Guillaume Gautier

La chronique de Guillaume Gautier | Le foot belge est-il prêt à se passer de l’argent des sociétés de paris?

Guillaume Gautier Journaliste

Le sponsoring par les sociétés de jeux de hasard et de paris est en voie de disparition dans le football belge. Les clubs seront-ils capables d’amortir cette chute financière?

Si l’exception était peut-être vouée à passer inaperçu, Mario Stroeykens et Chemsdine Talbi n’ont hélas pas joué les discrets. Le but égalisateur providentiel du premier pour les Mauves et le premier but en D1 du second sous les couleurs de Bruges ont mis en évidence des maillots plutôt particuliers. Pas de sponsor sur celui d’Anderlecht, le slogan «No Sweat No Glory» (Pas de gloire sans sueur) pour celui du Club. S’ils ne sont pas des cas isolés dans leur équipe (Jan-Carlo Simić a le même maillot chez les Bruxellois, Joaquin Seys chez les Brugeois), leurs maillots restent des exceptions. Parce que les quatre hommes ont moins de 21 ans et qu’à ce titre, ils n’ont pas le droit de faire la publicité de jeux de hasard, désormais interdits sous cet âge.

Une particularité «obtenue» par le MR, et principalement par son président Georges-Louis Bouchez qui se dit toutefois conscient de la difficile réalité rencontrée par les clubs de football professionnels pour la vivre depuis le terrain. Egalement tête d’affiche des Francs Borains, en deuxième division, le président de club de football se priverait en effet difficilement des revenus garantis par les sociétés de paris sportifs ou de jeux de hasard, lui dont les maillots arborent fièrement le logo de la société Ladbrokes sur le bas de la poitrine.

Si l’interdiction a tant secoué le monde du football belge, c’est parce que ces sociétés sont parmi les rares à encore promettre des sommes d’argent importantes en échange de visibilité sur le maillot. Dès le 1er janvier prochain, Anderlecht ou Bruges devront ainsi trouver d’autres options pour leur sponsor principal, puisque les entreprises de jeux de hasard ne pourront plus occuper la place centrale à l’avant du maillot (jusqu’à la fin de l’année 2027, il sera toutefois possible d’apposer le logo de ces sociétés à d’autres endroits du maillot, avant l’interdiction totale). Chez les Mauves, on sait d’ailleurs que la présence de Napoleon Games n’est que provisoire, mais difficile d’imaginer une entreprise d’un autre secteur déposer sur la table les cinq millions d’euros qu’espèrent les Bruxellois pour la meilleure place publicitaire sur leur maillot.

En quête perpétuelle de nouvelles sources de revenus pour abreuver une masse salariale sans cesse croissante, les clubs belges ont grondé quand cette nouvelle mesure est venue menacer un pan fiable de leurs finances. Hormis Eupen, géré par des Qatariens dont la confession musulmane empêchait alors toute accointance avec ce secteur (et dont les ressources financières la rendaient de toute façon superflue), tous les clubs de D1 avaient un lien de sponsoring avec une société de paris sportifs avant la crise sanitaire. Les ravages causés chez certains par l’addiction au jeu et aux paris ont incité à prendre des mesures, et le football a été frappé au portefeuille.

Soutien politique de choix des clubs de football, le MR de Georges-Louis Bouchez a obtenu un sursis pour éviter une chute trop brutale. Tant pis si elle oblige certains à porter des maillots sans sponsors. Un peu plus de finances, ça vaut bien un peu moins de cohérence.

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