Drame au carnaval de Strépy: ce que l’on sait des occupants de la voiture qui a tué 6 personnes et fait 10 blessés graves
Le conducteur et le passager du véhicule qui a heurté un groupe de gilles et leurs proches, dimanche matin, au premier jour du carnaval de Strépy-Bracquegnies, dans l’entité de La Louvière, ont pu être auditionnés, a indiqué dimanche en fin d’après-midi le chef de corps de la zone de police de La Louvière, Eddy Maillet.
Selon le dernier bilan officiel communiqué par les autorités, 6 personnes ont perdu la vie dans ce drame ; 10 ont été grièvement blessées et 27 autres plus légèrement.
Ce que l’on sait des faits et de leurs auteurs, dimanche en fin d’après-midi
Il était 5h10 quand les premiers appels sont enregistrés par la police. Ils font état de nombreux blessés dans la rue des Canadiens, à Strépy-Bracquegnies, où une BMW noire vient de heurter à vive allure des membres de la société folklorique les « Boute en Train ».
Deux voitures de police se rendent sur place. Une troisième retrouve les auteurs de la tragédie. Ils sont stationnés dans une rue adjacente, à plusieurs centaines de mètres des premiers impacts. Le conducteur et son passager attendent à côté de la voiture dont le pare-brise a volé en éclats. Ils sont interpellés.
« Les deux personnes interpellées rentraient d’un dancing et avaient déposé une autre personne juste avant les faits » a indiqué à la RTBF le Procureur du Roi de Mons, Christian Henry, dimanche en début de soirée. Il a également indiqué que des analyses sanguines étaient en cours, les résultats sont attendus lundi. « Les analyses sanguines permettront de dire s’ils ont consommé de la drogue. Les faits ont été qualifiés de meurtre mais on verra ce que l’enquête révélera et si on doit requalifier la chose en homicide involontaire« .
Le Procureur du Roi ajouté que des perquisitions avaient eu lieu chez les deux personnes interpellées dans le courant de la journée « pour comprendre si des éléments pouvaient expliquer les faits. »
Par ailleurs, selon le magistrat presse du Parquet de Mons, les deux personnes devraient être présentées devant la Juge d’instruction lundi dans le courant de l’après-midi.
Il a confirmé que « rien ne va dans le sens d’un radicalisme ou d’un extrémisme quelconque«
« On a tout fait dans les règles de l’art en respectant un certain délai avant de les auditionner pour que se dissipent les effets de la drogue ou de l’alcool qu’ils auraient éventuellement consommé », a expliqué le chef de corps de la zone de police de La Louvière, Eddy Maillet..
« Il est impossible de dire à l’heure actuelle si le véhicule a freiné ou pas. Nous avons des dizaines de témoins à entendre et de données à analyser, notamment en provenance de la voiture et du drone qui a survolé la scène », a poursuivi Eddy Maillet. Les corps des victimes seront également autopsiés « afin de ne rien laisser au hasard ».
Pour le reste, « l’enquête est en cours », a-t-il encore indiqué. Une conférence de presse du parquet devrait avoir lieu lundi matin.
Dans la matinée, le bourgmestre de La Louvière, visiblement très ému, a évoqué « une catastrophe » dans le cadre « du premier carnaval d’après le confinement ». « Le carnaval commençait par le ramassage des Gilles », a expliqué Jacques Gobert. « Le groupe, gilles et accompagnants, était constitué de 150 à 200 personnes quand ils sont sortis de la salle omnisports de Strépy. Au moment où le groupe a bifurqué dans la rue des Canadiens, une voiture venant de l’arrière à grande vitesse a littéralement pulvérisé un nombre important de personnes. Le conducteur a ensuite poursuivi sa route, mais nous l’avons intercepté », a indiqué le bourgmestre.
« On déplore six décès, 26 blessés à des stades divers et 10 personnes dont les jours sont en danger », a indiqué pour sa part le substitut Damien Verheyen au cours de la conférence de presse de 11h ce dimanche . Cinq véhicules SMUR ont été envoyés sur les lieux et 16 ambulances ont transporté les victimes vers les hôpitaux de la région. Un poste médical a également été établi dans un home à proximité.
Avant 11h, on savait que les deux personnes qui occupaient la voiture étaient toutes deux originaires de La Louvière, et nées en 1978 et 1980. Mais aussi qu’elles n’étaient pas connues des services de police pour des faits similaires. Une juge d’instruction a été saisie du chef de meurtre.
Dimanche matin, la piste terroriste n’était pas privilégiée.
La Ville de La Louvière a dès l’aube déclenché le Plan d’urgence communal (PUIC). « Nous avons mis la salle de sport communale à disposition des familles et le service d’assistance aux victimes a également été activé », précise Jacques Gobert.
Le bourgmestre de La Louvière a très rapidement invité les sociétés folkloriques à arrêter le carnaval de Strépy-Bracquegnies qui devait se dérouler ce dimanche: « Elles ont bien compris le sens de notre demande. A 11h00, il devait y avoir un rondeau dans le coeur du village. Il se tiendra, mais il sera sobre. A l’issue de ce rondeau, les festivités cesseront. » « Les moments officiels, notamment la remise des médailles et les feux d’artifice, prévus ce dimanche sont également annulés » a-t-il précisé dans la matinée.
Visite du roi Philippe et des ministres
Sur le coup de 16h00, le roi Philippe et sa fille, la princesse Élisabeth sont arrivés au hall sportif pour une réunion de travail avec les services de secours et les responsables locaux. Ils étaient notamment accompagnés du Premier ministre Alexander De Croo, de la ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden, du ministre-président wallon Elio Di Rupo, de la ministre wallonne de la Santé, Christie Morreale, du secrétaire d’État Thomas Dermine, du gouverneur du Hainaut Tommy Leclerq et du bourgmestre de La Louvière, Jacques Gobert.
La rencontre a duré une heure. « C’aurait dû être un jour de fête après une période difficile. Il s’est transformé en jour de deuil », a déclaré le Premier ministre à l’issue de celle-ci. « Nous sommes tous avec la famille et avec les proches des victimes. Nous voulons aussi remercier les services de secours qui ont fait tout leur possible », a ajouté Alexander De Croo devant un parterre de journalistes belges mais aussi étrangers.
À Stépry, la liesse a fait place à la tristesse et à la sidération
Il était aux alentours de 5 heures du matin en ce dimanche de carnaval, le premier de la région du Centre depuis le début de la crise sanitaire. Le soleil n’était pas encore levé mais les rues bruissaient déjà du bruit des tambours et des apertintailles – ces clochettes que les gilles portent à la taille.
C’était l’heure du ramassage, ce moment de la journée féérique pendant lequel les sociétés passent de maisons en maisons pour « ramasser » leurs membres. Une petite coupe de champagne, un biscuit et on passe à la maison suivante dans un joyeux brouhaha, le cortège gonflant au fil des arrêts.
Partis vers 4 heures du matin, les « Boute en Train », eux, s’étaient déjà regroupés au hall sportif du village. De là, ils avaient descendu la rue avant de bifurquer pour passer devant le home tout proche, situé dans la rue des Canadiens.
C’est là qu’une voiture folle a heurté le groupe à vive allure. Selon le dernier bilan officiel communiqué par les autorités, 6 personnes ont perdu la vie et dix autres ont été grièvement blessées. Vingt-sept personnes ont également été touchées plus légèrement. Des enfants, des cousins, des amis, une employée communale, un steward du club de foot de La Louvière.
À Strépy-Bracquegnies, le carnaval – qui compte une petite centaine de gilles – réunit tout le village et tout le monde se connaît. « Je n’habite plus ici depuis plusieurs années mais je reviens pour le carnaval. Surtout cette année après deux ans de covid. On aurait dû faire la fête », confie une dame attendant l’arrivée du roi au hall sportif dimanche après-midi.
« Un gille a essayé de retenir la voiture mais il n’a évidemment pas pu. Il a volé au-dessus du véhicule et a été tué », raconte une autre tandis que sa voisine s’inquiète pour le fils de sa cousine et sa compagne, tous deux sérieusement blessés.
Peu avant 18h00, il ne restait plus que quelques badauds dans les rues de Strépy. Pas un ne comprend comment ce drame a pu arriver ici, dans ce village qui aurait dû vivre au rythme de la fête retrouvée et qui a basculé dans l’horreur en quelques minutes. Un enfant pleure dans les bras de son père. À une fenêtre, un masque et des confettis ornent une pancarte rédigée à la main : « Vive le carnaval ».
Les réactions des politiques
Ce drame a aussi suscité une vive émotion dans le monde politique. Ceux-ci ont exprimé leur soutien sur Twitter.
Horrible nouvelle depuis Strépy-Bracquegnies. Une communauté qui se rassemblait pour faire la fête a été frappée en plein coeur.
Mes pensées vont aux victimes et leurs proches. Tout mon soutien va aussi aux services d’urgence pour leur aide et l’assistance apportées.
— Alexander De Croo (@alexanderdecroo) March 20, 2022
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« Horrible nouvelle depuis Strépy-Bracquegnies. Une communauté qui se rassemblait pour faire la fête a été frappée en plein coeur », réagit le Premier ministre Alexander De Croo. « Mes pensées vont aux victimes et leurs proches. Tout mon soutien va aussi aux services d’urgence pour leur aide et l’assistance apportées. »
La ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden (CD&V) a exprimé dimanche matin toute sa sympathie et son soutien aux familles des victimes.
« Effroi et tristesse à l’annonce du drame qui s’est déroulé au carnaval de Strépy-Bracquegnies. En pensée avec les familles et les proches des victimes », ajoute la vice-Première MR Sophie Wilmès.
« Un moment festif qui tourne au cauchemar au carnaval de Strépy. Toutes mes condoléances vont aux familles des victimes. Nous sommes tous avec eux », déclare le vice-Premier PS Pierre-Yves Dermagne.
« En pensées solidaires et émues ce matin avec les familles, amies et amis des victimes du drame horrible de Strépy-Bracquegnies », écrit le vice-Premier Ecolo Georges Gilkinet.
« C’est le coeur très lourd que je découvre les nouvelles de Strepy Bracquegnies ce matin », ajoute le ministre-président wallon Elio Di Rupo, originaire de la région du Centre.
« Mes pensées les plus émues vont aux personnes décédées, aux familles touchées et aux blessés. Cette journée devait être un moment de retrouvaille et de fête après tant de mois difficiles. »
La ministre de la Défense Ludivine Dedonder : « J’adresse toutes mes pensées et mon soutien à toutes les personnes touchées par ce drame. »
« Terrible drame à Strépy. Nos premières pensées vont vers les familles et les amis des victimes ainsi que les blessés », a tweeté le président du MR Georges-Louis Bouchez.
« Un drame horrible qui nous touche tous », estime le président des Engagés (ex-cdH) Maxime Prévot. « Toute ma solidarité au bourgmestre de La Louvière Jacques Gobert », ajoute-t-il.
Selon le président de DéFI François De Smet, il est « trop tôt pour comprendre la nature du drame survenu ce matin à Strépy, si ce n’est un bilan humain terrible… Nos pensées avec les victimes et leurs proches. »
La ville de La Louvière avait officiellement lancé sa période de carnaval au début du mois de mars après le passage en code jaune du baromètre sanitaire. Les festivités carnavalesques n’avaient pas eu lieu en 2020 et 2021 en raison de la crise sanitaire.
Le carnaval de Strépy-Bracquegnies devait commencer le 20 mars et se poursuivre les 21 et 22 mars. Dimanche, tôt dans la matinée, on procédait au traditionnel « ramassage » des gilles au cours duquel les différentes sociétés se forment au fil du passage des participants de maison en maison dans une ambiance traditionnellement chaleureuse qui a tourné au drame, dimanche matin, à Strépy.
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