À quoi ressemblera Nivelles en 2030 ?
La cité aclote veut un avenir vert, fluide, propre. Y parvenir passe par moins de voitures et un changement d’habitudes. Avec l’aide du digital.
Lorsqu’on demande à Pierre Huart à quoi ressemblera Nivelles à l’horizon 2030, le bourgmestre aclot fixe ses yeux dans le vague et prédit : » Elle sera encore plus verte et écologique qu’aujourd’hui, plus propre car débarrassée des dents cariées que sont ses chancres industriels et, côté mobilité, Nivelles sera… aussi fluide que maintenant. Ce qui est déjà une belle promesse vu la forte hausse démographique prévue dans la région d’ici 2030. » Pour la tenir, l’édile dit ne pas disposer d’un plan global. Pourtant, au fil de ses réponses se dessine une ligne de conduite réfléchie, pour amener la cité de 28 500 habitants vers une mobilité et une vie communale intelligentes.
Le gros morceau, c’est la mobilité. La commune s’est saisie de l’encombrant dossier depuis 2001 sur la base d’un plan, actuellement réactualisé par un bureau d’études. Car les défis ont évolué. Nouveaux projets et idées fourmillent tous azimuts. Certaines sont même déjà appliquées. Côté vitesse, la ville a mis le coup de frein en faisant passer en zone 30 tout l’intra-muros et le village de Thines. Et dans le quartier du Petit Baulers fort de 4 000 logements, on est même en zone 20, aménagée de chicanes dissuasives en zigzag. Le périmètre s’élargira encore. Mais il ne suffit pas de ralentir les voitures, encore faut-il en diminuer le nombre. Là aussi, Nivelles veut changer les mentalités.
Par exemple, pour tout dossier d’urbanisme impliquant un certain nombre de logements, la commune veut obliger le promoteur à prévoir des voitures partagées, service inclus dans les charges des futurs propriétaires ou locataires. La ville a aussi organisé un service de bus qui dessert désormais les zonings d’affaires nord et sud, matin, midi et soir. » Il faut vraiment changer les habitudes « , martèle le mayeur qui, en périphérie de Nivelles, est confronté au flux intense et naturel de voitures des employés des deux zonings. » A ce niveau, nous attendons impatiemment que tout le ring sud de Nivelles passe intégralement en deux voies, y compris sur les ronds-points actuellement sur une seule. Aberrant. C’est l’effet d’entonnoir avec bouchons assurés. »
Quant au RER, toujours pas en vue des quais de gare, il devrait surtout servir aux employés des zonings mais, comme l’analyse le bourgmestre, » pour l’habitant lui-même, le RER n’est pas une attente. Ce sera un train omnibus de banlieue, alors que ce que voudrait le Nivellois, c’est se rendre le plus vite, et en ligne directe, à Bruxelles. »
Zone 2.0
Passionné de nouvelles technologies et de l’approche smart city, le bourgmestre veut mettre aussi le potentiel digital au service d’autres aspects de la mobilité. A commencer par l’épineuse question du parking dans une ville caractérisée par un chassé-croisé important entre ceux qui y emménagent et ceux qui en déménagent, sans oublier les sempiternels travaux de voiries. Deux activités balisées par des panneaux à retirer à la commune et à installer sur place. » Nous avons décidé l’achat de panneaux d’interdiction de stationnement intelligents, annonce Pierre Huart. Grâce à la géolocalisation, nous pourrons voir avec certitude où ils sont, s’ils sont bien positionnés, programmer en direct les heures où l’on ne peut pas stationner en différents endroits, les déménagements en cours… Bref, les nouveaux panneaux fourniront en temps réel une cartographie générale de ces activités et permettront d’anticiper leur incidence sur la mobilité. »
L’édile caresse aussi le rêve d’avoir un jour une vue permanente et instantanée sur l’ensemble du parc de stationnement de Nivelles, tant privé que public. » Grâce aux citoyens eux-mêmes qui indiqueraient via une application quelle place de parking ils occupent. La compilation instantanée de ces données informerait en direct ceux qui cherchent des emplacements disponibles. »
Smart mais verte
Comme un fil rouge, l’approche smart rejoint aussi l’autre grand axe du Nivelles de demain : ses développements propres, durables, écologiques. La ville a, par exemple, décidé de prendre la question des poubelles à bras-le-corps par une gestion repensée des déchets. » Depuis 2012, le nombre de kilos produits par Nivellois a diminué grâce à un travail de sensibilisation. Mais on veut aller plus loin. Nous allons lancer, dans le nouveau quartier de 1 200 logements du val de Thines, une gestion totalement centralisée des déchets ménagers. Plutôt que de déposer leurs sacs-poubelle sur la rue devant chaque maison – ce qui nécessite un ramassage long et fastidieux -, les habitants apporteront leurs déchets dans un seul point containers pour tout le quartier. Ils scanneront une carte pour pouvoir déposer leur poubelle, qui sera pesée. En fonction du poids, une somme leur sera débitée. Ce coût instantané poussera l’usager à mieux trier et à réduire sa production de déchets. »
Au rayon énergie, Nivelles mise aussi sur le digital en vue des nouveaux compteurs intelligents généralisés dès 2019. » Nous en avons déjà sur Baulers, savoure le bourgmestre. A terme, toute information liée à la consommation énergétique sera disponible via smartphone et le particulier pourra gérer ses paramètres énergétiques en temps réel. » La Ville veille aussi, via la réglementation d’urbanisme, à encourager les maisons basse énergie et, côté production, elle a accompagné le projet éolien des Vents d’Arpes, quatre éoliennes déployées en bord du zoning sud. Avant d’autres ?
Nivelles pense donc vert. Bien que le bourgmestre voie encore rouge à l’évocation des quelques chancres industriels enclavés dans la ville. » Ce sont des dents cariées à arracher au plus vite, à assainir et reconvertir en zone d’habitations. Le premier sera le val de Thines, sur l’ex-site de Idem Papers, où une nouvelle école est aussi prévue. D’autres suivront. Il y a aussi des zones peu peuplées et peu denses en logements à transformer en espaces collectifs plus habités, mieux aménagés et partagés. Ces zones doivent servir à amortir la poussée démographique. Plutôt que d’être contraint de rogner sur la campagne et notre couronne verte. Nivelles veut rester une ville, certes intelligente, mais à la campagne. «
Par Fernand Letist.
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