Bart De Wever © BELGA IMAGE

Bart De Wever, un stratège affaibli, seul candidat président à la N-VA (analyse)

Olivier Mouton Journaliste

Le bourgmestre d’Anvers reçoit une nouvelle dérogation. A la tête du parti depuis 2004, il n’est plus tout-puissant, derrière le Vlaams Belang. Le stratège devra se réinventer pour gérer une ère nouvelle. Se rêve-t-il en Auguste, pacificateur de la Flandre?

Bart De wever sera le seul candidat à la présidence de la N-VA. Les candidats devaient se manifester avant le 12 octobre, pour une élection prévue entre le 26 octobre et le 1er novembre prochains. Le résultat, sans surprise donc, sera annoncé le 14 novembre.

Personne ne défiera donc le fondateur du parti nationaliste flamand, qui restera en place jusqu’en 2023… au moins. Il avait été un moment question que Theo Francken, ancien secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration, ne brigue la tête du parti, avec des accents plus tranchés, mais c’était sans compter la mise à l’écart de la N-VA au fédéral. Avant lui, le vice-président Sander Loones, minsieur « confédéralisme » au sein du parti, avait déjà été présenté comme le successeur potentiel de l’Anversois. Mais Bart De Wever conserve les rênes de son « bébé ».

En poste depuis 2004, le président en titre va toutefois devoir se réinventer, tant il est affaibli par le contexte politique au fédéral et en Flandre.

La N-VA a finalement été écartée du pouvoir fédéral alors qu’elle souhaitait résolument entrer au gouvernement. En attaquant délibérément le MR, Bart De Wever a retourné un allié potentiel contre lui. Sa négociation avec le PS, qui promettait des avancées institutionnelles, a tourné court en raison de l’alliance soudaine née entre les libéraux et les écologistes contre cette dérive « antibelge ». Le leader nationaliste a payé cash cette erreur stratégique, même s’il mise sur l’échec de la Vivaldi pour accomplir son rêve confédéral en 2024.

En Flandre, la N-VA recule fortement dans les sondages, cédant la place depuis les élections à un Vlaams Belang qui a le vent en poupe. L’extrême droite tape très fort là où la N-VA doit désormais mener une opposition dure, mais constructive – à tout le moins dans les formes. Pour l’heure, les principaux leaders de la N-VA refusent de créer un « front flamand » de type Forza Flandria avec les extrémistes.

A la tête du gouvernement flamand, le ministre-président Jan Jambon a perdu de sa superbe après avoir été durement attaqué dans le cadre de l’affaire Chovanec, du nom de ce citoyen slovaque tué par des policiers lors d’une intervention à l’aéroport de Charleroi. Il se retrouve en outre isolé au sein de l’exécutif nordiste, face à l’Open VLD e tau CD&V qui ont des relais forts au fédéral.

Bart De Wever mise sur le volet identitaire pour se réinventer depuis trois ans. La N-VA avait quitté la Suédoise après avoir refusé d’approuver le Pacte sur les migrations des Nations unies. Il a rédigé un livre intitulé Over Identiteit qui résume bien sa vision de la « communauté ». Le nouvel idéologue du parti, Joren Vermeersch, privilégie lui aussi le thème de l’identité et de l’immigration au-delà de l’ancienne ligne strictement communautaire.

Faut-il y voir la préparation d’un schéma menant à une rdicalisation de la N-VA sur ces questions « nationales » flamandes? Le risque est toujours grand de voir encore l’électorat flamand préférer l’original – nommé Vlaams Belang – à la copie. Si certains envisagent un rapprochement entre les deux partis d’autres constatent que Bart De Wever n’y a jamais été favorable et, lors des récents débats au parlement, le ton était âpre entre députés N-VA et Belang.

Bart De Wever est un stratège dont l’étoile pâlit au nord du pays. Il va garder les rênes du parti en prenant le risque de voir son rêve nationaliste dévoyé par un rival qui le déborde sur sa droite, mais qui est bloqué jusqu’ici par le cordon sanitaire. Son rêve secret, en prolongeant son pouvoir, est-il de devenir l’Auguste flamand?

A nos collègues de Wilfried, au printemps 2018, voici ce qu’il disait de cet empereur qu’il admire plus que César: « Auguste est resté au pouvoir pendant quatre décennies, de 27 avant Jésus-Christ à 14 après Jésus-Christ, et il a stabilisé un nouveau régime. Avant lui, la République était malade, elle avait connu trois guerres civiles, les institutions vacillaient. Cela aurait pu facilement annihiler tout ce que les Romains avaient réussi jusque-là. Si cet effondrement ne s’est pas produit, c’est grâce à Auguste. »

Se voit-il en pacificateur de la Flandre? Auguste, disait-il alors, est mort dans son lit, pas au combat. Serait-ce là son nouvel espoir de pouvoir éternel?

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