AstraZeneca: France, Italie, Espagne et Allemagne suspendent, la pression monte en Belgique
De plus en plus de pays, européens ou non, suspendent l’administration du vaccin anti-Covid d’AstraZeneca. Sous pression, la Belgique ne suit pas le mouvement… pour l’instant. Que pèserait, chez nous, une suspension de ce vaccin?
De nombreux pays ont suspendu l’administration du vaccin contre le Covid de la firme AstraZeneca. Ces derniers jours, nos voisins s’y mettent également : les Pays-Bas hier, l’Allemagne ce lundi après-midi. La France suspend également, dans l’attente, demain, de l’avis du régulateur européen, de même que l’Italie et l’Espagne. Mais chez nous, et malgré des pressions à plusieurs niveaux, rien ne bouge, pour l’instant du moins. Le Conseil supérieur de la Santé, qui s’est réuni en urgence ce lundi, a même confirmé sa position de poursuivre la vaccination avec ce vaccin, annonce la RTBF. La ministre wallonne de la Santé, Christie Morreale (PS) a elle évoqué des « inquiétudes légitimes » en évoquant la décision prise par les Pays-Bas.
Samedi, notre task force vaccination a justifié sa décision de continuer à utiliser ce vaccin en dépit de la suspension des opérations de vaccination dans une série de pays européens à la suite d’éventuels liens entre des cas de thrombose enregistrés en Europe et l’administration de ce vaccin. Cette mesure de précaution a été prise à la suite de la livraison d’un lot d’environ un million de vaccins à dix-sept pays européens, mais pas à la Belgique.
Des problèmes de confiance…
L’Agence européenne des médicaments (EMA), qui tiendra une réunion extraordinaire jeudi (voir encadré ci-dessous) a ouvert une enquête « accélérée », tout en assurant mercredi qu’il n’existait aucun lien, selon une enquête préliminaire, entre le vaccin d’AstraZeneca et trois cas de thrombose – deux en Autriche et un au Danemark – survenus après une vaccination. L’EMA a souligné que les avantages continuent de l’emporter largement sur les risques.
Lire aussi : Vaccin Covid: la Belgique, mauvais élève européen ?
Un raisonnement qui est partagé par la task force vaccination au niveau belge. « Les avantages l’emportent sur les risques. La balance est positive », a affirmé l’un de ses membres, le professeur Jean-Michel Dogné lors d’un point de presse en ligne. Il a cité les trente cas rapportés d’incidents thromboemboliques par rapport aux quelque cinq millions de personnes vaccinées au sein de l’Espace économique européen (EEE). C’est une incidence inférieure à celle que l’on trouve dans la population générale, a souligné le professeur Dogné, qui dirige le département de pharmacie de l’Université de Namur et est expert auprès de l’Agence fédérale des Médicaments et des Produits de Santé (AFMPS) ainsi qu’auprès du comité mondial de sécurité vaccinale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Si la Belgique garde pour l’instant le cap, la ministre wallonne de la Santé Christie Morreale, interrogée sur LN24, estime l’inquiétude liée à AstraZeneca « légitime ». Une situation suivie scrupuleusement via les évolutions de l’enquête de l’OMS et de l’Agence européenne des Médicaments. La ministre wallonne de la Santé s’est néanmoins montrée rassurante, affirmant qu’elle n’avait pas déconseillé à son propre père d’utiliser ce vaccin. « Sur le plan personnel, je suis confiante vis-à-vis de ce vaccin », a-t-elle déclaré.
Inquiétude également chez les bourgmestres, confrontés aux questions et à la méfiance des citoyens. « Après que plusieurs états ont décidé de suspendre l’administration de l’AstraZeneca, de plus en plus difficile pour les bourgmestres assaillis de questions d’expliquer qu’il faut garder confiance. N’est-ce pas un droit du patient de choisir avec son médecin le vaccin? », se demande ainsi le bourgmestre de Woluwe-Saint-Lambert Olivier Maingain.
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#vaccination après que plusieurs états ont décidé de suspendre l’administration de l’AstraZeneca, de + en + difficile pour les bourgmestres assaillis de questions d’expliquer qu’il faut garder confiance. N’est-ce pas un droit du patient de choisir avec son médecin le vaccin?
— Olivier Maingain (@OlivierMaingain) March 15, 2021
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De son côté, l’épidémiologiste Yves Coppiters tente d’apaiser, sur Twitter.
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Trop de messages d’inquiétude et de confusion sur le vaccin #Astrazeneca. Il manque une communication claire sur ses bénéfices-risques, l’importance des MG dans les choix individuels, les alternatives possibles (ou pas), les raisons de la stratégie belge et des autres pays !
— Yves Coppieters (@YvesCoppieters) March 15, 2021
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… de livraison…
La confiance est également fragilisée sur le terrain des livraisons. AstraZeneca a annoncé de nouvelles réductions de livraisons de son vaccin contre le Covid-19 à l’Union européenne, invoquant des restrictions d’exportation. L’entreprise devait livrer à partir du 1er avril 4,6 millions de doses à la Belgique. La Belgique pourrait donc ne recevoir au second trimestre que la moitié des vaccins escomptés d’AstraZeneca. Un déficit qui pourrait être compensé par la disponibilité de trois autres vaccins, dont celui du géant américain Johnson & Johnson qui ne nécessite qu’une seule dose par personne.
Mais cela pourrait se réduire à moins de la moitié, a affirmé le président de la task force vaccination, Dirk Ramaekers. « Ce sera peut-être encore moins », a-t-il ajouté en précisant que les chiffres exacts ne seront connus que dans la courant de la semaine prochaine. Ramaekers et d’autres membres de cette instance fédérale ont toutefois relativisé l’impact possible de ces retards de la part d’AstraZeneca sur la campagne de vaccination. Même si « on devient malheureusement habitué » avec les annonces successives de l’entreprise, selon l’expression visiblement agacée de l’administrateur général de l’Agence fédérale des Médicaments et des Produits de Santé (AFMPS), Xavier De Cuyper, parlant de livraisons « chaotiques » de la part de ce groupe.
… et de stratégie
Si la Belgique décidait, finalement, de suspendre à son tour l’administration du vaccin AstraZeneca, il y aurait bien sûr un impact sur la stratégie de vaccination, dont le calendrier est modifié au gré des approbations et des (retards de) livraisons. Cependant, le vaccin AstraZeneca n’est pour l’instant pas le plus utilisé en Belgique, loin de là.
Selon l’ECDC (chiffres du 14 mars), la Belgique a reçu 1.492.605 doses de vaccins – Pfizer, Moderna et AstraZeneca confondus – et en a administré 1.087.408. Cela fait plus de 405.000 doses non administrées. En résumé : 72,9% des doses reçus ont été administrées. Au niveau européen, la Belgique se retrouve dans la deuxième partie de classement (19e). Le différentiel entre le nombre de doses livrées et administrées se justifie en partie par la nécessité de conserver une réserve pour administrer la seconde dose nécessaire à une vaccination complète.
Si on regarde le détail des vaccins, on remarque que les doses de Pfizer sont largement utilisées, qu’il reste moyennement de doses de Moderna, tandis que les doses du vaccin AstraZeneca sont davantage en suspens (150.565 doses administrées sur 415.200 reçues. Ce n’était pas si étonnant. Pour Pfizer, de nombreuses doses ont déjà été administrées, et le temps d’attente entre les deux doses a été allongé de 21 à 35 jours, permettant d’utiliser davantage de doses en stocks sans risques d’en manquer en attendant une livraison tardive. Pour le Moderna, la Belgique veut en revanche s’assurer que la deuxième dose est bien sécurisée. Mais pour l’AstraZeneca, l’explication n’est pas unique. Méfiants envers ce vaccin, certains Belges décident également de ne pas répondre positivement à leur convocation. Mais le grand stock d’AstraZeneca est également dû à une stratégie changeante, qui a tantôt exclus, tantôt inclus certaines tranches d’âge, redistribuant les clés de répartition.
EMA et OMS vont se réunir
L’Agence européenne des médicaments, l’EMA, a réitéré lundi son avis que les bénéfices du vaccin AstraZeneca contre le coronavirus continuent de peser plus lourd dans la balance que les risques d’effets secondaires.
L’Agence continue d’examiner les cas connus d' »incidents thromboemboliques » parmi les personnes vaccinées avec ce produit, indique-t-elle. Son comité d’évaluation du risque poursuivra mardi ce travail et conclura lors d’une réunion extraordinaire convoquée jeudi, annonce l’EMA.
L’apparition de caillots sanguins chez certaines personnes ayant reçu le vaccin AstraZeneca a poussé différents Etats à suspendre la vaccination avec ce produit sur leur sol, dès la semaine dernière. D’autres Etats, comme la France, ont fait de même lundi, « par précaution ».
L’Organisation mondiale de la santé, en première ligne dans la lutte internationale contre la pandémie, va réunir mardi son groupe d’experts sur la vaccination pour étudier la sécurité du vaccin AstraZeneca, a annoncé le chef de l’agence onusienne.
L’OMS réunit son groupe d’experts
« Le Groupe consultatif d’experts de l’OMS sur la vaccination a examiné les données et est en contact étroit avec l’Agence européenne des médicaments. Et nous nous réunirons demain », a déclaré en conférence de presse Tedros Adhanom Ghebreyesus, alors que plusieurs nouveaux pays ont suspendu par précaution l’administration du vaccin contre le Covid-19 d’AstraZeneca, après le signalement d’effets secondaires.
L’Organisation mondiale de la santé, en première ligne dans la lutte internationale contre la pandémie, va réunir mardi son groupe d’experts sur la vaccination pour étudier la sécurité du vaccin AstraZeneca, a annoncé le chef de l’agence onusienne.
« Le Groupe consultatif d’experts de l’OMS sur la vaccination a examiné les données et est en contact étroit avec l’Agence européenne des médicaments. Et nous nous réunirons demain », a déclaré en conférence de presse Tedros Adhanom Ghebreyesus, alors que plusieurs nouveaux pays ont suspendu par précaution l’administration du vaccin contre le Covid-19 d’AstraZeneca, après le signalement d’effets secondaires.
Selon la Task force vaccination, la Belgique souhaite réduire d’environ cinq jours à trois le délai entre l’arrivée des vaccins dans le dépôt central et la livraison aux centres de vaccination. Pour l’instant, il y a environ de quatorze jours s’écoule entre l’arrivée de vaccins en Belgique et leur injection effective.
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