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Déconfinement: la ligne du temps des principales mesures

Olivier Mouton Journaliste

Le plan de déconfinement progressif à partir du 4 mai est annoncé, après plus de sept heures de travaux. Les commerces reprendront avant les écoles. Un volet social limité est annoncé. Des masques distribués.

Le Conseil national de sécurité, réuni depuis ce vendredi 14h30, a obtenu un accord après plus de sept heures de travaux! Le déconfinement progressif qui nous attend à partir du lundi 4 mai, se fera en plusieurs phases: l’industrie et les entreprises le 4 mai, les commerces le 11 mai et les écoles le 18 mai. D’ici là, rappelons-le, le confinement reste de mise – il est même crucial.

« Il est temps de regarder vers l’avenir, confirme Sophie Wilmès. Mais le Covid n’a pas disparu. Il est important que l’on respecte les mesures.  » Elle salue le personnel soignant, ceux qui ont pris du temps pour aider, ceux qui ont veillé à respecter les consignes. « Sans vous, tout ceci n’aurait pas été possible, merci. » Avant de présenter le plan.

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Déconfinement progressif, port du masque

« Nous pouvons donner des perspectives, pas des garanties », insiste Sophie Wilmès. L’équilibre est fragile, l’équation est difficile, rien n’est gravé dans le marbre, certainement pas les échéances. » Elle insiste sur le fait que les mesures prises étaient indispensables. « Le but est de veiller à éviter la saturation des services de santé. Nous voyons chaque matin que les hospitalisations diminuent. »

Le déconfinement progressif se fera en plusieurs phases, confirme Sophie Wilmès. « Le processus sera aussi évolutif en tenant compte de la situation sanitaire. Ce processus n’est pas non plus définitif, des retours en arrière sont possibles. Il s’agit de trouver un équilibre entre la santé, notre priorité depuis le début, mais aussi le bien-être des plus faibles, la vitalité de notre pays et prendre nos responsabilités pour nos enfants et l’enseignement. Cet équilibre doit être basé sur la réalité du terrain. » Elle remercie du fond du coeur les experts qui ont travaillé en plus de leur emploi.

Des mesures resteront de mise, dit-elle: le fait de limiter les contacts humains, la distanciation sociale, les mesures d’hygiène, la mise en quarantaine en cas de symptômes et le contact avec les médecins pour d’autres maladies.

Le port du masque sera obligatoire dans les transports en commun à partir du 4 mai à partir de l’âge de 12 ans. Cette obligation s’imposera dès l’entrée dans une gare, par exemple. Au travail aussi, le port du masque sera fortement recommandé quand la distanciation sociale n’est pas possible. Le gouvernement et les entités fédérées s’engagent à ce que chacun reçoive un masque et deux filtres par personne. « Je rappelle aussi qu’un masque n’est pas une protection en soi, rappelle-t-elle, il doit être utilisé de façon rigoureuse en plus des mesures d’hygiène. »

Le transport public reprendra progressivement d’ici au 4 mai.

Déconfinement: la ligne du temps des principales mesures
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Une lente reprise de l’économie

Le déconfinement est avancé avec une prudence extrême. La Première ministre l’a dit : des retours en arrière ne sont pas à exclure. Elle rappelle qu’un monitoring permanent aura lieu. Les experts évoquaient ceci pour la première phase: des nouvelles hospitalisations qui ne dépassent pas les 200 quotidiennes, une capacité journalière de 25000 tests et une société qui continuera à limiter au « strict minimum » les contacts entre humains.

La première phase concerne donc une reprise très partielle de l’économie. « Le travail, dit-elle, est toujours autorisé. Je dis cela parce que des activités se sont arrêtées alors que le Conseil national de sécurité ne l’avait pas recommandé. » La première phase devrait – la Première ministre précise « devrait » en fonction des conditions sanitaires – avoir lieu à partir du 4 mai. Certains secteurs non essentiels sont concernés comme la construction, l’industrie manufacturière, le commerce de gros ou les transports non aériens. Ainsi que des services des entreprises aux entreprises. Moyennant des protocoles stricts pour prévoir les conditions de cette reprise (distanciation sociale, masques…). Sept entreprises sur dix sont dans les starting-blocks et la ministre de l’Emploi, Nathalie Muylle (CD&V), a publié un Guide pour lutter contre la propagation du COVID-19 au travail, comme l’avait révélé Trends Tendances.

Seule exception au niveau des commerces: à cette date du 4 mai: les merceries pour la fabrication des masques.

Au niveau de la santé, la volonté est de reprendre peu à peu les soins. Au niveau de l’enseignement, rien ne change à cette date.

Un petit bol d’air social, pas de réunions privées à dix

Au niveau de la vie quotidienne, rien ne change, dit Sophie Wilmès. Si ce ne sont des petites évolutions. Cette première phase du 4 mai prévoit une reprise des sports qui peuvent être pratiqués à deux personnes. « Toujours à condition de respecter les distances de sécurité. » Il sera permis d’autres activités sportives à l’air libre, sans contact: tennis, athlétisme, pêche, kayak… L’accès aux douches communes ou la cafétaria reste interdit.

L’autre sujet qui a suscité des discussions, c’est la fameuse reprise des réunions privées en comité très restreint. Les experts avaient évoqué, sans trancher, des réunions de dix personnes. Il n’en est finalement pas question dans cette première phase.

Les commerces rouvrent le 11 mai

La deuxième phase commence le 11 mai: elle concerne les commerces qui pourront reprendre. « Les commerces de détail jouent un rôle important tant au niveau social qu’économique », insiste Sophie Wilmès. Des mesures seront discutées avec le secteur sur l’organisation du travail, l’accueil de clients.

Le débat d’actualité à la Chambre, jeudi, avait confirmé qu’en Flandre, les libéraux et les nationalistes insistaient sur une reprise plus large de l’activité économique. Le secteur des commerces, notamment, était désireux de reprendre plus largement, les magasins de vêtements en tête ou les librairies. Il s’agit aussi de mettre fin à la concurrence déloyale qui affecte les petits commerçants! La Première ministre avait annoncé son souci d’éviter cette concurrence déloyale. Voilà pourquoi la réouverture des commerces au sens large aura lieu le 11 mai. Toujours, bien sûr, sous respect strict des mesures de distanciation sociale.

Ce n’est pas ce que conseillaient les experts qui préconisaient une réouverture eu deux phases, les 4 mai et 18 mai. « Nous respectons le travail des experts, rétorque la Première ministre. Mais nous réorganisons la société de façon plus générale. Nous voulons une réouverture de tous les commerces ensemble. Parce que des personnes souffrent, des entrepreneurs veulent aller travailler et il s’agit d’éviter la discrimination. Tous doivent avoir la même chance de réussite, cela a souvent été annoncé au parlement. »

Un Conseil national de sécurité sera organisé pour déterminer les modalités de cette reprise des commerces et évaluer la situation.

L’organisation des compétitions sportives sera évaluée dans cette phase également.

Coiffeurs, réunions privées, misées, écoles en deuxième phase

La deuxième phase s’envisage à partir du 18 mai, sous réserve de l’évolution sanitaire. Pour les commerces, il s’envisagera de savoir si les commerces avec contacts physiques – les coiffeurs – pourront reprendre. L’Horeca reste fermé. « Nous savons que c’est difficile pour ce secteur. Nous resterons à leurs côtés. » L’ouverture des musées pourra s’envisager à ce moment-là, moyennant distanciation sociale.

Au niveau privé, les réunions privées seront envisagées à ce moment, à partir du 18 mai donc, de même que la possibilité d’avoir plus de personnes aux mariages ou aux enterrements. On envisagera aussi les déplacements privés à la Côte belge ou les Ardennes.

En ce qui concerne les écoles, la reprise est aussi annoncée à parti 18 mai, mais de façon partielle, avec une phase partielle le 15 mai. La Première ministre a donné la parole à ce sujet aux ministres-présidents.

« Les cours rependront de façon progressive », confirme le ministre-président francophone Pierre-Yves Jeholet (MR). Les maternelles restent suspendues, un maximum de trois années reprendront dans les primaires et secondaires, avec un nombre de jours limités par semaine. Une concertation aura lieu ce samedi au niveau de la Fédération Wallonie-Bruxelles. La priorité est donnée aux années diplômantes. Les écoles restent ouvertes pour l’accueil des enfants. Les déplacements sont considérés comme des éléments essentiels. L’hygiène et les masques sont de mise. Les repas froids seront organisés en classe, avec maximum de dix élèves par classe. Les écoles seront nettoyées régulièrement.

Une fronde des syndicats et des parents n’est pas à exclure. Joseph Thonon, secrétaire général de la CGSP, a déjà dit à la RTBF que les enseignants « ne rentreraient pas » si des doutes subsistent au niveau du nombre de masques, de l’hygiène dans les locaux… De nombreux parents disent aussi qu’ils ne mettront pas leurs enfants à l’école sans garanties suffisantes. Les gouvernements communautaires en sont conscients: ils devrait acheter massivement des masques et du gel.

Par ailleurs, en vue du 18 mai, un autre débat pourrait avoir lieu sur la proposition de rendre possible les fêtes organisées à moins de 50 personnes (mariages, enterrements…) ou les déplacements touristiques à la côte ou dans les Ardennes.

L’Horeca à partir du 8 juin

« La phase trois débutera le 8 juin », dit Sophie Wilmès. Il s’agira de la réouverture progressive des restaurants, avant les bars et cafés. « C’est une phase compliquée à élaborer. » Au plus tard fin mai, viendra une décision concernera les camps de jeunesse. La fête nationale du 21 juillet telle qu’elle se célèbre habituellement est compromise. « Mais on réfléchit à autre chose », dit la Première ministre.

Les festivals, eux, sont déjà annulés jusqu’au 31 août. Une réflexion aura lieu sur des activités en plein air de plus petite envergure.

Testing et tracking

Pour assurer le déconfinement, le testing sera aussi important. La capacité sera de 25000 tests pour le 4 mai, de 40000 ensuite. « Concernant le matériel médical, les livraisons continuent et nous disposons d’un stock suffisant pour le moment. »

Pour le tracking, le ministre-président wallon Elio Di Rupo annonce un ‘call center’ mis en place par les Régions pour faire le suivi. Au niveau interfédéral, il y aura un comité pour le testing et le suivi des contacts rapprochés. Il y aura une plateforme commune, une mobilisation de deux mille personnes et un cadre juridique pour protéger la vie privée. Ce tracking débuterait dès la première phase du déconfinement. Il s’agira d’appeler la personne infectée pour établir la liste des personnes avec qui elle est en contact depuis deux semaines et tester celles-ci.

« Nous devons adapter fondamentalement nos habitudes,conclut Sophie Wilmès. Il y aura une longue phase de transition avant de regagner nos libertés. Ce soir, vous avez une vision relative de notre futur à court terme. Cela doit nous motiver, nous encourager avec nos efforts. Ceux-ci payent, ils ne servent pas à rien. Nous comptons sur votre sentiment de responsabilité, sur votre civisme et sur votre bon sens. C’est ce qui nous permettra de retrouver au plus vite ce qui nous est plus le cher et celles et ceux qui nous sont chers. Prenez soin de vous et surtout prenez soin des autres. »

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