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Chiffres du Covid relativement stables: un trompe-l’oeil qui masque la présence de variants ?

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Les contaminations semblent se stabiliser et les admissions à l’hôpital sont toujours en légère baisse. L’épidémie est-elle pour autant sous contrôle ? Le variant britannique, encore sous-estimé, change la donne et inquiète experts et autorités.

Dans un centre de soins résidentiel à Houthulst (Flandre occidentale), des dizaines de résidents ont été infectés par le variant britannique du coronavirus. En tout, au moins deux tiers des résidents sont concernés. Au moins 37 employés ont également été infectés. Dans la province d’Anvers, deux écoles, une à Edegem, l’autre à Kontich, doivent fermer leurs portes suite à la découverte de contaminations au variant britannique du coronavirus.

Contrairement à d’autres pays, où l’épidémie flambe (Royaume-Uni, Irlande) ou reprend dans certaines régions (France, Allemagne…), le nombre moyen de contaminations en Belgique est relativement stable. En légère hausse depuis une semaine, le nombre moyen de cas semble désormais se stabiliser autour des 2000 par jour. Une courbe trompeuse ?

Un variant sous-estimé

« Nous devons éviter que la courbe du variant britannique ne passe sous le radar », commente Emmanuel André au Morgen. Pour garder l’épidémie belge sous contrôle, il est important d’avoir la meilleure vue possible sur la propagation de ce variant sur notre territoire. Cependant, tous les laboratoires ne peuvent pas la tester.

Un système de surveillance a été mis en place pour suivre de plus près les variants. Mais pas facile de débusquer ce fameux variant britannique, réputé plus contagieux. Les laboratoires analysent les tests pour voir si un certain gène est présent. Le séquençage permet de fournir une réponse définitive, mais cela prend environ une semaine. Pour établir une courbe pour ce variant, un échantillon représentatif du territoire et des âges est nécessaire : « Nous voulons caractériser environ 2% de tous les échantillons positifs de cette manière », indique le porte-parole interfédéral Steven Van Gucht. Au Royaume-Uni, c’est le cas pour 5% des échantillons positifs.

Grâce au séquençage, on observe par exemple que la présence du variant britannique est en hausse dans la région de Bruxelles. Mais la plupart des échantillons positifs s’y retrouvent, car c’est là que les voyageurs de retour de l’étranger sont testés. Selon le virologue Marc Van Ranst, le variant britannique du coronavirus s’est déjà répandu dans tout le pays, mais il est impossible de dire combien de cas sont en cause à l’heure actuelle : « S’il frappe Houthulst, nous ne devrions pas être naïfs et penser que la variante britannique n’est pas dans tout le pays. Notre pays est trop petit pour garder ces variants au même endroit. »

https://twitter.com/vanranstmarc/status/1350590971646533635Marc Van Ransthttps://twitter.com/vanranstmarc

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Une réalité qui était cependant prévisible, indique au Morgen le microbiologiste Hermans Goossens, qui avait déjà largement alerté contre le variant britannique au mois de décembre : « J’ai averti qu’il s’agissait d’une variante dangereuse. Certaines personnes n’étaient pas convaincues. L’épidémie de Houthulst montre clairement que cette variante est très contagieuse. Et aussi que ce virus est déjà présent sur notre territoire. » D’autant que certains clusters ne sont pas liés aux voyages et sont donc des cas de transmission locale, signe que le variant circule au sein de la population belge.

Vers une troisième vague ?

Les experts et les autorités s’inquiètent de la flambée que pourrait connaitre notre pays si nous étions confrontés à une propagation rapide et vive de ce variant. Certains parlent même déjà de troisième vague. D’autant que le variant est présent depuis plus longtemps qu’on le croit. « Il est là depuis décembre et nous avons les fondements d’une troisième vague de contaminations. La seule stratégie à adopter pour lutter contre le virus, c’est le testing massif. (…) Il faut tester toute la population. (…) Si on continue à être attentiste, on n’arrivera pas à éradiquer la maladie », alerte ainsi Yves Coppieters, professeur de santé publique (ULB) au Soir.

Un avis que partage Yves Van Laethem, qui estime que le variant circule déjà trop dans notre pays. « Etant donné que ce variant peut contaminer plus de personnes, il va prendre une place de plus en plus grande. Ce que nous devons faire, c’est le contrer via des mesures plus strictes comme le respect de la quarantaine ou le testing », explique-t-il à La Libre.

De là à entraîner une troisième vague ? « Elle arrivera plus ou moins vite. Il n’y a pas que la souche britannique du virus qui nous concerne. Il y a tout un paquet de variants. Nous devons maintenant reprendre les chiffres et analyser l’expansion du virus pour voir où il en est chez nous. Et, si besoin, nous prendrons de nouvelles mesures », indique le porte-parole interfédéral.

https://twitter.com/Emmanuel_microb/status/1351163970498007045Emmanuel Andréhttps://twitter.com/Emmanuel_microb

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Failles

Le variant change donc la donne. Si notre pays s’en sort pour l’instant mieux que ses voisins, il n’est pas à l’abri d’une flambée soudaine. Cette crainte, masquée dans les chiffres actuels, mais bien réelle, incite le gouvernement à déjà prendre des mesures additionnelles, notamment en ce qui concerne les déplacements depuis l’étranger. « Il y a encore un certain nombre de failles dans notre dispositif de protection. Nous étudions comment nous pouvons vraiment combler ces trous », précise le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke (sp.a).

Actuellement, les règles relatives aux tests et à la quarantaine ne s’appliquent pas aux personnes qui ont séjourné à l’étranger pendant moins de 48h. Mais il est désormais question de raccourcir le délai à 24h, voire à 16h. Un Comité de concertation est programmé ce vendredi pour une évaluation des mesures, mais il pourrait être avancé si la situation sanitaire l’exige. Vandenbroucke a cependant déjà laissé entendre qu’il ne serait, à nouveau, pas question d’assouplissements.

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