Accueil des réfugiés: efficace pour les Ukrainiens… mais toujours plus problématique pour les autres
Les réfugiés ukrainiens ne cessent d’affluer en Belgique, près de 8000 se sont déjà enregistrés. Mais tous les réfugiés qui continuent d’arriver ne sont pas Ukrainiens. Chaque jour, des Afghans, des Irakiens, des Palestiniens ou des Ethiopiens franchissent le territoire de la Belgique à la recherche, eux aussi, d’un endroit où se réfugier. Sont-ils oubliés ?
Si l’ouverture du Palais 8 au Heysel a soulagé l’enregistrement des réfugiés ukrainiens, les files devant le Petit-Château, centre d’arrivée pour les demandeurs de protection à Bruxelles, s’agrandissent. Lorsque des réfugiés qui ne possèdent pas les documents ukrainiens se présentent au Palais 8, c’est là qu’ils sont renvoyés. Certains ukrainiens qui ne sont pas en ordre de documents y sont eux aussi parfois réorientés. Nancy Ferroni, porte-parole de la Croix Rouge, explique qu’il y a des problèmes de communication, et que l’organisme distribue des flyers traduits en anglais et en ukrainien pour informer les réfugiés.
Plusieurs ONG ont alerté les autorités sur la situation ingérable au Petit-Château. Une action était organisée mardi matin devant le bâtiment par Médecins du Monde Belgique, Coordination et initiatives pour réfugiés et étrangers (Ciré) et la plateforme citoyenne d’aide aux réfugiés. Leur objectif était de dénoncer la réalité des réfugiés devant le Petit-Château. La directrice du Ciré, Sotieta Ngo, explique que chaque jour, une centaine de réfugiés demandent la protection mais n’arrivent pas à avoir de place, et plusieurs sont contraints de dormir dehors car ils n’arrivent pas à s’enregistrer. Elle met tout de même en garde sur le fait que le traitement des réfugiés ukrainiens, qui bénéficient de la protection temporaire, n’est pas comparable aux autres réfugiés. Les ONG saluent d’ailleurs cette initiative. Mais ce qui est comparable, ce sont les besoins qui sont les mêmes pour tous les réfugiés. Et certains sont laissés à la rue, insiste-t-elle.
Selon Médecins du Monde Belgique et le Ciré, ces files s’expliquent notamment par une mobilisation importante du personnel de Fedasil et de l’Office des étrangers au Palais 8. Mais le porte-parole de Fedasil, Benoit Mansy, assure que du personnel est toujours présent au Petit-Château, parce que les personnes mobilisées pour le Heysel occupaient d’autres services. Selon lui, c’est surtout le manque de places, qui date de bien avant l’arrivée des Ukrainiens. La directrice du Ciré estime qu’une solution potentielle serait de libérer de la place en offrant une aide financière à certains réfugiés, plutôt qu’une aide matérielle. En attendant, Fedasil continue de chercher des lits pour éviter que des réfugiés dorment dehors. De son côté, la porte-parole du cabinet du secrétaire d’État à l’Asile et la Migration Sammy Mahdi affirme qu’une réorganisation de l’affectation du personnel est discutée afin d’assurer une prise en charge des réfugiés aussi bien au Heysel qu’au Petit-Château (Belga).
Pour la plupart des associations, le problème doit être réglé par l’Etat belge, qui avait d’ailleurs été condamné fin janvier par le Tribunal de Bruxelles pour non-respect de ses obligations envers les demandeurs de protection. La situation actuelle a pourtant démontré que la mobilisation rapide était manifestement possible, selon Sotieta Ngo. La solidarité des citoyens, l’appel lancé aux communes et la mise en place de plateformes pour rencencer les hébergements, des pistes pour améliorer la gestion globale des demandeurs d’asile, pas seulement lorsqu’ils sont Ukrainiens ?
Sarah Duchêne
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