Carte blanche
Ahmed El Khannouss n’a pas sa place chez les humanistes (carte blanche)
Ahmed El Khannouss a récemment pris la défense de l’imam Mohamed Toujgani, à qui le secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration avait décidé de retirer le permis de séjour. Pour Joël Rubinfeld, de la Ligue belge contre l’antisémitisme, cela est « incompatible avec la charte du cdH ».
Échevin et député bruxellois par le passé, Ahmed El Khannouss est aujourd’hui conseiller communal cdH à Molenbeek. Au long de sa carrière politique, l’élu du parti humaniste multipliera les outrances. On le verra notamment défiler dans des manifestations anti-israéliennes émaillées d’appels au meurtre des Juifs et où flottaient au vent les bannières d’organisations classées terroristes par l’Union européenne, telles que le Hamas et le Djihad islamique.
Autres « faits d’armes » : début 2011, alors que le printemps arabe faisait rage, El Khannouss assistera à Tripoli à une conférence organisée par Mouammar Kadhafi, tous frais payés par le dictateur libyen. Thuriféraire de l’islamiste en col blanc turc Recep Tayyip Erdogan, El Khannouss s’exprimera en 2015 sur le génocide des Arméniens en ces termes : « Que le massacre des Arméniens doive être ou non appelé un génocide ? Je m’en fous ! »[1]
À son actif également, El Khannouss sera l’un des quatre députés qui, en 2010, ont activement milité pour la libération d’Oussama Atar, alors emprisonné dans les geôles irakiennes pour avoir rejoint Al-Qaïda. S’exprimant lors d’une manifestation appelant à la libération d’Atar, El Khannouss déclarera : « Nous continuons sur le plan politique à mettre la pression ».[2] Les militants de la campagne « Sauvons Oussama » obtiendront finalement gain de cause : le cerveau des attentats du 22 mars 2016 à l’aéroport de Zaventem et à la station Maelbeek, et de ceux du 13 novembre 2015 à Paris, sera libéré et rapatrié en Belgique en 2012…
Lire aussi: Mohamed Toujgani: l’imam indésirable (portrait)
Dernier incident en date : le 13 janvier dernier, la presse rend publique la décision prise par le secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration Sammy Mahdi de retirer le permis de séjour de Mohamed Toujgani, imam de la mosquée Al-Khalil à Molenbeek, la plus grande mosquée de Belgique. Le jour-même, El Khannouss s’insurge sur son mur Facebook contre cette décision qu’il qualifie d’ « inique et totalement injustifiée ! » et appelle à ce qu’une « solution soit trouvée pour mettre fin à cette mesure de déportation ! ». On notera que le recours par El Khannouss au terme « déportation » n’est pas innocent, a fortiori lorsque l’on sait que l’imam n’a pas été expulsé du territoire mais bien notifié de cette décision alors qu’il était au Maroc.
El Khannouss défend depuis becs et ongles l’imam pourtant qualifié de « danger pour la sécurité nationale » par la Sûreté de l’État ; l’imam qui, d’après un rapport de la division anti-terroriste de la police judiciaire de Bruxelles, aurait fait partie d’une cellule de recrutement de jeunes pour le djihad en Irak, qui pour certains d’entre eux apparaîtront plus tard dans les dossiers des attentats de Bruxelles et Paris ; l’imam qui, lors de ses prêches, clame que « les Juifs sont une insulte à Dieu »[3] et implore Allah de brûler les juifs, pardon, les sionistes.
Coutumier de dérives incompatibles avec la charte du cdH, El Khannouss en reste pourtant à ce jour l’un de ses élus et son chef de groupe à Molenbeek. Plusieurs élus humanistes s’en sont émus et, le 14 janvier, le Comité de déontologie du parti a été saisi du dossier.
À ce stade, force est de constater que le traitement de cette affaire par les instances du cdH contraste singulièrement avec celui d’une autre affaire, celle de l’échevin Thierry Van De Plas officiant à Crainhem qui, lors d’un échange sur Facebook, avait écrit « Les chambres à gaz, c’est du bidon ! »[4]. En 2014, le cdH, présidé alors par Benoît Lutgen, n’aura eu besoin que de 48 heures suite à l’interpellation de la Ligue belge contre l’antisémitisme pour que son Comité de déontologie se réunisse, auditionne l’échevin négationniste, puis tranche sans faillir : exclusion du parti !
Aujourd’hui, 11 jours après que le parti se soit saisi du dossier, le Comité de déontologie qui, semble-t-il, n’aurait pas encore auditionné El Khannouss, tarde à se prononcer. Par la présente, la LBCA s’adresse dès lors au président du cdH, Maxime Prévot, et au président de son Comité de déontologie, Francis Delpérée, pour que le parti humaniste fasse honneur au H de son acronyme et exclue de ses rangs un élu qui n’y a pas sa place.
Par Joël Rubinfeld, de la Ligue belge contre l’antisémitisme
[1] Ahmed El Khannouss (cdH) attise la polémique : « Génocide arménien ou pas, je m’en fous ! », La Dernière Heure, 21 mai 2015
[2] Reportage sur la manifestation « Sauvons Oussama » devant le palais de Justice de Bruxelles, Mediane TV, 9 octobre 2010
[3] Polygamie, contacts dangereux, espionnage : voici ce que la Sûreté de l’État avait contre l’imam Toujgani, La Dernière Heure, 18 janvier 2022
[4] Un échevin négationniste CDH exclu du parti, Le Soir, 27 octobre 2014
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