2020, l’année la plus meurtrière depuis 1944 (infographies)
Un peu plus de 127 000 Belges sont décédés en 2020, soit quelque 18 000 décès de plus (17%) qu’en 2019, constate l’Office belge de statistique Statbel. Avril et novembre 2020 présentent les chiffres de mortalité les plus élevés depuis 1840.
Statbel publie les chiffres provisoires de mortalité pour l’année 2020, toutes causes confondues. Sans surprise, ce taux est beaucoup plus élevé que pour les années précédentes. L’Office enregistre provisoirement un peu plus de 127.000 décès en 2020. Cela représente quelques 18.000 décès (17%) de plus qu’en 2019 et 16% de plus que la moyenne de la période 2017-2019.
Ces chiffres de mortalité cachent des différences entre les régions. Par rapport à la même période, le taux de décès a augmenté de 13% en Région flamande, de 19% en Région wallonne et de 23% dans la Région de Bruxelles-Capitale.
Causes des décès
En 2020, le nombre de décès associés au Covid-19 s’élève à 19.620 tandis que celui lié à la canicule atteint 1.503 décès supplémentaires entre le 5 et le 20 août dernier. Pour les années 2015 et 2019, la surmortalité due aux canicules et à la grippe atteignait un pourcentage moyen de seulement 2% par an.
Selon Sciensano, la surmortalité a été plus élevée durant la première vague de l’épidémie (entre les semaines 13 et 18) que durant la deuxième (entre la 43e et la 52e semaine). En effet, la surmortalité y a été « très rapide, élevée et concentrée sur six semaines, tandis que durant la deuxième période, elle a été plus modérée et s’est étendue sur 10 semaines », soulève l’institut.
En moyenne 1.310 personnes supplémentaires sont décédées par semaine durant la première période, contre 806 lors de la deuxième. Il y a eu en moyenne 188 décès quotidiens des suites du Covid-19 durant la première vague, 127 durant la deuxième.
Malgré une hausse plus élevée du nombre de décès à Bruxelles, les chiffres des communes ne montrent pas d’influence d’importante de la densité de population sur la surmortalité. Ainsi, Saint-Josse-ten-Noode, la commune la plus densément peuplée du pays, a une surmortalité comparable à, par exemple, Gingelom, dont la densité de population est de 148 habitants par km².
Densité de population
Le revenu fiscal des habitants ne semble pas non plus jouer un rôle. Étonnamment, il n’y a pas non plus d’effet plus marqué dans les communes qui présentent une plus grande proportion de personnes de plus de 85 ans, même si la confirmation de ce type d’hypothèse requiert des recherches scientifiques plus poussées, estime Statbel.
Depuis 1840, seules six années ont été plus meurtrières en Belgique, note Statbel, qui ne prend pas en compte les chiffres des années de la Première Guerre mondiale. 1940 a été l’année la plus mortelle : 133 718 personnes sont décédées pour une population de 8.396.276. Les années 1940, 1892, 1944, 1900, 1891, et 1883 étaient également plus meurtrières que 2020.
Par contre, avril (15.518 décès) et novembre (14.032 décès) 2020 présentent les chiffres de mortalité les plus élevés. Aucun des deux mois n’a enregistré un chiffre de mortalité aussi élevé depuis 1840 (là encore, Statbel ne dispose pas des chiffres de la Première Guerre mondiale).
Décès par 100 000 habitants
Si l’on observe le nombre de décès par 100 000 habitants, on constate qu’il n’a plus été aussi élevé depuis 1986. Selon les chiffres de Statbel, ce nombre s’élève à 1129 pour l’année 1986. Ensuite, cette courbe a globalement baissé pour remonter à 1106 pour l’année 2020. En Belgique, l’espérance de vie augmente depuis 1885 pour atteindre 84 ans pour les femmes et 79,6 ans pour les hommes en 2019. Les chiffres pour l’année 2020 ne sont pas encore disponibles.
France: la surmortalité en 2020 atteint 9% par rapport à 2019
La France a enregistré en 2020, année marquée par l’épidémie de Covid-19, quelque 53.900 décès de plus qu’en 2019, soit une surmortalité de 9%, toutes causes confondues, selon un bilan provisoire rendu public vendredi par l’Insee.
Au total, « 667.400 décès toutes causes confondues sont enregistrés en 2020 en France, soit 9% de plus qu’en 2018 ou 2019 », précise l’institut statistique.
Le nombre de personnes mortes du nouveau coronavirus est cependant encore plus élevé, notamment car janvier et février 2020, avant le début de la pandémie, avaient été marqués par une mortalité moindre qu’à la même période de 2019 – du fait notamment d’une grippe saisonnière moins virulente que les années précédentes.
Sur les deux premiers mois de l’année, on a ainsi compté 7.500 décès de moins qu’au début 2019. En revanche, pendant la « première vague » du Covid, du 1er mars au 30 avril, l’excédent de mortalité a atteint 27.300 décès (+27% par rapport à 2019). Et même 33.000 morts (+16%) pendant la « deuxième vague » (du 1er septembre au 31 décembre), soit au total, sur les deux « vagues », plus de 60.000 morts de plus qu’en 2019.
L’Insee laisse entendre par ailleurs que le bilan réel de l’épidémie pendant les deux vagues épidémiques pourrait être encore plus élevé, puisque le confinement a pu avoir un « effet protecteur » en réduisant certaines causes de décès, par exemple les accidents de la circulation.
De manière logique, la surmortalité concerne principalement les personnes âgées de plus de 65 ans (+10%) et, de manière négligeable, les tranches d’âge plus jeunes.
2020, année la plus meurtrière depuis 1918?
Mardi dernier, le porte-parole interfédéral de la lutte contre le coronavirus Yves Van Laethem a déclaré que l’année 2020 serait marquée par la mortalité la plus importante que la Belgique ait connue depuis la grippe espagnole et la fin de la guerre en 1918. Si l’on prend 2020 dans sa totalité, ce ne sera pas l’année la plus meurtrière que la Belgique ait connue, vu que pour les années de guerre 1940 et 1944, Statbel enregistre plus de décès par nombre d’habitants que pour l’année 2020. L’office de statistique fait état de 133.718 décès sur une population de 8.396.276 habitants pour l’année 1940 et de 131.188 décès pour 8.246.826 habitants pour l’année 1944.
En revanche, les pires mois de l’épidémie, avril (15.518 décès) et novembre (14.032 décès) 2020 présentent les chiffres de mortalité les plus élevés depuis 1840, si l’on compare les chiffres de mortalité par mois. Là encore, Statbel ne dispose pas des données pour les années 1914-1918.
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