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Aéroport de Liège: « On ne peut plus accepter des mains sales avec de l’argent public »

Olivier Mouton Journaliste

Après le licenciement du CEO Luc Partoune pour faute grave, le ministre wallon Jean-Luc Crucke souligne: « Les organes ont fonctionné dans ce cas-ci, ce qui n’était pas le cas dans ce que nous avions étudié lors de la commission d’enquête Publifin. »

Le licenciement pour faute grave de Luc Partoune, CEO de Liège Airport, représente un nouveau séisme en Wallonie. L’homme est tombé dans les convulsions de l’affaire Nethys. Une quarantaine d’infractions auraient été constatées lors de l’audit mené par le bureau Deloitte à la demande des nouveaux dirigeants de l’intercommunale.

Au coeur des manquements constatés par Deloitte, on trouve le recrutement en janvier 2019 d’un consultant, ex-mandataire socialiste et ancien patron de TEC, Jean-Claude Phlypo. Selon la convention qu’il avait nouée avec l’aéroport, M. Phylo était autorisé à facturer un montant de 60000 euros par an, sans grandes réalisations à la clé. Mais il est question aussi de notes de frais insuffisamment justifiées, de non-respect des procédures d’appels d’offres et de marchés publics, ainsi que d’autres incohérences et possibles fautes de gestion.

« Le PTB veut faire le buzz »

Le PTB avait demandé un débat d’actualité sur le sujet, mais cette sollicitation a été refusée en conférence des présidents. « C’est d’autant plus étrange que nous avions déjà formulé cette demande il y a quinze jours, dit Germain Munangango. C’est une mauvaise décision. » Depuis lors, dit-il, les événements se sont pourtant accumulés: arrestation et inculpation de Stéphane Moreau, perquisitions au bureau de Jean-Claude Marcourt (PS), président du parlement wallon, et désormais cette décision à l’aéroport de Liège.

Jean-Paul Wahl (MR) regrette: « Ce que le PTB cherche, ce n’est pas un débat, mais faire le buzz. » « Je ne suis que le notaire, mais pour un tel débat, il faut un consensus des groupes, ce que vous n’avez pas obtenu et vous n’avez pas posé de question d’actualité », souligne Jean-Claude Marcourt (PS), en tant que président du parlement.

Une série de questions d’actualité ont toutefois été adressées au gouvernement, ce mercredi après-midi. « C’est dans le cadre du dossier Nethys qu’un audit a été fait, entame Germain Munangango (PTB). Cela démontre que les pratiques étaient plus larges que la seule clique de Moreau. Comment est-il possible que pendant tant d’années, monsieur Partoune ait pu agir de la sorte?« 

« Nettoyer toutes les structures »

Dans la majorité régionale, on se réjouit que cette décision démontre la volonté de mettre fin aux pratiques du passé. Olivier Biérin (Ecolo) souligne: « On se trouve ici dans les suites de la commission Nethys et du fait qu’un nouveau gouvernement ait décidé de nettoyer toutes ses structures. La nouvelle direction a demandé des audits et on peut se réjour de ce qui se passe. Disposez-vous désormais de l’audit et avez-vous décidé de le transmettre au parquet avec constitution de partie civile? »

Christina Mauel (MR) parle d’un « rapport accablant » avec cette quarantaine d’infractions et « ces infractions ne sont pas de petite taille« . Elle salue la décision de licencier Luc Partoune : « Je suis satisfaite de cette décision rapide », dit-elle. Philippe Courard (PS) appuie: « C’est révoltant, mais cela démontre qu’un travail est fait pour mettre fin à ces pratiques. » Il demande de pouvoir bénéficier de tous les éléments en toute transparence. « Comptez-vous mettre en place des structures pour ne plus que cela reproduise ? ». Il demande encore que cela n’entâche pas le « brillant outil économique et social » que représente l’aéroport de Liège.

François Desquesnes (CDH) abonde dans le sens des autres interventions. « Dernière question, la plus importante, pour Liège Airport qui reste un fleuron : quand va-t-on remettre un vrai pilote à sa tête? Il y a des défis avec FedEx, Alibaba, les enjeux climatiques… On ne peut pas travailler avec un intérimaire. »

Crucke: « Fermeté, solidarité, stabilité »

Jean-Luc Crucke, ministre MR, résume sa pensée en trois mots: « fermeté, solidarité et stabilité ».

Fermeté: « Le jour même où j’ai appris les faits dans la presse, j’ai écrit au conseil d’administration pour qu’il prenne ses respoonsabilités. Cette fermeté a payé. Et les organes de la société ont fonctionné. Trop souvent, dans la commission Publifin, on constatait que les organes ne fonctionnaient pas. Un licenciement d’un CEO, ce n’est pas rien, on ne badine pas avec les règles de la gestion publique. » Voilà pourquoi il est « solidaire » avec cette décision.

Stabilité: Jean-Luc Crucke parle également d’un « fleuron » et de son souci de le faire fonctionner. Pour remplacer le CEO, l’intérim est assuré par le directeur général adjoint, un ancien chef de cabinet… de Jean-Luc Crucke lui-même, Frédéric Jacquet. « Une procédure ouverte va être ouverte », insiste le ministre. Mais l’aéroport de Liège reste en capacité de faire son travail. »

« L’audit sera-t-il public?., poursuit-il Je ne l’ai pas et je n’ai pas à l’avoir. » Les faits ne sont pas légers, reconnaît-il. Est-ce que le conseil d’administration a décidé de transmettre à la justice? Pour certains cas oui, d’autres sont encore à l’instruction. En ce qui concerne le gouvernement, le ministre fera un rapport jeudi et le gouvernement tranchera.

« Trop souvent, j’ai entendu parler de mains invisibles, conclut-il. Moi, simplement, je dis que l’on ne peut plus accepter des mains sales avec de l’argent public sur le territoire walon. »

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