Covid: pourra-t-on tout relâcher une fois les personnes vulnérables vaccinées ?
Si l’Agence européenne des médicaments donne son feu vert, la Belgique pourrait commencer la vaccination contre le Covid-19 à partir du 5 janvier prochain. Avec un peu de chance, les personnes vulnérables et les soignants seront vaccinés avant l’été. Cela signifie-t-il que l’on pourra tout relâcher et retrouver la vie d’avant ?
Environ quatre millions de Belges sont considérés comme prioritaires pour le vaccin : les soignants, les personnes de plus de 65 ans, les personnes de 45-65 ans qui présentent certaines comorbidités et enfin les personnes exerçant des fonctions sociales et/ou économiques essentielles (qui n’ont pas encore été définies).
Si toutes ces personnes sont protégées contre le covid, pourquoi ne pas laisser le virus circuler parmi les gens en bonne santé ? Comme l’écrit le quotidien De Standaard, ce raisonnement ne tient malheureusement pas la route.
Premièrement, il est illusoire de croire que toutes les personnes vulnérables seront protégées : les vaccins sont efficaces, mais ne protègent pas tout le monde. En outre, souligne l’expert en vaccins Pierre Van Damme (Université d’Anvers), toutes les personnes vulnérables ne seront pas vaccinées. Il pense aux femmes enceintes ou à certains malades du cancer.
Sept millions de Belges non vaccinés
Deuxièmement, il restera sept millions de Belges qui ne seront pas vaccinés. Ils courent un risque plus faible de développer une forme grave de la maladie, mais ce risque n’est pas inexistant. « Il y a des personnes qui semblent en bonne santé qui souffrent beaucoup du virus », déclare le biostatisticien Niels Hens (Universités d’Hasselt et d’Anvers) au Standaard. De plus, si le virus circule fortement dans un très grand groupe qui présente un risque faible, il y aura également un nombre élevé d’hospitalisations.
Pour ces raisons, ce n’est pas une bonne idée de tout lâcher. De plus, on ignore encore si les sujets vaccinés peuvent être porteurs du virus et le transmettre aux personnes non vaccinées, même s’il semble que le vaccin diminue la période de contagion de sept à deux jours, estime Van Damme, qui rappellent que les gens qui ne toussent ou n’éternuent pas propagent moins le virus.
Ce n’est que si 60 à 70% de la population est vaccinée que l’épidémie s’éteint d’elle-même. Cela ne signifie pas pour autant que la vaccination partielle n’est pas utile, car plus il y a de personnes protégées, plus le virus se propage difficilement. « On estime que 20% de la population a été contaminée, et pour l’instant, les réinfections semblent exceptionnelles. C’est possible que cela nous ait permis de freiner la seconde vague en limitant moins les contacts que lors de la première vague », explique Hens.
Tout cela signifie qu’il faudra encore maintenir la distanciation sociale, le port du masque et les règles d’hygiène en 2021. « Dans un monde idéal, on pourrait vacciner beaucoup plus rapidement », déclare le virologue Marc Van Ranst au quotidien De Morgen. « Je comprends que c’est dur mentalement. Mais il n’y a pas assez de vaccins, et il faut suivre une logique médicale pour les distribuer. »
Festivals
Si Van Ranst estime qu’il sera encore difficile de voyager en 2021, Pierre Van Damme donne un peu d’espoir aux amateurs de festivals de musique. Il estime que si la vaccination se passe comme prévu et qu’on développe des tests rapides fiables, il est envisageable d’installer un village de tests à l’entrée des festivals. Le biostatisticien Geert Molenberghs estime qu’on peut espérer un Noël « normal » l’année prochaine.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici