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Covid: « Ni le Zinc, ni la vitamine D ne sont la panacée »
Le Conseil supérieur de la santé émet un avis pour mettre en garde, au sujet de ces deux apports. Voici pourquoi.
L’apport de vitamine D ou de zinc peut-il prévenir ou guérir de la Covid? Les informations, ces derniers temps, se mulitpliaient à leur sujet. Le Conseil supérieur de la santé s’en est emparé. Sa conclusion est sans appel: « Ni le Zinc, ni la vitamine D ne sont la panacée dans le traitement de la Covid-19. » Voici pourquoi.
Des études non scientifiques
« Dès le début de la pandémie due au virus SARS-Cov-2, d’intenses travaux ont été menés tendant d’une part à développer des traitements de la Covid-19 et d’autre part à la prévenir ou, tout du moins à offrir une protection contre le virus, souligne l’avis du Conseil supérieur. Les succès engrangés par les vaccins sont remarquables alors que la mise au point d’agents thérapeutiques n’a pas encore abouti. Très vite, le monde scientifique a été attentif aux possibles influences de l’alimentation et, en particulier, d’un certain nombre de nutriments connus comme étant des modulateurs des défenses immunitaires. En font partie, plusieurs vitamines (dont A, C, D, E et certaines du groupe B) et oligo-éléments (Zn, Se, Cu et Fe) dont les apports alimentaires usuels peuvent s’avérer trop faibles que pour satisfaire l’ensemble des besoins nutritionnels, par exemple en cas d’alimentation mal équilibrée. »
Quelques études ont mis en avant l’atout que pourrait représenter ces apports nutritifs. « Leur qualité n’atteignait pas les standards scientifiques requis, mais elles furent abondamment évoquées par les media et reprises par certains thérapeutes partisans des approches « naturelles » de la santé et dûment appuyés en cela par les marchands de compléments nutritionnels, poursuit l’avis du conseil. Ce n’est que plus tardivement qu’on vit apparaître des réactions plus critiques d’Institutions Scientifiques et d’Autorités de Santé, souvent très négatives et ne considérant uniquement que les aspects thérapeutiques. » L’avis du Conseil supérieur s’ajoute à cette liste.
Pourquoi la vitamine D et le Zinc? « En ce qui concerne les nutriments retenus, la vitamine D est déjà bien connue de la plupart des praticiens en raison du vif intérêt qu’elle a suscité il y a une dizaine d’années dans le domaine de la prévention de toute une série d’affections chroniques, est-il précisé. La plupart des effets escomptés n’ont pu être démontrés mais la déficience en vitamine D reste toujours largement répandue dans nos populations avec des effets non négligeables sur la santé osseuse et la résistance aux infections. Elle occupe une place très particulière entre le nutriment bien connu et le médicament aux propriétés parfaitement établies. Le zinc est moins connu parce que sa déficience d’apport est moins répandue dans nos populations mais il jouit d’une large réputation comme agent immunostimulant et anti-infectieux. »
Vitamine D: pas de doses élevées
Ce n’est pas la panacée, donc. La vitamine D est certes recommandée. « Dans les conditions actuelles de la pandémie et étant donné la prévalence élevée de la déficience en vitamine D, la population doit veiller à s’assurer un apport suffisant en vitamine D par l’alimentation et l’exposition au soleil, dit l’avis. Des conseils hygiéno-diététiques adaptés sont utiles. Il est important de promouvoir la consommation d’aliments naturellement riches en vitamine D tels les poissons gras, les oeufs, le fromage et la viande ainsi que les aliments enrichis (lait, produits laitiers, margarines, certaines céréales), auxquels il convient éventuellement d’ajouter les compléments alimentaires. L’objectif est d’atteindre un apport quotidien total en vitamine D (provenant de l’alimentation et de l’exposition au soleil) de minimum 20 μg/j (800 UI). »
Dans le cas d’un patient à risque Covid ou positif mais asymptomatique, il est utile de surveiller le statt en vitamine D et éviter un manque. Mais: « L’utilisation de très hautes quantités de vitamine D à visée thérapeutique chez les patients atteints de la Covid-19 et pour prévenir les formes très graves de la maladie, ne peut actuellement être recommandée. Elle ressort éventuellement du cadre d’études cliniques et ne peut se substituer aux traitements utilisés actuellement. »
Zinc: pas prédictif de la sévérité
Même chose pour le Zinc. Le Conseil supérieur de la santé « ne recommande pas l’administration de Zinc à visée thérapeutique chez des patients cliniquement atteints, de même que l’administration de doses élevées », souligne l’avis.
Néanmoins, dans les conditions actuelles de la pandémie, l’ensemble de la population doit veiller à s’assurer un apport alimentaire suffisant en Zn, par la consommation d’aliments riches en Zn dont la viande, les oeufs, le poisson, les céréales et les produits à base de céréales, les légumineuses ainsi que le lait et les produits laitiers. Privilégier les meilleures sources alimentaires est utile, éventuellement avec le conseil d’un diététicien lors d’une évaluation globale. »
Le Conseil supérieur de la santé précise encore: « Le corps médical en charge des patients atteints ne peut se fier à la mesure du Zn sérique comme facteur indépendant prédictif de la sévérité de la maladie. Les personnes à risque élevé d’infection mais non encore cliniquement atteintes par la Covid-19 peuvent bénéficier à titre préventif d’une complémentation d’une durée de 3 à 4 semaines avec des doses modérées (10 mg de Zn/jour, à adapter selon les cas). »
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