298 milliards sur les comptes d’épargne: et si les Belges se mettaient à investir vert ?
Plus d’un investisseur belge sur deux souhaiterait placer son argent au profit de la planète. Reste à savoir comment. En Europe, 2022 s’annonce comme une année charnière pour faire des choix plus éclairés. Et éviter de tomber dans le piège du greenwashing.
Les défis sont nombreux et les besoins en capitaux gigantesques. Neutralité carbone, essor des énergies renouvelables et de futures technologies vertes, protection de l’eau potable, des océans, des forêts, de la biodiversité… Dans la panoplie des efforts climatiques et environnementaux à accomplir, l’investisseur soucieux de faire fructifier utilement son épargne a l’embarras du choix. Malgré un taux d’intérêt souvent fixé au minimum légal de 0,11% et inférieur dans tous les cas à l’inflation, quelque 298 milliards d’euros dorment sur les comptes d’épargne des Belges, comme l’attestent les données de la Banque nationale de Belgique (BNB). C’est quinze milliards de plus qu’il y a deux ans. La hausse est encore plus importante sur les comptes à vue, qui se sont garnis de 87 milliards sur la même période (344 milliards au total). Ensemble, les actifs financiers des particuliers ont établi un nouveau record en 2021, en dépassant la barre des 1 500 milliards.
L’intérêt des Belges pour les investissements durables s’est renforcé à la faveur de la crise sanitaire.
Ces chiffres globaux masquent évidemment d’importantes disparités socio-économiques. En 2020, 41% de la population belge étaient dans l’impossibilité d’épargner pendant un mois habituel, soulignait l’Office belge de statistique, Statbel, en octobre dernier. Pour autant, 92% des ménages sondés n’avaient ni dû puiser dans leur compte d’épargne ni dû emprunter de l’argent pour faire face à leurs dépenses courantes. La même année, les particuliers ont engagé, par ailleurs, 7,9 milliards dans des fonds d’investissement et 6,2 milliards en actions cotées, soit les plus gros montants observés depuis 2008.
L’intérêt des Belges pour les investissements durables semble s’être renforcé à la faveur de la crise sanitaire. D’après une étude internationale publiée par le groupe Deutsche Bank, en avril 2021, 70% des clients sondés souhaitent que leurs investissements aient un impact positif pour la société et plus de la moitié sont convaincus que la crise sanitaire a renforcé cette nécessité. La majorité des Belges interrogés considèrent que les défis environnementaux et climatiques doivent constituer la priorité. Selon une autre enquête, menée par le gestionnaire d’actifs financiers Schroders, un investisseur belge sur deux se dit désormais prêt à passer à un portefeuille 100% durable, à condition de maintenir le même degré de risque et de diversification.
Les feux sont donc au vert à tous les niveaux, d’autant que les actifs reposant sur des critères dits ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) affichent globalement de meilleures performances financières. Toutefois, à l’heure où la (pseudo)durabilité constitue l’une des plus puissantes armes commerciales, l’absence de transparence ou d’évaluation des engagements avancés font planer des soupçons légitimes de green- washing. L’année 2022 devrait apporter des avancées majeures à cet égard, par la concrétisation d’une réglementation ESG à l’échelle européenne. Son système de classification devrait, entre autres, aider à identifier les actifs reposant sur des objectifs mesurables en matière d’empreinte carbone ou écologique.
Fonds, actions, green bonds, coopératives d’énergie renouvelable, amélioration de l’efficacité énergétique de son logement… L’investisseur n’a jamais disposé d’autant de leviers pour soutenir les thématiques durables qui lui tiennent à coeur, tout en étoffant son portefeuille. Incontestablement, sa principale difficulté sera de faire des choix éclairés et conformes à sa philosophie de placement.
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