Ces politiques critiqués parce qu’ils ne respectent pas les règles sanitaires (analyse)
Les citoyens sont à fleur de peau et dénoncent le moindre écart des politiques – réel ou supposé. Le reflet d’une crise sanitaire qui se prolonge et d’une forme de poujadisme larvé, ce qu’ils démentent en argumentant.
Les citoyens belges sont à fleur de peau. La crise du coronavirus qui se prolonge, la menace permanente d’une troisième vague, le prolongement des restrictions sanitaires et les limites désormais fixées à la liberté de circulation provoquent une série d’interpellations sur la nécessité d’un débat démocratique au sujet de cet état d’exception. Une « loi pandémie » est en cours de rédaction pour encadrer davantage ces mesures actuellement prises par arrêtés ministériels, mais elle devrait surtout concerner… les prochaines épidémies. Or, des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour questionner l’équilibre actuel entre santé, économie et bien-être.
Cela se traduit, aussi, par des critiques acerbes à l’égard des responsables politiques, pas toujours justifiées, mais révélatrices d’une société qui accepte de moins en moins le « deux poids, deux mesures ». Alexander De Croo (Open VLD), notre Premier ministre, en a fait les frais. Mi-janvier, à l’occasion de la réception de Nouvel An de son parti, une photo provoque un tollé sur les réseaux sociaux. Publiée par Eline De Munck, influenceuse et entrepreneuse flamande qui animait la réception, elle montre le Premier et son président de parti, Egbert Lachaert, poser avec en toile de fond un groupe de rock.
Les élus ont précisé que les distances sociales étaient bien respectées, mais Alexander De Croo a souligné, penaud au JT de la RTBF, qu’il y réfléchirait à deux fois si c’était à refaire. Sur le monde de: « Ce n’était pas approprié » à l’heure où tout le secteur de la culture est en outre à l’arrêt et les concerts bien sûr interdits..
https://twitter.com/jdceulaer/status/1350700200801800192Joël De Ceulaerhttps://twitter.com/jdceulaer
“Goedemorgen, bende onnozele dutsen! Hier de liberalen! Wij lachen u dan nog maar eens uit. Maak er een fijne zondag van!” pic.twitter.com/RbqnUpFDVD
— Joël De Ceulaer (@jdceulaer) January 17, 2021
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Gilles Vanden Burre, député fédéral Ecolo, vient lui aussi d’en faire la triste expérience, contraint de se justifier à l’issue d’une visite d’entreprise. « En tant que mandataire public, nous sommes considérés comme fonction essentielle et toute rencontre professionnelle s’effectue dans ce cadre, souligne-t-il. A utiliser en respectant les règles sanitaires bien entendu et avec parcimonie. »
Les critiques à son encontre suivaient une visite « passionnante » de l’entreprise Odoo et une rencontre avec son CEO, Fabien Pinckaers, qui vient d’être nommé manager de l’année par l’hebdomdaire Trends/Tendances. « Au menu: transition numérique, outils économiques, relation avec les pouvoirs publics, formation et enseignement », dit le député.
https://twitter.com/GillesVdBurre/status/1353738039177207808Gilles Vanden Burrehttps://twitter.com/GillesVdBurre
Visite passionnante de l’entreprise @Odoo et échanges inspirants avec son #CEO, Fabien Pinckaers. Au menu: transition numérique, outils économiques, relation avec les pouvoirs publics, formation et enseignement. pic.twitter.com/7xbwRU280L
— Gilles Vanden Burre (@GillesVdBurre) January 25, 2021
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C’est dans l’air du temps. Mais d’aucuns lui rappellent que le télétravail est obligatoire, a fortiori lorsqu’il s’agit de visiter une société… active dans le numérique. « En tant que citoyen au bord de la rupture, je m’étonne fort des largesses que certains d’accordent, et osent en faire la promotion publique sur les réseaux sociaux », commente un internaute, « journaliste de formation et banquier d’adoption ».
https://twitter.com/GillesVdBurre/status/1353761581566451718Gilles Vanden Burrehttps://twitter.com/GillesVdBurre
J’ai répondu. Aucune largesse mais possibilité de faire certains déplacements essentiels en accord avec la loi, dans le cadre des fonctions politiques. Comme lorsque je vais de temps à autre au parlement. C’est permis et le télétravail reste la règle.
— Gilles Vanden Burre (@GillesVdBurre) January 25, 2021
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Tout fait farine au moulin de cet agacement. Ainsi en est-il des nombreux messages du président du MR, Georges-Louis Bouchez, filmé depuis son bureau, ou de la rencontre officielle entre les bourgmestres socialistes de Bruxelles et de Paris, Philippe Close et Anne Hidalgo. Un ras-le-bol excessif et exagéré? Sans doute. Les responsables politiques doivent gérer la cité et il en est d’ailleurs plus d’un qui signale la difficulté de le faire par visioconférence en cette période dantesque pour tous.
https://twitter.com/xaviercorman/status/1353711077490618370Xavier Corman Λhttps://twitter.com/xaviercorman
Après @GLBouchez qui va tous les jours au bureau car sinon c’est trop dur, on a @philippeclose qui fait venir @annehidalgo alors que les frontières sont FERMEES pour les voyages non essentiels.
VOUS N’EN AVEZ PAS MARRE !?! https://t.co/KM4EFzxlMy
— Xavier Corman Λ (@xaviercorman) January 25, 2021
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Le phénomène n’est pas nouveau, non plus, il rejoint un poujadisme permanent et un air du temps décidément particulier. Lors de la première vague de la Covid, alors que les négociateurs avaient enfin réussi à former un gouvernement provisoire, des voix nombreuses avaient critiqué un selfie où l’on voyait les présidents des partis libéraux, Georges-Louis Bouchez et Gwendolynn Rutten, poser côte-à-côte.
Cela avait été le cas, encore, après la contamination au Covid d’Egbert Lachaert, alors en pleine mission royale, ainsi que de quelques ministres en succession rapide. Christie Morreale (PS), ministre wallonne de la Santé, nous avait alors contacté pour préciser que sa contaminationavait été contractée dans le cercle familial. Décidément, quelle époque…
Des réactions outrées
La parution de cet article a d’ailleur suscité des réactions outrées de la part d’internautes estimant excessif que l’on évoque un « poujadisme larvé » ou « une rage excessive », sans forcément tenir compte des nuances du propos et sans reconnaître le moins du monde la spécificité de la gestion de la cité.s Leur argumentation témoigne davantage encore de ce fossé et illustre une incompréhension totale à l’encontre de certaines activités des politiques qui édictent les règles, mais ne les respecte pas. « Puisque je suis cité dans cet article comme ayant fait part d’un ‘ras-le-bol excessif et exagéré’, je tiens à confirmer que vu les faits listés ci-dessus, ceux qui exagèrent sont tous ces mandataires publics qui s’affranchissent publiquement des règles et tentent de le justifier », dit l’un.
https://twitter.com/francoiscoppens/status/1354183014922788865François Coppenshttps://twitter.com/francoiscoppens
Bonsoir @Ovif8 , j’ai l’impression que vous ne comprenez pas bien ce qu’on reproche aux politiques dans les exemples que vous citez dans cet article. J’aimerais clarifier. https://t.co/XvRBrqVt2C
— François Coppens (@francoiscoppens) January 26, 2021
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Dans un long thread (une succession de messages courts sur Twitter qui développent une argumentation – Ndlr), François Coppens reprend les arguments un par un. En commençant par la réception de Nouvel An de l’Open VLD: « Le problème c’est que les rassemblement privés de + de 4 personnes sont interdits, sauf exceptions (et aucune ne vise une réception de nouvel-an d’un parti, qui est bien un rassemblement privé) », souligne-t-il.
La visite dans une entreprise d’un député? « Le problème c’est que le télétravail est obligatoire sauf s’il est impossible en raison de la fonction ou de la continuité du service. Cette règle s’applique dans tous les secteurs, y compris les secteurs « essentiels ». Et donc au-delà du secteur, c’est l’impossibilité de télétravailler qui est (légitimement) mise en doute, s’agissant d’avoir une discussion avec un entrepreneur. »
La visite de travail d’une maire? « Outre le télétravail obligatoire déjà évoqué, c’est évidemment l’interdiction de voyager vers la Belgique qui irrite. Même si je ne suis pas certain que cette dernière règle était déjà applicable. » En effet.
« Des règles qui ne permettent pas au citoyen de savoir ce qu’il peut faire, et qui permettent à l’autorité de justifier n’importe quoi, c’est contraire à l’état de droit, conclut-il. Un problème que de nombreux juristes pointent depuis des mois, sans être écoutés. » En analysant que les citoyens sont à fleur de peau, ce qui était l’objet de ce texte, on ne pouvait mieux dire.
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