Jan Jambon à l'issue d'un Comité de concertation, en mars dernier. © Belga

Coronavirus : la saga des retours de vacances, reflet d’un pays perdu (analyse)

Olivier Mouton Journaliste

La décision relative aux codes de couleurs est chaotique et révèle un manque d’anticipation. A l’image d’un pays en quête de gouvernement et d’identité.

Il vous arrive de vous pincer pour vous assurer que vous ne rêvez pas en tentant de comprendre la situation politique belge? Vous risquez de le faire une nouvelle fois, cette semaine.

Il y avait la saga des masques, des tests, du tracing, il y aura désormais la saga des retours de vacances. Yves Van Laethem, porte-parole interfédéral, a été envoyé au casse-pipe mercredi soir pour divulguer un message inaudible sur un sujet pourtant majeur si l’on veut éviter une seconde vague.

Nos autorités avaient-elles oublié que les Belges partiraient en vacances et, surtout, qu’ils en reviendraient assez vite? Cette question, exprimées par le docteur Philippe Devos, responsable du principal syndicat médical du pays, sont sur toutes les lèvres… depuis le 1er juillet. Les mesures ont finalement été annoncées le 8 juillet.

Mais quel chaos! Il fallait entendre ce pauvre porte-parole expliquer que les codes couleurs au sujet des pays sûrs, moins sûrs ou dangereux se trouveraient sur le site des affaires étrangères, mais qu’il faudrait attendre deux ou trois jours car, pour le moment, ce sont d’autres couleurs, liés au pays où l’on peut partir, qui occupent la page principale.

Le retard à l’allumage est dû au choix assez incompréhensible de mettre le Conseil national de sécurité en vacances, comme si l’épidémie était derrière nous. Les groupes d’experts analysent toujours la situation, bien sûr, mais leurs recommandations doivent passer à la moulinette des différents niveaux de pouvoir.

Nous avons donc eu droit à la Flandre qui annonçait, comme toujours, son désir d’imposer la quarantaine. Puis à la Wallonie et enfin Bruxelles qui ont suivi. Nous avons eu droit à un Comité de concertation, qui réunit le fédéral et les entités fédérées pour accorder les violons. De façon chaotique, on l’a vu. Dans la foulée, la Flandre est à nouveau partie bille en tête pour annoncer dès mercredi soir une initiative législative, amendes à la clé.

Et les Belges de se retrouver pantois, face à de nombreuses questions sans réponses.

Le tout se déroule dans un contexte institutionnel posant plein de questions. « Un grand bordel », résumait le constitutionnaliste Marc Uyttendaele. Pour le moins. Les Régions ont finalement pris les devants parce qu’elles sont compétentes en matière de prévention pour la santé et… parce qu’elles disposent de gouvernements en ordre de marche. Mais si la crise redevient aiguë, le fédéral prendra-t-il la main ? Ah, oui, le gouvernement Wilmès ne disposant plus de pouvoirs spéciaux et n’ayant pas de majorité parlementaire, il faudrait à nouveau improviser un soutien extérieur.

Et la Première ministre, Sophie Wilmès, où est-elle? La crise sanitaire va induire une sérieuse crise socio-économique. Ces jours-ci, elle mène une grande consultation de la société civile, à saluer, pour préparer une stratégie de relance. Mais la pauvre ne dispose donc plus de majorité parlementaire et répète à l’infini qu’un nouveau gouvernement de plein exercice doit voir le jour rapidement. Le destinée de la Belgique est suspendue, ces jours-ci, à une hypothétique coalition Arizona sans le PS.

En attendant la Première ministre affiche ce jeudi matin sur les réseaux son soutien au personnel de première ligne. En croisant les doigts pour qu’il ne doive pas revivre une crise telle qu’on la connue au printemps.

https://twitter.com/Sophie_Wilmes/status/1281137243319611392Sophie Wilmèshttps://twitter.com/Sophie_Wilmes

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