Droit de manifester: le CNS mis sous pression
Le Conseil national de sécurité qui doit se réunir ce mercredi libérera-t-il le droit à l’action collective, confiné depuis des mois ? Les organisations syndicales et plusieurs associations mettent la pression dans un courrier.
La CSC, la FGTB, le MOC, PAC, le Rassemblement Wallon de lutte contre la pauvreté, La Ligue des droits humains, francophone et flamande, et l’ONG Défense des enfants International, ont en tous cas envoyé un courrier réclamant ce déconfinement le mercredi 17 juin dernier à tous les décideurs politiques du pays, Première ministre, ministres-présidents, vice-Premiers et présidents des dix partis qui soutiennent l’exécutif.
« Durant des mois, nous, responsables de lieux culturels et socioculturels, artistes, animateurs de mouvements d’éducation permanente ou d’action collective, avons dû accepter de mettre en sommeil tous les lieux et rassemblements qui rendent possibles nos missions sociales, émancipatrices, démocratiques ou culturelles, peut-on lire dans ce courrier que Le Vif/L’Express a consulté. « (…) En tout temps, mais plus encore face à un vaste événement traumatique comme la pandémie qui nous frappe, l’échange, l’expression culturelle, la rencontre et la délibération, et la manifestation publique des intérêts et des convictions sont indispensables à la vie en commun. Pour voir et juger correctement, nous avons besoin d’artistes, de culture, de débats, d’espaces de paroles et de rassemblements publics. Pour défendre les droits fondamentaux et une démocratie consistante, nous avons besoin de nous rassembler pour échanger et débattre, comprendre et juger ensemble, et agir, manifester au besoin pour nous faire entendre. »
Or, déplorent les signataires, à l’heure actuelle, tout est déconfiné, « sauf l’expression publique de nos droits fondamentaux, et les possibilités d’être et d’agir ensemble ».
Les organisations syndicales et les autres organisations qui soutiennent ce courrier réclament donc que le gouvernement rouvre sans délai « ces lieux et ces droits ».
« Nous ne comprendrions pas – et nous n’accepterons pas – que le prochain CNS n’autorise pas, pour les débats et les formations de l’éducation permanente, pour les ateliers divers avec adultes et enfants, pour l’exercice pacifique du droit de rassemblement public, au moins autant que ce qui est autorisé depuis des semaines déjà pour les commerces non-alimentaires et certains secteurs relevant des régions. (…) Il n’est pas imaginable que ce qui est permis dans les centres commerciaux ou à la rue Neuve soit interdit pour l’exercice des droits constitutionnels les plus fondamentaux. »
Pour autant, précisent les expéditeurs de ce courrier, que les organisateurs assurent, avec toute la prudence requise, la sécurité des travailleurs de ces secteurs et du public ou des participants concernés. « Nous rappelons que l’action collective (y compris le droit à manifester dans l’espace public), et la liberté d’association et de réunion publique sont des principes fondamentaux qui ont été l’objet de limitations exceptionnelles et provisoires, et que ces limitations doivent prendre fin. Au-delà des indications générales demandées aux citoyens partout (distances sociales, hygiène, masques …), aucune limitation n’est acceptable. »
Rendez-vous à l’issue du Conseil National de sécurité pour voir quelles suites sont réservées à ce courrier, resté à ce jour sans réponse.
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