Carte blanche

Développement du territoire de la Région bruxelloise: verdir ou construire, pourquoi choisir ? (carte blanche)

PAD Josaphat, Dames blanches, Chant des Cailles et autres projets qui sont rejetés par les riverains… « Entre ceux qui souhaitent construire des logements sociaux à tout va et ceux qui veulent le maintien d’espaces naturels en l’état, il faut un juste milieu », estime la députée DéFI Marie Nagy. « La Région bruxelloise doit tenir ses promesses pour les ménages à revenus modestes et moyens, mais également se préparer aux défis climatiques qui l’attendent. Elle doit donc réussir ses réformes. »

Manque de logements, densité, coûts du logement… une réalité bruxelloise parfois effrayante

Au-delà du choc des idéologies, nous devons faire preuve de pragmatisme, de créativité et de solidarité au nom du bien commun. Et nous devons regarder une réalité parfois effrayante les yeux dans les yeux.

En matière d’offre de logements sociaux et moyens abordables et d’espaces verts en ville, la Région bruxelloise est en situation délicate. La construction des logements sociaux doit être complétée par l’élargissement de formules telles que l’allocation loyer et le recours à des AIS (Agences immobilières sociales). Dans notre Région, 55.000 ménages attendent un logement social alors que l’offre n’a augmenté que de 1.361 unités depuis 2000. Le revenu moyen par habitant a chuté de 23,4% depuis 1989, et depuis plus de vingt ans nous connaissons un décrochage manifeste entre les prix de l’immobilier et les revenus moyen et médian des Bruxellois. Nous avons aussi connu une poussée démographique, et l’offre de logements ne suit pas la demande. Chaque année on peut estimer le déficit à quelque 3.000 logements par rapport à l’augmentation de la population. Conséquence : vivre en Région bruxelloise devient impayable pour beaucoup de ménages qui partent vers les deux autres Régions.

Notre Région doit donc faire les (bons) choix, et construire ou autoriser des logements de qualité abordables notamment pour les jeunes ménages. Bon gré mal gré, il faudra sans doute en passer par une densification raisonnée dans « la seconde couronne ». Les communes de la première couronne sont trop densément peuplées, il n’y a presque plus de place pour y construire du neuf et nous devons travailler, ensemble et dans la concertation, à une plus grande mixité sociale. Bien sûr, à côté de ces nouvelles constructions, la Région et les communes doivent renforcer la lutte contre les logements vides ou à l’abandon et examiner les réaffectations possibles des bureaux convertibles en logements.

Construire en appliquant les principes d’un urbanisme durable, telle que prévu dans le référentiel « Quartiers durables » de Bruxelles Environnement, et en respectant les espaces verts, c’est préparer le futur

Construire, ça ne veut pas dire bétonner à tout va et détruire le patrimoine historique. Préservons et créons des espaces verts dans nos communes. Veillons au respect de la biodiversité et renonçons aux mirages d’une architecture « iconique » hors de prix.

Comme dans toutes les grandes villes du monde, les enfants et les adultes qui vivent en Région bruxelloise aspirent à se promener, à jouer, à flâner, à se ressourcer, à observer, à apprendre, à s’étonner… dans des lieux verts de qualité.

En adoptant une stratégie urbaine conciliant construction de logements de qualité et espaces verts, notre futur sera plus vivable. Les phénomènes climatiques actuels (inondations, pics de chaleur et canicules, incendies, risques sanitaires…) doivent nous pousser à construire et à verdir ! D’autres grandes villes choisissent un urbanisme plus compact avec des immeubles de 6 à 10 étages, verdurisent leurs façades et leurs toits, transforment en tout ou partie des friches en parcs, maîtrisent les vents pour créer de la fraîcheur, filtrent les rayons du soleil, déploient des ombrières photovoltaïques…

Le gouvernement bruxellois doit réussir ses réformes

Pour améliorer la gouvernance et préparer le futur développement territorial bruxellois, le gouvernement bruxellois révise le PRAS, le CoBAT, le RRU… Il doit consulter et écouter tous les acteurs intéressés à ces réformes : communes, administrations, citoyens, associations, ordres, syndicats, chercheurs, secteurs du patrimoine… Il doit aussi clarifier, expliquer et concerter au sujet des (dé-)densifications qu’il projette. Il doit à tout prix stopper l’exode des ménages à revenus modestes et moyens.

Le gouvernement bruxellois doit réussir ses réformes. Il y va du maintien des jeunes ménages et des ménages à revenus moyens et faibles dans notre Région. Il y va de l’avenir de notre Région.

Par Marie Nagy, députée DéFI

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