Carte blanche
Des valeurs et des actes : appel aux démocrates de tous horizons
Les femmes et les hommes politiques de gauche comme de droite, les démocrates de coeur et d’action, ont le devoir d’oeuvrer pour le bien commun, dans un souci de bonne gouvernance et de cohésion sociale renouvelée.
La discorde – porteuse de violence – n’est jamais de bon augure pour la démocratie. Les plus fragiles paient toujours le prix fort de la démesure et de l’inconstance de leurs gouvernants. En Belgique, en Europe, comme ailleurs, nous avons l’impérieux devoir d’agir pour que la lumière du progrès et celle de la justice ne s’éteignent pas. Il s’agit là d’une exigence politique qui, de beaucoup, dépasse nos appartenances partisanes.
D’aucuns, par cynisme ou par opportunisme, se réjouissent de la colère qui gronde : ils espèrent en tirer parti. En tant que démocrates, nous devons lutter contre les ambitions dérisoires de ceux qui prétendent vouloir tout changer pour que, finalement, rien ne change. Les imposteurs existent, les donneurs de leçons aussi. Face à l’indécence des uns, face à l’hypocrisie des autres, nous réaffirmons ici notre attachement au dialogue et au respect de la parole donnée ; au vivre-ensemble et aux actes qui le nourrissent. Face aux coups médiatiques et au bal des égos, nous opposons le temps long de l’engagement et celui des réformes.
Nous refusons de céder à la panique décrétée par certains pour exister politiquement. Sans vision ni projet, l’urgence à laquelle ils appellent est mauvaise conseillère. Elle fait le jeu des populistes, des démagogues et de tous les extrêmes. Elle attise les peurs. Elle renforce un peu plus la défiance citoyenne. Contre la force érigée en culte, contre le mépris des urnes, nous défendons la valeur supérieure de l’écoute, de l’échange et du respect des majorités comme des minorités. Tels sont les outils dont nous disposons pour bâtir des sociétés meilleures et plus éclairées ; pour répondre aux inquiétudes concrètes des citoyens. Il n’en est pas d’autres. Ces outils, seuls, sont à même d’enrayer la logique du pire et celle du chaos.
En même temps, force est de reconnaître qu’aujourd’hui plus qu’hier les discours politiques ont du mal à porter, à persuader. Devenus largement inaudibles, ces derniers peinent à se démarquer de tous ceux qui ont manqué à leur parole autant qu’à nos valeurs. À gauche comme à droite, la méfiance ou encore le rejet sont notre lot commun. L’indifférence, quant à elle, n’a jamais été aussi forte surtout parmi les jeunes.
À présent, il nous appartient de prendre la mesure d’un laisser-faire et d’un laisser-aller qui n’ont que trop duré. Nul ne saurait douter du besoin de changement et d’exemplarité. Des sanctions doivent être prises et des actes posés. Citoyennes et citoyens les réclament à bon droit. Mais il nous faut agir sans précipitation et avec respect. Cette tribune, du reste, ne cherche pas à quémander des voix ni à radoucir la juste colère de nos concitoyens. Nous comprenons leur désarroi et sommes désireux d’y répondre par-delà les clivages entre les partis. Il en va de la pérennité de notre être-ensemble, car les fossoyeurs de la démocratie n’attendent qu’une chose : la désunion de ceux ayant pour tâche de la défendre et d’en cultiver, chaque jour, les principes.
Sans fétiches ni tabous, nous aspirons à la refondation et au renouveau de la vie politique, mais souhaitons éviter que dans le clair-obscur ne surgissent les apprentis sorciers. À nos yeux, il convient donc de restaurer la confiance perdue en travaillant, sur la base de nos différences, à promouvoir les valeurs qui nous rapprochent et à fortifier le rôle de l’État par l’éducation à une citoyenneté responsable. En tout état de cause, la démocratie n’est pas seulement un état de fait. Elle est une bataille à livrer contre les obscurantismes d’ici et d’ailleurs ; contre les usurpateurs également. Le temps est venu de parler d’une même voix : celle de notre conscience et celle de la sagesse.
Malgré nos désaccords politiques, nous, démocrates de gauche comme de droite, avons le devoir de réaffirmer sans cesse notre attachement aux libertés acquises et aux droits obtenus de hautes luttes ; au principe de laïcité autant qu’à la diversité dont elle rend l’expression possible. Ensemble, nous devons soutenir, par notre action, les fondements d’une société respectueuse et solidaire où la fraternité prévaut.
La paix n’a pas de prix ! La confiance de nos concitoyens non plus !
André Flahaut, Ministre d’État (PS)
Stéphane Crusnière, Député fédéral (PS)
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