Covid: « Omicron tue bel et bien »
Au cours de la période du 30 janvier au 5 février, 39 personnes en moyenne sont décédées par jour des suites du coronavirus. Le variant Omicron, qui représente la grande majorité des infections, est-il réellement moins bénin qu’on ne le pensait ?
Vendredi dernier, le porte-parole interfédéral Covid-19, Steven Van Gucht annonçait que le pic de la cinquième vague avait été atteint le 24 janvier. Ce jour-là, Sciensano avait dénombré près de 76.000 infections confirmées en laboratoire.
Depuis, les infections diminuent en effet, et le nombre nouvelles hospitalisations baisse également, mais le nombre de décès, longtemps resté stable, augmente de 30%. Vendredi dernier, 53 personnes sont décédées, un chiffre qui se rapproche du pic de la quatrième vague. Le 30 novembre 2021, 61 patients ont succombé au coronavirus. Les décès surviennent en effet avec quelques semaines de retard sur les contaminations, expliquant ce décalage entre la courbe des cas et des morts.
500 000 morts dans le monde
La Belgique n’est pas le seul pays où les patients meurent des suites de la maladie. Mardi, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) déplorait qu’il y ait eu un demi-million de morts dus au Covid depuis la découverte du variant Omicron.
« Alors que tout le monde disait Omicron plus bénin, on est passé à côté du fait qu’un demi-million de personnes sont mortes depuis qu’il a été détecté », a déclaré le gestionnaire des incidents de l’OMS, Abdi Mahamud. « À l’ère des vaccins efficaces, un demi-million de personnes qui meurent, c’est vraiment quelque chose (…) C’est plus que tragique », a-t-il ajouté. Aux Etats-Unis par exemple, les cas sont en baisse, mais le nombre de décès quotidiens continue lui de grossir, avec en moyenne plus de 2.500 décès par jour actuellement.
« La société n’a pas envie les voir »
Fin janvier, la France recensait 250 morts par jour, un nombre devenu invisible, estime le professeur Marc Leone, chef de service de réanimation à l’hôpital Nord de Marseille. « La société n’a pas envie de les voir. Ils perturbent le scénario optimiste selon lequel Omicron serait associé à une immunité collective et à la fin de la pandémie », déclare-t-il au quotidien français Le Monde.
Interrogé par le quotidien De Morgen, le biostatisticien Geert Molenberghs (KU Leuven/UHasselt) souligne également qu’il ne faut pas sous-estimer le variant Omicron. S’il y a quelques semaines, les patients en soins intensifs étaient encore infectés par le variant Delta, aujourd’hui c’est la majorité d’entre eux qui souffrent des conséquences d’une infection à Omicron. « La maladie évolue différemment et le tableau clinique n’est pas le même. Mais Omicron tue bel et bien. Les mauvaises surprises sont pour la fin de la vague » , met-il en garde.
La semaine dernière, suite à une étude publiée dans The New England Journal of Medicine, le virologue Emmanuel André affirmait également qu’ « Omicron est aussi sévère que la souche de Wuhan et le variant Alpha, deux versions du virus qui ont mis nos hôpitaux au bord de l’abîme. Omicron n’est donc pas un rhume et ce n’est pas lui qui a ‘changé la donne’: c’est notre immunité et les vaccins ».
Qui meurt des suites d’Omicron ?
Sans surprise, ce surtout des personnes âgées et les non-vaccinés qui meurent des suites du virus. 70% des personnes qui décèdent ont plus de 75 ans. « L’âge moyen au décès a augmenté », déclare Steven Van Gucht au Morgen. « Il y a quelques semaines, c’était 75, maintenant c’est 85 ».
A en croire les calculs du quotidien De Morgen, les personnes de plus de 85 ans non vaccinées sont quatre fois plus nombreuses à mourir que leurs homologues vaccinés, et chez les 65 à 84 ans, ce chiffre est même multiplié par 13.
Grâce à la vaccination, le nombre de décès est loin d’atteindre ceux des deux premières vagues : rappelons que le nombre de morts quotidiens dépassait les 300 lors du pic de la première vague en mars 2020 et les 200 lors de la deuxième vague en novembre 2020.
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