Coronavirus: on manque d’information sur les voyageurs de retour
Le professeur en biostatistique, Geert Molenberghs, a dénoncé, samedi lors d’une conférence scientifique de la Koninklijke Academie voor Geneeskunde (Académie royale de Médecine), le manque d' »informations cruciales » disponibles sur les voyageurs de retour d’un pays. En cause selon lui: la fragmentation des pouvoirs en Belgique.
Pour le biostatisticien, on ne sait actuellement pas combien de voyageurs reviennent et à quel moment et s’ils remplissent le formulaire de localisation des passagers (Passenger Locator Form, PLF).
L’expert pointe comme problème principal pour obtenir ces informations la fragmentation des responsabilités politiques entre plusieurs échelons de pouvoir en Belgique. « Il est frustrant pour beaucoup d’entre nous que des informations qui pourraient être disponibles ne le sont pas », a lancé M. Molenberghs.
« Ce que j’aimerais savoir, c’est: combien de voyageurs sont revenus et de quel pays, telle semaine ou tel jour; combien d’entre eux ont rempli le PLF; combien se sont fait dépister après avoir reçu un code d’activation et combien d’entre eux étaient positifs », a indiqué M. Molenberghs en réponse à une question lors de la conférence. « Nous n’avons pas ces données. Il est très difficile d’obtenir une telle information dans ce pays parce qu’une partie est gérée par le fédéral tandis qu’une autre l’est par les Régions ».
Le professeur en biostatistique a ensuite pris l’Allemagne en exemple. Là, on sait si une nouvelle contamination est due à une exposition au coronavirus à l’étranger. « Par exemple, nous avons appris qu’en Allemagne, à la mi-août, 50 pour cent des nouveaux cas pouvaient être attribués aux voyageurs de retour. »
Sur cette base, les experts s’attendaient à ce qu’une nouvelle vague de contamination arrive dans le Plat pays fin août et début septembre, période pendant laquelle environ un demi-million de Belges reviennent de vacances chaque année.
Le professeur regrette également le manque d’informations disponibles afin de calculer le nombre de reproduction (qui mesure la capacité du virus à se propager), sans prendre en considération les voyageurs de retour. « C’est pourtant une question théorique importante ».
Le règlement général européen sur la protection des données (GDPR) complique également les choses puisqu’il « nous empêche d’avoir accès à ces informations ». « Je pense que c’est presque une négligence coupable. Cette information est cruciale pour le suivi », a estimé M. Molenberghs.