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Comité de concertation: les légers assouplissements laissent un goût de trop peu

Olivier Mouton Journaliste

Un équilibre entre corps et esprit? Le maintien de la bulle social de une personne en intéreur et les échéances éloignées pour l’Horeca, la culture ou les voyages suscitent des regrets. « Ce sont des semaines de trop! »

Le Comité de concertation devait trouver un « équilibre entre le corps et l’esprit« , soulignait joliment Georges Gilkinet, vice-Premier Ecolo, à l’entrée de la réunion, ce vendredi après-midi. Les premiers assouplissements annoncés par le Comité de concertation laissent toutefois les principales personnes concernées sur leur faim.

« La situation reste très mauvaise, mais nous avons entendu l’appel de nos concitoyens », justifie le ministre-président Elio Di Rupo (PS). En plusieurs phases. Pourquoi le mois de mai ? « Parce que la plupart des gens de 65 ans auront reçu au moins une dose de vaccin », explique-t-il.

La bulle sociale intérieure: de l’hypocrisie?

Le principal assouplissement concerne la bulle extérieure, élargie à dix personnes. Par contre, la bulle intérieure reste à une personne. « Symboliquement, cela aurait eu un sens de relâcher la bulle sociale en intérieur à deux personnes », a souligné sur la RTBF l’épidémiologiste Yves Coppieters (ULB), tout en insistant sur la nécessité de rester très prudent. Mais « nous sommes des adultes ».

Ce maintien de la bulle intérieure à une personne n’est-il pas une hypocrisie ? Tout le monde se souvient encore de l’aveu de Jean-Marc Nollet, coprésident d’Ecolo, voici dix jours, avouant qu’il avait reçu un couple chez lui… « Nous sommes incapables d’hypocrisie », réplique Elio Di Rupo.

Et si l’on écoutait les jeunes?

Bruno Humbeeck, psychopédagogue, regrette sur la chaîne publique que l’on ne tienne pas assez compte de la voix des plus jeunes: « Ce sont des personnes plus âgées qui prennent des décisions sans se concerter avec eux, dit-il. Les mesures leur semblent parfois absurdes. On ne parle plus de bulles, mais d’îlots. Des gestes protecteurs, ça, les adolescents sont en mesure de l’entendre. Il est urgent de leur permettre de donner des avis responsables. »

Julien Nicaise, administrateur général Wallonie-Bruxelles, se réjouit néanmoins des premières annonces concernant l’enseignement. « Tout reste sous contrôle, les choses ne sont pas aussi répandues qu’on le contraignait avec les variants », souligne-t-il. S’il se réjouit de la petite respiration que représente la possibilité de faire des excursions, il espère davantage: « Les enseignants s’accrochent, ils font tout pour leurs élèves. Mais au plus tôt ils peuvent revenir un maximum de temps, au mieux ce sera. » Ce sera après Pâques.

L’extension du nombre de personnes acceptées pour les funérailles à cinquante est par contre saluée. « C’est une mesure qui témoigne d’une certaine sagesse qui ont perçu que la perte d’un proche est un événement exceptionnel et unique », souligne Vincent Delcorps, rédacteur en chef de Cathobel.

Horeca et culture: « Les semaines de trop »

L’Horeca et la culture, pour leur part, tirent la langue. Thierry Neyens, président Fédération Horeca Wallonie, est amer. « On a une perspective, c’est vrai, mais on s’attendait le 1er avril, ce sera le 1er mai, dit-il. Ce sont les semaines de trop. » Psychologiquement, souligne-t-il, le secteur est à bout. Et de nouvelles aides sont nécessaires. Des terrasses ouvertes, cela aurait-il été plus favorable? « Les terrasses, ce serait une fausse bonne nouvelle connaissant le climat en Belgique, répond-il. Comment envisager de travailler avec une clientèle stable sans possibilité d’avoir un repli pour ramener les clients à l’intérieur? »

Thierry Laemens, président de la Fédération des cinémas, abonde dans le même sens: « Nous sommes très déçus de ne pas avoir de perspectives, dit-il. Nous espérons toujours ouvrir les vacances de Pâques, si on les rate, ce sera la cinquième période de vacances que l’on raterait. S’il faut rester encore un mois, il faudra des aides financières substantielles parce que cela devient trop pour le secteur. C’est tout un écosystème qui en subira les conséquences. »

Les responsables des agences de voyage parlent, eux aussi, de « douche froide ». Il faut mettre rapidement en place un système de testing pour permettre aux Belges de partir sereinement à l’étranger, soulignent-ils.

Forcément, ce très léger déconfinement laisse bien des citoyens sur leur faim. Maisvu que la situation reste fragile et que la vaccination n’accélère pas le pas, il en sera ainsi.

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