Après les prisons flamandes, ce sont les francophones qui se seront en grève ce mardi
Le mouvement durera jusque 22h. Le personnel pénitentiaire dénonce la surpopulation carcérale et le manque d’effectifs. On dénombre 1.1000 détenus dans les 35 établissements pénitentiaires du pays qui ne peuvent en théorie en accueillir que 9.500 détenus.
Après les prisons flamandes, c’est au tour des prisons francophones du pays de se croiser les bras pendant 24 heures à partir de ce lundi à 22h00. Les prisons de Saint-Gilles et de Forest resteront elles aussi en grève, jusque mardi 22h00. Le personnel pénitentiaire dénonce la surpopulation carcérale couplée à un manque d’effectifs.
Les syndicats ont entamé un mouvement de grève dimanche à 22h00, en commençant par les prisons flamandes ainsi que celles de Saint-Gilles et Forest. Le sud du pays (avec également les prisons bruxelloises) poursuit les actions de lundi à mardi soir.
Du côté néerlandophone, la grève a été majoritairement bien suivie, le seuil pour assurer le service minimum n’ayant pas été atteint à Bruges, Termonde, Louvain Central, Malines, Merksplas Audenarde, Saint-Gilles, Forest, Turnhout et Wortel. Cela signifie que les personnes détenues ont dû rester dans leur cellule pendant 24 heures.
A Gand, les détenus ont pu sortir se promener l’après-midi seulement tandis qu’à Hoogstraten, le service minimum a été assuré. Le personnel pénitentiaire proteste contre un manque d’effectifs et une surpopulation carcérale « rarement atteinte », explique Claudine Coupienne, secrétaire permanente à la CSC Services publics. Alors que l’ancien ministre de la Justice, Koen Geens, s’était engagé à un plafond de 10.000 détenus maximum dans les prisons du pays, « on est presque à 11.000 » personnes emprisonnées actuellement, souligne-t-elle.
Les 35 établissements pénitentiaires du pays ne peuvent pourtant accueillir en théorie que 9.500 détenus. « Normalement, une cellule est prévue pour une personne mais maintenant il y a trois détenus par cellule », illustre Mme Coupienne, « avec l’une qui dort sur un matelas par terre ».
Du côté de l’administration pénitentiaire, on explique déjà mettre tout en oeuvre pour limiter cette surpopulation, un phénomène « qui date depuis des années », souligne Kathleen Van de Vijver, sa porte-parole. La maison d’arrêt d’Anvers a notamment dû faire face à une arrivée massive de personnes en détention préventive, arrêtées dans le cadre de l’enquête sur un vaste trafic de drogue utilisant des téléphones cryptés Sky ECC. L’opération a permis d’arrêter 500 individus, dont 200 ont été placés en détention préventive. « Nous avons décidé d’une action humanitaire, en ajoutant des lits supplémentaires dans les autres prisons et en effectuant des transferts depuis la prison d’Anvers » où les détenus dormaient par terre, explique la porte-parole.
À cette surpopulation carcérale, s’ajoute un manque de personnel, poursuit la syndicaliste de la CSC. Il manque 350 agents pour atteindre le cadre de 6.850 employés, fixé pour 10.000 détenus, insiste Mme Coupienne. « Nous recrutons mais cela prend du temps », rétorque Kathleen Van de Vijver. « Nous avons lancé une campagne et on espère que dans les prochaines semaines et mois, nous aurons du personnel en plus. Grève ou pas grève, on continue. » Tout cela « crée beaucoup d’insécurité », estime cependant Mme Coupienne, avec des détenus entassés ce qui ne favorise pas le calme et des agents en sous-effectifs qui ne peuvent prendre le temps de discuter avec chacun et chacune.
C’est pourquoi le personnel pénitentiaire a entamé ce mouvement de grève étalé sur 48 heures et réparti dans tout le pays. De récentes rencontres avec le ministère de la Justice n’ont pas porté leurs fruits. « Il y a eu des propositions pour améliorer le recrutement mais le problème se situe aussi du côté des magistrats qui n’arrêtent pas d’incarcérer sans tenir compte de la surpopulation des prisons », pointe Claudine Coupienne.