Covid et testing : une stratégie à revoir…
Le testing massif a souvent fait ses preuves pour lutter contre la Covid : Chine, Corée du Sud, Suisse, Singapour… La vitesse du testing, et surtout la capacité de ces pays à l’articuler avec le reste de la chaîne « Isoler-Tester-Tracer » ont joué un rôle décisif. Mais en Belgique, cette stratégie du « toujours plus » échoue, et les laboratoires et médecins généralistes sont aujourd’hui submergés par la demande. Les ministres compétents se rencontrent ce lundi pour revoir complètement leur plan d’attaque.
La Belgique a, une fois de plus, su montrer qu’elle était une éternelle mauvaise élève en matière de lutte contre le corona. Alors que l’on pensait le plus gros de la crise derrière nous, voilà que l’épidémie nous percute de plein fouet, pour la deuxième fois. Et c’est là tout le problème : peut-être avons-nous relâché trop vite notre vigilance ?
Pour répondre rapidement à cette hausse des indicateurs, le gouvernement prend alors la décision de fermer bars et restaurants pendant un mois. Mais beaucoup estiment que s’attaquer au secteur horeca n’était pas la priorité absolue. C’est au niveau du testing que la stratégie belge coince. Car la multiplication des tests en plein coeur de l’épidémie crée vite un embouteillage dans les centres de prélèvement et dans les laboratoires. La chaîne « Isoler-Tester-Tracer », un ingrédient anti-Covid pourtant indispensable, n’est pas efficace. Résultat : pour un test sur deux, le résultat arrive en retard. D’où la nécessité de réformer la stratégie de tests du pays.
Un nouveau plan d’attaque
Une conférence interministérielle doit avoir lieu aujourd’hui afin d’annoncer une nouvelle stratégie, qui reposerait sur deux piliers, selon les informations du Soir.
- Premièrement, la Belgique devra « tester mieux » : Jean-Luc Gala, chef de clinique à Saint-Luc et professeur à l’UCLouvain, estime notamment qu’il y a beaucoup « trop de tests inutiles ». Les tests doivent en effet servir à confirmer un doute réel, et non pas à soulager l’inquiétude des anxieux.
- Deuxièmement, la Belgique doit « élargir la palette de tests » : à l’heure actuelle, le test principalement utilisé est le test PCR, qui consiste à insérer un coton-tige dans le nez afin de récupérer des échantillons. Les tests antigéniques, plus rapides et déjà utilisés dans d’autres pays, pourraient néanmoins avoir leur place dans la stratégie de testing.
Un testing plus efficace
On le constate : le système de testing actuel n’est pas efficace. Un Belge sur deux n’obtient pas ses résultats dans les 24H, délai pourtant essentiel pour lutter efficacement contre la Covid. Laboratoires et médecins généralistes sont submergés par la demande et même les centres de tests n’arrivent plus à suivre. Certains sont obligés de fermer temporairement afin de résorber leur retard, mais cela ne fait que déplacer le problème vers d’autres centres de tests, qui sont à leur tour débordés.
Pour réguler cet afflux massif de Belges dans les centres de dépistage, la Belgique entend « tester mieux ». À l’heure actuelle, on teste beaucoup de personnes « pour rien », estiment certains experts. Il faut se concentrer sur les groupes prioritaires et non pas tester les citoyens anxieux, ou les asymptomatiques qui auraient couru peu de risques.
Doivent donc se faire tester, en priorité :
- toute personne présentant un symptôme majeur, deux symptômes mineurs ou aggravation de symptômes respiratoires chroniques. On doit porter une attention particulière aux groupes à risque, tels que le personnel soignant, les résidents, ainsi que le personnel d’une collectivité résidentielle.
- toute personne ayant eu un contact à haut risque avec un cas de coronavirus, y compris les voyageurs revenant d’une zone rouge ou orange.
Dans les deux cas, il est obligatoire de contacter son médecin traitant avant de se rendre dans un centre de dépistage.
Des nouveaux types de tests
Le test de dépistage le plus utilisé en Belgique est le fameux PCR : un coton-tige est inséré dans le nez, jusqu’au pharynx, pour prélever les échantillons qui concentrent le virus. C’est aujourd’hui le test le plus fiable puisqu’il détecte tous les cas positifs, que les personnes testées soient malades ou asymptomatiques.
Le problème est que cette méthode est lente et la procédure à suivre est complexe. Et c’est sans doute une des raisons de l’échec de la stratégie belge en matière de testing. L’analyse de l’échantillon prend en effet plusieurs heures et nécessite du personnel formé. De plus, le test est coûteux et les résultats peinent à parvenir aux médecins et patients.
Le manque de robots nécessaires à l’analyse des échantillons est également un problème. Les nouvelles machines commandées par le Fédéral pour augmenter la capacité de tests ne sont pas encore arrivées. Certains robots n’arriveront pas avant début janvier, indique même Le Soir.
Plutôt que de compter sur un seul et unique test, il faudrait multiplier les méthodes. Première piste des autorités : les tests antigènes, dont la rapidité n’est plus à prouver. Si ce test est moins fiable que le test PCR, car moins sensible, il a l’avantage de livrer un résultat en quelques minutes seulement, et non plus 6 à 8 heures. Ces tests ne nécessitent pas de laboratoire ou de machine pour le traitement, et leur coût est limité.
Autre piste ? Les tests salivaires. Ces tests nécessitent aussi plusieurs heures d’analyse avant d’obtenir les résultats, mais l’avantage ici est que tout le monde peut le faire chez soi. Il suffit de cracher de la salive dans un petit pot, qui est ensuite envoyé en laboratoire. L’échantillon de salive sera alors analysé. Si l’utilisation des tests salivaires s’étend, elle permettra essentiellement de soulager les centres de dépistage.
Pointer les failles du système et taper sur le clou est essentiel pour éviter de reproduire certaines erreurs. Le fiasco du testing est certainement une leçon à retenir. On espère que les décisions prises aujourd’hui par les autorités constitueront une base solide pour une nouvelle politique de testing plus efficace. Pour désengorger les centres de dépistage mais également soulager les laboratoires et médecins généralistes. Car la menace d’un burn-out plane sur ces piliers de la crise, sans qui le combat est perdu d’avance…
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