire de son père avec lui. La famille De Croo a des contacts du côté francophone. Pour Rutten, ce serait mieux de ne pas le faire. Elle n’est pas très bien sortie de l’épisode précédent et s’est trop impliquée dans le jeu autour de la fonction de Premier ministre. Même si les médias ont également exagéré la manière de rapporter les faits.

Je pense que le dernier sondage fait réfléchir les partis flamands. On voit d’ores et déjà que l’Open VLD adoucit le ton à propos de l’arc-en-ciel. Le PS a également examiné le sondage de près. Il constate également que la PTB ne recule pas. Paul Magnette a bien joué son rôle d’informateur. Il est sorti quasiment nimbé d’une aura présidentielle. Il est clair qu’il a travaillé en vue d’éventuelles élections anticipées.

Pensez-vous qu’on aille vers un nouveau scrutin ?

Je le dis depuis le 26 mai. L’époque où le CVP et le PS étaient les plus grands partis du pays et parvenaient à s’entendre est révolue. J’essaie d’expliquer encore et encore aux francophones que le pire n’est pas la montée du Vlaams Belang, mais le ratatinement total des partis traditionnels.

Selon les observateurs, de nouvelles élections donneront lieu à un référendum sur l’avenir de la Belgique.

Il est temps que des gens intelligents réfléchissent ensemble à l’avenir du pays. Nous procédons actuellement à des réformes de l’État parce qu’il y a un problème, mais on ne peut continuer ainsi. À long terme, la constitution deviendra un énorme mécano d’articles rapiécés. Pour l’instant, je ne vois rien qui indique une majorité viable – sauf un exercice kamikaze des deux côtés. Je ne réserverais donc pas de voyage en février ou en mars.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire