Thierry Denoël
Contrôle de police à Waterloo: le déchaînement absurde (humeur)
Les réseaux sociaux rendent les gens irrationnels. Cela se vérifie une fois de plus avec le contrôle de police qui a dégénéré à Waterloo. Il n’y a plus de justice, sauf sur Facebook.
Les images et le témoignage postés par la famille waterlootoise qui a visiblement enfreint les règles anti-covid (on ne sait pas de combien d’invités) ont fait le tour du net. Images partielles, déclarations partiales, du côté des visités. Forcément. La police brabançonne a ensuite avancé une autre version de son intervention qui a mal tourné. Forcément. C’est un grand classique. Parole contre parole. Nez cassé contre dent cassée. Plainte des deux côtés.
La justice va devoir faire son office, démêler le vrai du faux. Pas simple, mais c’est son boulot et elle le connaît. Elle le fera a priori sans épargner personne, surtout pas les forces de l’ordre si celles-ci ont enfreint les règles qu’elles doivent respecter, y compris – il n’y a aucune exception – pendant la période lourde et tendue du confinement.
Sans attendre, les posts se sont déchainées sur les réseaux sociaux, sans nuances, passionnées, bourrées de préjugés. La majorité dénonce la violence policière. Pour celle-ci, après le meurtre de Georges Floyd à Minneapolis et le récent procès montois du policier qui a tiré sur la petite Mawda, les méchants sont tout désignés : les flics. Pas l’ombre d’un doute, pas le moindre questionnement. Aucun recul. Tous les flics sont des salauds. La justice est rendue sur Facebook aussi rapidement que Trump répand ses fake news sur Twitter. Dingue. Et effrayant. Epinglons aussi les quelques politiques qui s’y sont donnés à coeur joie, alimentant dans un sens ou un autre, sur le site persifleur, la flambée hystérique. Inutile.
Débat basé sur des faits
Il n’est pas question de laver les policiers de tout soupçon. Ils devront répondre de ce qui s’est passé, l’autre soir à Waterloo. Et, si fautes il y a eu, il faudra des sanctions. Mais peut-on leur faire un procès d’emblée, sans se demander jusqu’où les uns et les autres tentent de manipuler la réalité, les médias, l’opinion publique ? Chacun aura son récit et sa vérité, devant le tribunal, là où se tient un débat contradictoire basé sur les faits, des pièces, des enregistrements, des vidéos non montées, des rapports médicaux, etc. Ce sera bien plus rationnel que passionnel. Tout le contraire des réseaux sociaux. Le déchaînement actuel, en partie du à la fièvre du coronavirus, ne sert ni la justice, ni la démocratie, ni l’intelligence collective.
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