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Covid: « Si la santé mentale n’est pas prise en compte à temps, elle devient une bombe à retardement »

Si certains aperçoivent déjà à l’horizon la fin de la pandémie, des conséquences sur la santé mentale sont à prévoir. Dans un avis rendu public ce vendredi, le Conseil Supérieur de la Santé émet dix recommandations pour guider les politiques en matière de prise en charge psychosociale.

Dans un avis rendu public ce vendredi, le Conseil Supérieur de la Santé tire des leçons de la pandémie et propose un plan en dix étapes pour l’avenir des soins en santé mentale. Le Conseil constate d’abord que la sévérité, mais aussi la durée, des mesures sanitaires impactent négativement la santé mentale de la population. Le second confinement aurait été particulièrement délétère pour le bien-être de la majorité des citoyens belges. Leur santé mentale aurait ensuite été stabilisée par l’assouplissement des mesures sanitaires.

Si aujourd’hui la population belge se porte bien, les personnes déjà vulnérables avant la pandémie souffrent davantage, mettant ainsi en lumière une « inégalité en matière de bien-être », déplore le Conseil Supérieur de la Santé. Certaines franges de la population ont souffert plus que d’autres : les personnes gravement malades de la COVID-19, les personnes déjà malades avant la pandémie, les personnes de statut socio-économique inférieur, les adolescents, les étudiants et les personnes âgées. Mais aussi, bien évidemment, les secteurs de la santé, de l’éducation ou encore du culturel.

Le Conseil souligne donc l’importance d’offrir des soins de qualité, accessibles et adaptés à ces catégories de la population, via notamment un protocole de triage, qui permettrait de mieux cibler les besoins des personnes en détresse psychologique. L’offre actuelle de soins en santé mentale ne répondrait pas à la demande, souffrant entre autres d’un manque d’accessibilité et de visibilité. Elle serait également inégale d’une région à l’autre et en sous-capacité.

Le Conseil Supérieur de la Santé craint que les autorités politiques ne se concentrent uniquement sur l’impact physique de la pandémie, omettant les conséquences à long terme sur la santé mentale de la population. « Si la santé mentale n’est pas prise en compte à temps, elle devient une bombe à retardement pour l’avenir », met en garde Olivier Luminet , professeur de psychologie à l’UCLouvain et membre du CSS. « À ce stade-ci, une politique de prévention est indispensable, plutôt que de réparer les pots cassés dans six mois si on n’investit pas justement dans ces efforts de santé mentale. »

Le Conseil invite donc à organiser des actions préventives à grande échelle, au travail ou dans les écoles par exemple, pour faire face aux conséquences de la pandémie sur le bien-être mental. Si le professeur reconnaît que l’Etat a fait des efforts, voté des budgets, pris des engagements, ces derniers « ne sont pas suffisants et doivent être accentués ». Bien que la réforme des soins psychologiques de première ligne, opérationnelle depuis le 1er janvier, permet de faciliter l’accès à ces soins, elle ne constitue « qu’une première étape qui ne peut pallier à l’ensemble des problèmes en santé mentale », ajoute Olivier Luminet.

Dans son rapport, le Conseil Supérieur de la Santé formule dix recommandations pour améliorer la santé mentale des Belges, mettant en évidence certains aspects parfois oubliés par les politiques, comme le deuil. Pour Olivier Luminet, il est nécessaire aujourd’hui de prendre en compte les dizaines de milliers de familles endeuillées qui ont fait leurs adieux dans des circonstances exceptionnelles, et de leur donner la possibilité de commémorer la perte de leurs proches.

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