De retour sur le chemin de l’école le plus sereinement possible
Sauf un revirement de situation important, c’est décidé : tout le monde rentrera à l’école en septembre. Les ministres de l’Enseignement en ont pris la décision. Le but étant de rattraper le retard, de réduire les inégalités et empêcher les dérives psychologiques.
Ce mois de juin déjà, les ministres de l’Éducation des trois Communautés, accompagnés des acteurs de l’enseignement et des experts du GEES, avaient élaboré un code couleur détaillant les mesures spécifiques à mettre en place dans les écoles en fonction de l’évolution de la pandémie. Et pour l’instant, sur base du dernier avis des experts du GEES et de la prise en compte de considérations épidémiologiques, pédagogiques et sociales, les ministres de l’Éducation confirment l’application du code jaune pour la rentrée, à tous les niveaux.
Par ailleurs, ces experts considèrent que l’impact épidémiologique de la journée de congé du mercredi dans l’enseignement obligatoire, initialement prévue pour le code jaune, ne compensait pas suffisamment les effets secondaires organisationnels pour les écoles. La semaine de 5 jours de cours sera donc à nouveau la norme de départ.
Dans le supérieur et en promotion sociale, le code jaune implique : le respect de la distanciation sociale, l’application des gestes barrières ou l’utilisation d’un local de cours pour maximum 3 heures d’affilée.
Un changement de couleur localement en fonction de l’évolution
Si les conditions épidémiologiques empirent, il est prévu de d’abord de passer à un enseignement hybride (mi-temps présentiel/à distance) exclusivement pour les deuxième et troisième degrés de l’enseignement secondaire. Dans le même temps, les élèves de l’enseignement fondamental et du premier degré de l’enseignement secondaire pourront continuer à fréquenter l’école à temps plein.
Il en va de même pour le supérieur et promotion sociale : si la situation sanitaire devait se dégrader, que ce soit localement ou à l’échelle du pays, le feu pourrait passer à l’orange, avec une présence sur campus plus limitée, et une reprise des apprentissages à distance.
En fonction de l’évolution des cas et de données scientifiques, la cellule de crise locale se réunira avec les représentants de l’enseignement, de la promotion de la santé à l’école et des autorités régionales compétentes en matière de santé. À l’issue de cette réunion, une proposition de changement de code couleur sera transmise à la ministre concernée. Cette dernière pourra approuver ou non.
Le but avec ces mesures est d’éviter purement et simplement les fermetures d’école, de permettre à tout le monde d’avoir accès à l’éducation, de rattraper le retard, d’endiguer les inégalités sociales et les dérives psychologiques.
Une attention particulière pourrait par exemple être accordée par les établissements du supérieur aux apprentissages en présentiel pour les élèves de première année, de façon à leur permettre d’acquérir les codes de l’enseignement supérieur, tisser du lien social, etc.
Il va de soi pour que ce modèle fonctionne, les écoles, les enseignants et les élèves s’engagent à respecter scrupuleusement les règles. Il sera obligatoire de porter le masque en classe, mais pas pendant les temps de pauses ou les activités sportives.
Une aide pour le numérique
La crise que nous avons vécu et dans laquelle nous sommes toujours a accentué le recours au numérique. Le problème c’est que face à la technologie, tout le monde n’est pas sur le même pied. Il existe des inégalités en matière d’équipement disponible ou de coûts à assumer pour les parents.
Face à cela, le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a décidé d’accélérer sa stratégie numérique en créant une « Task Force Équipement Numérique et connectivité ». Cette dernière sera co-pilotée par le ministre-président, Pierre-Yves Jeholet et le vice-président Frédéric Daerden.
Son but est de réduire le fossé qui existe entre les classes de population, mais aussi de former et donner des outils aux enseignants pour qu’ils puissent donner cours dans les meilleures conditions possibles si l’on devait reconfiner. Pour ce faire, la ministre de l’Éducation, Caroline Désir, continuera à travailler sur la concrétisation rapide d’actions sur ces aspects d’ici septembre 2020.
17 millions pour rattraper le retard
Un budget de 17 millions d’euros est dégagé pour accorder des périodes supplémentaires aux écoles en ciblant les établissements dont l’indice socio-économique est en dessous de la norme.
Dans un premier temps, ces périodes permettront de soutenir les équipes éducatives pour favoriser une différenciation des apprentissages. Dans un deuxième temps elles favoriseront l’acquisition des savoirs de base, un soutien psycho-social et l’accompagnement du déploiement d’apprentissages numériques. Enfin, elles accorderont une attention prioritaire aux élèves qui présentent des difficultés d’apprentissage.
De petites craintes du côté des syndicats enseignement
Même si les syndicats sont globalement satisfaits et ont participé aux mesures pour la rentrée, il existe quand même de petites craintes. Joseph Thonon, le président communautaire de la FGTB-CGSP enseignement, a « quand même quelques soucis avec le fait que les élèves de 13 ans à 19 ans devront porter le masque toute la journée. Il faudrait prévoir des moments de pauses plus longs ou plus fréquents ». Il ajoute ensuite, « j’espère qu’on ne devra pas faire le yoyo entre différentes phases parce que cela casserait de nouveau la dynamique d’apprentissage ».
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici