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50 000 morts du coronavirus en Belgique ? Quand on joue à se faire peur…

Olivier Mouton Journaliste

Le président du syndicat belge des médecins annonce 850000 cas possibles en Belgique… si on ne fait rien. Son homologue bruxellois estime cela « exagéré ».

Une opinion « aussi objective que possible » du docteur Philippe Devos, président du syndicat belge des médecins (Absym), tourne avidement sur la toile. Les chiffres qu’il met en avant ont effectivement de quoi inquiéter : il pourrait y avoir 850 000 cas de coronavirus en Belgique et 50 000 morts. Encore faut-il lire cet avertissement attentivement et jusqu’au bout. Ce texte est avant tout une mise en garde invitant chacun à prendre les mesures de précaution les plus élémentaires. Ce n’est pas pour rien que l’opinion est titrée comme suit : « Armageddon ou Foutaise ? ».

Selon lui, il pourrait donc y avoir 850 000 cas en Belgique. C’est la déduction d’un simple calcul mathématique. « Le coronavirus est 1,7 fois plus contagieux que la grippe saisonnière, écrit-il. Or en Belgique, la grippe touche 500 000 personnes en moyenne par an. Sans mesures de précaution plus drastiques qu’avec la grippe, on risque donc d’avoir 1,7 x 500 000 = 850 000 personnes infectées par le coronavirus en Belgique. »

Le problème pourrait être grave en raison d’un manque de lits « aigus » susceptibles d’accueillir des patients nécessitant un accompagnement plus spécifique. Se basant sur les chiffres italiens, proches des chiffres chinois, le président de l’Absym souligne : « Il y a 30 000 lits aigus adultes dans les hôpitaux Belges. Parmi ceux-ci, on retrouve environ 1 400 lits de soins intensifs qui disposent de machines (respirateurs, dialyse, …) permettant de gérer les cas les plus graves de coronavirus. 30 000 lits pour 117 000 personnes à hospitaliser. 1 400 lits pour 52 000 personnes à admettre en soins intensifs. »

Bref, il risque d’y avoir un sérieux déficit, susceptible d’engendrer un taux de mortalité similaire à celui constaté en Italie. « On a un gros risque donc de monter à 3,9% de 850 000 personnes, c’est-à-dire 33 150 morts sur 11 millions d’habitants (0,3% de la population belge qui meurt). C’est « peu » (on ne va pas tous mourir comme on l’entend parfois) mais quand même 100 fois plus que le nombre de tués sur les routes chaque année. » Le nombre de morts pourrait même monter à 50 000 en raison d’autres pathologies (cardiaques notamment) exacerbées par la crise comme ce fut le cas lors de la grippe espagnole, il y a un siècle.

Sa conclusion met toutefois cela en perspective. Largement. « La priorité absolue est d’éviter d’atteindre ces 850 000 infectés. C’est encore faisable. Cela dépend du comportement adéquat de tous. C’est pour cela que les autorités font un tel tapage médiatique. (… )Vous avez votre responsabilité dans cette priorité : respectez les mesures d’hygiène SVP. Nous n’allons pas tous mourir : dans le pire scenario, 0,4% des Belges mourront, en large majorité dans les plus de 80 ans. Arrêtez la psychose. Bref, éduquez autour de vous les gens à l’hygiène de base, partagez ce texte mais restez toutefois rassurés : à moins d’être octogénaire, le risque d’en mourir reste aux alentours de 0,1%. Avec l’aide de tous, le virus sera contenu et les morts ne se conteront que par centaines, comme pour une grippe. Et les grincheux qui n’ont rien compris diront qu’on a alarmé la population pour rien. Ainsi va la vie… »

Précision importante : il ne s’agit pas d’une position officielle de l’Absym, mais bien d’un texte personnel de son président, sur son blog. Gilbert Bejjani, président de l’Absym Bruxelles, nous précise : « J’avais envoyé un mail ce week-end avec ces mêmes chiffres, mais j’extrapolais. Je trouve le chiffre de 850000 exagéré parce que quand la personne est malade, les gens prennent des précautions autour d’elle. Que la ligne du temps fait que les malades ne le seront pas en même temps et enfin que nous pouvons mobiliser plus de lits que les lits aigus. Moins alarmiste, moins inquiet. » Une réunion est prévue mercredi au cours de laquelle les médecins détermineront leur position vis-à-vis des autorités. « Donner des masques ffp2 aux soignants serait un minimum », souligne le président de l’Absym Bruxelles.

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