Covid : faut-il craindre un nouveau confinement?
Face à la flambée de contaminations et à la hausse du nombre de patients admis en soins intensifs, certaines voix s’élèvent en faveur d’un confinement, un scénario cauchemar que les Belges espéraient ne plus jamais revivre. Marc Van Ranst et Geert Molenberghs plaident en faveur de mesures plus strictes.
Entre le 14 et le 20 novembre, 15.890 nouvelles contaminations ont été dépistées en moyenne par jour, soit une hausse de 54% par rapport à la semaine précédente. Entre le 17 et le 23 novembre, il y a eu en moyenne 290 admissions à l’hôpital par jour liées au coronavirus, une augmentation de 22% par rapport à la période de référence précédente. Au total, 3.327 personnes hospitalisées en Belgique en raison du Covid, dont 656 patients traités en soins intensifs.
Même si ces chiffres n’atteignent pas le niveau de la deuxième vague de l’automne dernier, le virologue Steven Van Gucht appelle à la prudence. « Avec cette tendance, nous nous dirigeons plus vers une occupation de 1.000 lits (NDLR : en soins intensifs) que de 800. Bien sûr, une mesure telle que le télétravail obligatoire n’est entrée en vigueur que samedi dernier, de sorte que cet impact sur les chiffres n’a pas encore eu lieu. Les infections, un premier indicateur important, continuent d’augmenter fortement », met-il en garde.
Interrogé par Het Laatste Nieuws, le biostatisticien Geert Molenberghs ((UHasselt/KU Leuven) plaide en faveur de mesures plus strictes, et particulièrement pour la vie nocturne et les événements de masse. « Si vous prenez des mesures énergiques, vous pouvez encore ralentir un peu la vague. Ne sous-estimez pas le pouvoir du variant delta. Le taux de reproduction de base se situe entre 7 et 8. C’est incroyablement élevé. Si le variant Wuhan est une forte averse, le variant alpha est comparable à un orage et le variant delta à un ouragan« .
Les gouverneurs demandent des mesures supplémentaires
En Flandre, où le nombre de contaminations explose, les gouverneurs pressent les autorités à prendre des mesures supplémentaires. En Flandre-Orientale, où le nombre de contaminations a augmenté de 79,7% au cours de la semaine écoulée, les autorités provinciales ont décidé de suspendre les fêtes et autres événements qui ne sont pas organisés dans un cadre professionnel. « J’espère que tout le monde considère bien à quel point la situation est grave. La pression sur les soins de santé est énorme« , a imploré la gouverneure de la province Carina Van Cauter.
En Flandre-Occidentale, le gouverneur Carl Decaluwé appelle les autorités fédérales à prendre leurs responsabilités. « Le système craque de toute part. Il est clair qu’il faut agir et qu’il serait préférable que nous ayons à nouveau des mesures uniformes au niveau fédéral« , déclare-t-il au quotidien De Standaard.
Face à ces inquiétudes, il semble improbable que le Comité de concertation attende le mois de janvier pour se réunir. Les mesures prises par le Comité de concertation de mercredi dernier risquent en effet d’être insuffisantes pour « tenir » jusqu’à l’année prochaine : en gros, il a décidé d’imposer les masques à partir de 10 ans, et de rendre le télétravail obligatoire quatre jours par semaine.
A moitié en feu
Interrogé par le quotidien De Morgen, le virologue Marc Van Ranst ne cache pas son inquiétude. « Il y a quelques semaines, j’avais dit qu’un nouveau confinement était impossible. Grâce au taux de vaccination élevé et à la proactivité du gouvernement », dit-il. « Mais maintenant, j’en ai peur. Cette proactivité s’avère moins importante que je ne le pensais. Je n’ai jamais pensé que nous nous retrouverions à nouveau dans une sorte de scénario de deuxième vague, où nous mettons en garde et avertissons, mais où les mesures ne sont prises que lorsque la maison est déjà à moitié en feu. »
Geert Molenberghs constate que les gens interviennent eux-mêmes et annulent les dîners et les fêtes, au grand désespoir des secteurs concernés. Aussi plaide-t-il en faveur de mesures plus claires et insiste-t-il sur l’importance de la vaccination. « L’injection de la troisième dose, la vaccination des non-vaccinés et des enfants âgés de 5 à 11 ans doivent nous donner un mur de protection supplémentaire », explique-t-il au Morgen.
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