Efficacité après la première dose, délais, immunité totale: mode d’emploi des vaccins Covid
Pfizer, Moderna, AstraZeneca et Johnson… Après une première dose de ces vaccins, à quel point est-on immunisé? L’est-on totalement? Quand prendre la deuxième dose? Avec 4 millions de personnes déjà vaccinés contre le coronavirus en Belgique, autant de questions qui méritent un éclairage.
Quatre vaccins contre la Covid sont administrés en Belgique: Pfizer/BioNTech, Moderna, AstraZeneca et Johnson & Johnson. Les deux premiers, conçus sous la technologie de l’ARN messager, ne contiennent pas d’agent infectieux. Similaire à une forme de code informatique du virus, cet ARN permet à l’organisme de se défendre lui-même. Après avoir reçu l’injection, le corps commence à produire les protéines clés du virus. En réaction, les cellules immunitaires s’activent pour former un bouclier anti-coronavirus: les anticorps. En cas d’infection, le corps se souviendra de ces protéines, relancera la production d’anticorps et activera les cellules destructrices nécessaires pour se protéger du coronavirus. De son côté, l’AstraZeneca et le Johnson & Johnson utilisent une technologie plus classique, à vecteur viral. Un virus différent de la Covid-19 et inoffensif est injecté pour véhiculer le « code » du virus responsable de la maladie à l’organisme.
Immunité naturelle et première dose
Les personnes qui ont déjà été en contact avec le coronavirus développent une forme d’immunité. C’est ce qu’explique Christian Massot, médecin épidémiologiste à l’Observatoire de la santé du Hainaut. Il précise cependant que ce « bouclier » s’affaiblit avec le temps et ne garantit pas l’absence d’une seconde contamination.
Selon la revue Science, une injection unique faite à des personnes qui ont déjà contracté la Covid-19, aurait donc un effet de « rappel ». Elle permettrait d’augmenter le taux d’anticorps et d’améliorer leur efficacité face à la neutralisation des variants anglais et sud-africain. Ainsi, une personne guérie du coronavirus recevant une première dose du vaccin Pfizer serait mieux protégée que quelqu’un qui n’a jamais attrapé la maladie. La deuxième dose aurait, ensuite, un effet limité.
Christian Massot précise encore qu’un délai de quinze jours est indispensable entre la fin de la contamination et la vaccination.
Deux doses obligatoires pour une efficacité totale
Le seul laboratoire qui propose une injection unique est Johnson & Johnson, le vaccin le moins administré en Belgique. Les trois autres vaccins disponibles en Belgique imposent deux doses pour une efficacité estimée à plus de 95% pour Pfizer et Moderna, 70% pour l’AstraZeneca et 66% pour une dose d’AstraZeneca ou Johnson & Johnson. Par « efficacité », Christian Massot entend une réduction de la possibilité de développer les formes modérées à sévères de la maladie.
« La première dose diminue les risques d’hospitalisation, mais n’empêche pas une infection », précise le médecin. Le risque est de contaminer les non-vaccinés, qui eux peuvent tomber malade. La deuxième dose permet « d’atteindre les pourcentages de protection optimaux du vaccin ».
Pfizer, Moderna, AstraZeneca : différents délais à respecter
Selon le vaccin, Christian Massot préconise des délais d’attentes différents entre les deux injections. Trois semaines pour Pfizer, quatre pour Moderna et douze semaines pour l’AstraZeneca. Après cette seconde dose, il est nécessaire de laisser s’écouler quinze jours pour s’assurer une immunité optimale. Même si la probabilité est faible, le risque zéro n’existe pas. Une étude du New England Journal of Medicine indique un risque d’être positif après vaccination situé entre 0,97 et 1,19%.
Protection partielle 15 jours après la première injection
Selon une autre étudie publiée le 28 avril par l’agence Public Health England, un individu serait déjà partiellement protégé dans les 14 jours après la première injection. Christian Massot corrobore ces résultats. « On observe une augmentation de la protection dans les 15 jours qui suivent la première injection et la deuxième dose la développe encore plus », dit-il.
Grâce au vaccin AstraZeneca, le taux d’anticorps passerait de 22% la troisième semaine, à 73% la sixième semaine (étude disponible sur la plateforme MedRxiv). L’efficacité du vaccin ARN Pfizer augmente, elle aussi, au fil des semaines, mais diminue à partir de la sixième. Le niveau de protection du vaccin se développant progressivement, la deuxième dose est impérative pour une bonne protection. « Pour avoir l’immunité totale, il faut recevoir les deux doses, si vous n’en faites qu’une seule, autant ne pas faire le vaccin du tout » prévient un employé du centre de vaccination de Molenbeek.
Le vaccin Johnson & Johnson en une dose est efficace à 66%, ce qui est « assez limité » indique Christian Massot. Il peut être pratique pour les territoires avec des populations difficilement atteignables, par exemple.
Un profil, un vaccin
Une fois inscrites sur Internet, les personnes actuellement éligibles à la vaccination reçoivent une seule invitation pour les deux doses. Le vaccin administré dépendra du profil de l’individu, notamment de son âge. L’âge est défini selon une balance bénéfice-risque.
Christian Massot admet que certains candidats au vaccin sont réticents face aux potentiels effets secondaires liés à la vaccination. La publicité « négative » faite à l’AstraZeneca peut avoir accentué certaines appréhensions, regrette le médecin. « Si l’on est dans un pays où le virus circule beaucoup, le risque d’hospitalisation lié au virus ou à des effets secondaires est plus élevé, explique-t-il. Prendre le risque de se faire vacciner est donc préférable. Dans le cas d’un pays à faible circulation du virus, le risque est moindre et les inconvénients du vaccin sont plus importants que ses avantages ».
Les éléments de thrombose sont des éléments beaucoup plus rares que les risques liés au coronavirus. Plus une personne est âgée, moins elle aura de risque de développer une thrombose. Le médecin épidémiologiste insiste sur la nécessité d’une vaccination généralisée pour faire diminuer la circulation du virus.
Combien de temps de protection après vaccination ?
Selon une étude de l’université britannique d’Oxford et des hôpitaux universitaires d’Oxford de 2020, les anticorps qui nous protègent contre la maladie persistent au moins 6 mois après une vaccination complète. Au-delà, la durée exacte de protection apportée par le vaccin n’a pas encore été établie. Les premiers essais cliniques datent de l’été 2020, donc pour savoir ce qu’il en sera dans la durée, « il faudra attendre et voir sur le long terme », conclu l’épidémiologiste.
Anaëlle Lucina
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