2 800 Belges ont reçu la Légion d’honneur. Et alors ?
Nos compatriotes figurent parmi les chouchous dans la liste des personnalités étrangères à se voir décerner la plus haute distinction. Pourquoi ? Et à quoi leur sert-elle ?
Les Belges (une dizaine par an) sont le plus souvent décorés de la Légion d’honneur, à Bruxelles par l’ambassadeur de France, au cours d’un simple cocktail en petit comité, organisé à la résidence de France aux frais de la République. Et les cérémonies se déroulent plutôt en tir groupé – on y décore en même temps des groupes de cinq promus -, dans la limite de trente invités par personne. Seuls quelques privilégiés, tels Albert Frère (2008) ou Didier Reynders (2013), ont droit à un traitement personnalisé. C’est son ami Nicolas Sarkozy en personne qui a remis au ministre des Affaires étrangères les prestigieux insignes, lors d’une cérémonie clinquante au Palais d’Egmont. Aucun des « numéros un » des plus grosses entreprises ne manquaient à l’appel pour entendre l’ancien président français faire la promo de celui qui « s’il était né Français, aurait été un concurrent ! »
De ces cérémonies, les services de l’Elysée ou la chancellerie ne donnent ni l’agenda ni le décompte exact. Si la Légion d’honneur est une récompense, elle est aussi un ordre, créé par Bonaparte il y a deux siècles. Pour être admis, il faut justifier de services publics ou d’activités professionnelles d’au moins vingt ans, assortis de mérites « éminents au service de la nation, soit à titre civil, soit sous les armes ». Les services exceptionnels et de bravoure pouvant dispenser de ces conditions, mais en suivant l’ordre des échelons.
Pour les étrangers, une procédure distincte est à suivre : chaque chancellerie prépare des dossiers où des listes de personnalités pouvant prétendre à la Légion d’honneur sont avancées. Les sollicitations sont ensuite étudiées par le ministère français des Affaires étrangères. Ce dernier, tout comme le président de la République, fait le tri. L’insigne ne se réclame pas. Le pressenti ne doit écrire aucune lettre de candidature ou d’acceptation.
Aujourd’hui, les épinglés belges se recrutent en majorité dans un cercle restreint : militaires galonnés, diplomates, politiques chevronnés, capitaines d’industrie, scientifiques de renom, artistes de calibre international, académiques, notoriétés médicales…
Récompenser les personnalités étrangères qui ont rendu des « services éminents » à la France, c’est ce critère qui préside au choix des élus. Ces célébrités entrent en fait dans la catégorie assez large et floue d' »amis de la France ». Sans aucun avantage matériel. Seul bénéfice, les promus peuvent porter leur médaille dans les grandes occasions. Et ils ont le droit de faire figurer leur titre sur leurs documents officiels et cartes de visite.
Par Soraya Ghali
Dans le Vif/L’Express, l’intégralité du dossier. Avec les coulisses de la remise de la Légion d’honneur et la liste des décorés belges les plus emblématiques
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