Egbert Lachaert (Open VLD) à la sortie du palais royal. © Belga

De l’Open VLD au PS, des partis écartelés face à leurs responsabilités (analyse)

Olivier Mouton Journaliste

Les libéraux flamands critiqués en interne s’ils choisissent « la gauche », le CD&V scotché à la N-VA, le PS et Ecolo malmenés s’ils optent pour la droite et le nationalisme. Pourtant, un d’eux devra se faire hara-kiri.

Le soir même des élections du 26 mai 2019, le politologue Jean-Benoît Pilet (ULB) analysait la situation compliquée sortie des urnes, avec un paysage politique plus morcelé que jamais. Toute solution pour former un gouvernement fédéral, disait-il, nécessiterait qu’au moins un des partis se fasse hara-kiri., soulignait-il En d’autres termes, qu’il pose un choix à ce point risqué qu’il risquerait d’en payer le prix fort aux élections suivantes.

Nous sommes un an et trois mois plus tard : force est de constater qu’il avait infiniment raison. Il n’y a toujours pas de gouvernement fédéral majoritaire de plein exercice, et les partis continuent à se déchirer pour savoir s’ils prendront leurs responsabilités – et dans quelle majorité.

L’Open VLD et le CD&V déchirés

Le président de l’Open VLD, Egbert Lachaert, dispose encore de quatre jours pour tenter d’obtenir une percée lors de sa mission royale. Il rencontre les présidents de tous les partis démocratiques, mais serait tenté de mettre en place une coalition sans la N-VA, de type arc-en-ciel (socialistes, libéraux et écologistes) ou Vivaldi(les mêmes, avec tout ou partie des sociaux-chrétiens).

L’échec du dialogue De Wever – Magnette, précipité par un communique commun des libéraux et des écologistes après des propos très durs de la N-VA à l’encontre du MR, n’est pas étranger à ce revirement libéral flamand. L’automne dernier, le même Lachaert, alors chef de groupe à la Chambre, plaidait en faveur d’une coalition plus à droite face à sa présidente Gwendolyn Rutten. Aujourd’hui encore, ce choix potentiel de l’arc-en-ciel déchire son parti. L’économiste Lode Vereeck, qui a rejoint l’Open VLD en 2014, le dit haut et fort: « A gauche, direction seuil électoral ». Autrement dit, le parti risquerait une chute électorale libre, selon lui.

https://twitter.com/vereeck/status/1297908740868517888Lode Vereeckhttps://twitter.com/vereeck

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

550rich3153600000Twitterhttps://twitter.com1.0

Le CD&V n’est pas en reste. Alors que le missionnaire royal lui demande de choisir son camp, N-VA ou Vivaldi, son président Joachim Coens… renvoie la question à l’expéditeur en lui demandant de choisir, lui. Il ajoute que le lien entre le gouvernement fédéral et son homologue flamand est important, une façon de choisir plutôt le camp de la N-VA. Mais le CD&V reste divisé. Ses ténors restent désireux d’allier les nationalistes de Bart De Wever. Pourtart, certaines voix en interne suggèrent que le CD&V se distinguerait davantage en se ‘déscotchant’ de la N-VA.

PS, Ecolo et MR: des états d’âme

Tous les partis, pour arriver à une solution, devraient prendre un risque. Le PS a fini par prendre ses responsabilités en dialoguant avec la N-VA. Mais que de psychodrames internes ont été nécessaires pour en arriver-là, sans oublier les coups de sang de ses partenaires privilégiés FGTB et Solidaris. Le président du PS, Paul Magnette, a désormais le sentiment d’avoir fait le « sale boulot » pour d’autres en démontrant l’agenda institutionnel de la N-VA. Et il se dit que ce ne sera pas frcément plus simple avec l’agenda socio-économique de l’Open VLD.

Ecolo n’a pas été à ce stade de déchirement, mais on n’ose imaginer les assemblées générales de militants tumultueuses qui auraient eu lieu, si le coprésident Jean-Marc Nollet avait tenté de forcer ce choix de la N-VA, avec laquelle il a quand même tenu deux réunions sérieuses.

Le MR, qui se retrouve par la force des choses au « centre » du paysage politique, est peut-être celui qui risque le moins. Quoique: sa base serait irritée s’il ralliait un programme trop à gauche au sein de l’arc-en-ciel fédéral, où les enjeux socio-économiques, fiscaux ou sécuritaires sont plus sensibles qu’au gouvernement wallon.

Pourtant, si l’on veut un gouvernement fédéral majoritaire, un jour, il faudra bien que l’un ou l’autre perde un peu la face. Et que ses partenaires, conscients du risque pris, fasse un geste pour le minimiser.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire