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Bruxelles : du neuf pour le palais de justice en ruine ?

L’avenir du palais de justice de Bruxelles pose problème. Tant le ministre que le barreau s’en inquiètent.

Le Vif/L’Express : Il se dit, dans le milieu judiciaire, que des décisions seraient proches. Est-ce vrai ?

Stefaan De Clerck : Maintenant que nous avons eu le concours d’idées, nous préparons un programme modèle que, si je suis encore ministre en septembre, je soumettrai aux magistrats et aux avocats afin de savoir s’ils partagent notre philosophie. La question, c’est bien sûr de savoir ce que l’on mettra dans le vieux palais et quoi d’autre ailleurs, sachant que toute la justice bruxelloise ne peut plus rentrer dedans. Ce qui me paraît certain, c’est qu’il y a des espaces supplémentaires à développer. Savez-vous, par exemple, que les caves couvrent 30 000 mètres carrés ? Bref, lorsque nous serons d’accord, la Régie des bâtiments lancera un appel à projets.

Jean-Pierre Buyle : C’est un bon premier pas. Qu’on crée des complémentarités ne serait pas une mauvaise chose. Ainsi, l’idée que vous évoquez d’installer un restaurant dans les caves ne nous déplaît pas, pas davantage que celle d’organiser des visites de la coupole ou d’organiser des activités culturelles. Mais ce que nous souhaitons, c’est que le palais soit prioritairement réservé à la justice. Il faut y faire revenir les cours et tribunaux. La moitié de ce palais est vide et on ne comprend pas comment on en a chassé toute une série de juridictions !

Stefaan De Clerck : J’entends bien. Mais reconnaissez que le sujet s’est développé avant que je sois à nouveau ministre de la Justice. Et des décisions avaient été prises sans qu’on envisage la totalité du problème. Voilà enfin, maintenant, qu’on a un débat sur l’ensemble, le palais, la place Poelaert tout entière…

Jean-Pierre Buyle : Il manquait un capitaine pour mener ce navire et c’est pourquoi le barreau de Bruxelles propose qu’on mette sur pied une fondation d’intérêt public où seraient présents les acteurs de justice mais également les piliers importants de la cité, comme le quartier des Arts, le palais des Beaux-Arts, le Conservatoire, tous gens sages et ayant des idées.

Cela dit, il faudrait surtout restaurer ce palais ! Ce n’est certes pas de votre responsabilité, mais la Régie des bâtiments dispose depuis des années d’un budget qu’elle ne dépense qu’à moitié. Cela fait des millions en moins chaque année. Ce n’est pas normal : à Gand, à Anvers, à Liège, à Mons, on dépense des 150 ou des 300 millions pour faire des palais de justice flambant neufs. Très bien. Mais à Bruxelles, on a cette espèce de ruine où il pleut, avec des pierres qui tombent, avec des échafaudages inutiles…

Stefaan De Clerck : Au moment où j’ai fait démarrer Liège, Anvers, Gand et Mons, lors de mon premier mandat de ministre [NDLR : seconde moitié des années 1990], il faut bien dire que Bruxelles ne voulait rien. Je le regrette encore mais là, c’est clair, ils ont raté le train… Désormais, il faut faire le travail avec intelligence car cela concerne en réalité toute la ville.

Jean-Pierre Buyle : L’un des soucis majeurs, c’est la sécurité. Va-t-on conserver le pénal au palais ? Si on le retire, comme tout est occupé aux alentours, il faudra faire revenir d’autres instances pour faire de la place. Et, en tout cas, pas question de faire des audiences correctionnelles dans une prison comme vous le…
Stefaan De Clerck : … mais il n’en a jamais été question ! Je n’ai jamais dit ça, jamais ! Cela s’est répété des centaines de fois, mais je ne comprends pas pourquoi on répète bêtement et stupidement cela ! Tout ce que j’ai dit, c’est que quand on aura une grande prison en remplacement de celles de Bruxelles, il faudra prévoir une salle proche pour des chambres du conseil ou des procès exceptionnels, de type terrorisme, Dutroux, etc. Cela, on ne peut plus l’organiser dans un bâtiment classique et normal. C’est tout.

R.P.

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