Le fils de LeBron James en NBA avec son père: jamais un joueur avec des stats si faibles n’avait été choisi
LeBron James Junior a rejoint les LA Lakers de son père pour la nouvelle saison de NBA. «Bronny» est-il vraiment doué, ou surtout pistonné?
«A la maison, c’est « papa ». Mais sur le terrain, il ne peut pas crier: « Papa, donne-moi le ballon! Papa, je suis démarqué! » Il doit m’appeler « 23 », « Bron » ou « Goat » (NDLR: pour Greatest of All Time, le meilleur de tous les temps).» L’été dernier, lors de son émission télé The Shop, LeBron James racontait en riant qu’il voulait éviter les situations un peu trop familières lorsqu’il s’entraîne avec son fils. Ce dernier lui a répondu un mois plus tard, avant le début de la présaison, lors de la journée de rencontres médiatiques des LA Lakers: «Quoi qu’il sorte de ma bouche, il devra l’accepter.» LeBron James Jr., «Bronny» pour les intimes, en profite pour fixer ses limites. «Faire du covoiturage avec mon père? Je veux rester aussi loin que possible de ce type», a-t-il plaisanté.
«Pour ma dernière année en NBA, je jouerai avec mon fils.»
Pour James Senior, il s’agit néanmoins de la réalisation de son plus grand rêve. En 2022, il avait prédit: «Pour ma dernière année en NBA, je jouerai avec mon fils.» Déjà à l’époque, grâce au statut de superstar de son père, Bronny était lui-même une célébrité. Lorsqu’il a créé un compte Instagram en 2019, à l’âge de 14 ans, un million de followers le suivaient après seulement une journée. Plus tard, la chaîne ESPN a diffusé ses matchs au lycée Sierra Canyon. Son père a également alimenté la hype en demandant à sa propre société de médias, Uninterrupted, de réaliser un docu sur son fils.
La chronique est devenue une sorte de conte de fées familial. Sous-tendu par une question majeure: James Junior atteindra-t-il un jour le niveau requis pour jouer en NBA? Dès l’adolescence, il est apparu qu’il n’était pas un phénomène comme son père. En outre, l’avenir de Bronny sur les parquets reçut un violent coup d’arrêt en juillet 2023, lorsqu’il fut victime d’un malaise cardiaque en pleine séance d’entraînement de l’équipe de l’université de Californie du Sud, où il venait de faire ses débuts. Opéré d’une malformation cardiaque congénitale, Bronny est finalement déclaré apte à reprendre les entraînements en décembre.
55e choix
Plus encore que pour Bronny, ce fut surtout un moment d’émotion pour son père, conscient qu’il avait failli perdre son fils. Malgré tout, ce dernier a poursuivi son rêve et a même annoncé, au terme de la saison, qu’il serait disponible pour la NBA Draft de juin 2024, ce moment où les franchises choisissent les jeunes talents susceptibles de renforcer leur effectif. Bronny James a finalement reçu des invitations à passer des tests de la part de dix équipes, mais n’en a accepté que deux: celle des Phoenix Suns et, évidemment, celle des Los Angeles Lakers de son père.
Pourtant, James Junior avait affiché des chiffres médiocres lors de sa première saison universitaire, réduite à 25 matchs: une moyenne de seulement 4,8 points par rencontre et un pourcentage de réussite au tir d’à peine 37%. Jamais, par le passé, de tels chiffres n’avaient suffi pour entrer en NBA. Au moins deux saisons supplémentaires à l’université auraient dû être nécessaires avant d’espérer franchir le cap. Bronny voulait néanmoins saisir sa chance, au-delà du fait que c’était la volonté de son père: «Je veux me faire un nom par moi-même, pas en tant que « fils de »».
Bien qu’il ait impressionné par sa vitesse et son explosivité lors du NBA Draft Combine, où les joueurs éligibles sont testés, le scepticisme n’a pas disparu. Selon les pronostics, il ne serait choisi qu’à la fin du deuxième tour. Les Lakers ayant le 55e choix lors de ce deuxième tour, les astres semblaient se mettre en place pour la réunion familiale.
Les initiés de la NBA ont même rapporté que Rich Paul, le manager du père et du fils, aurait découragé les autres équipes de choisir Bronny plus tôt. Si elles le faisaient, elles «feraient mieux de déménager en Australie», glissaient certains. Rich Paul a minimisé la rumeur, affirmant que «les Lakers ne sont pas notre priorité», mais Bronny était visiblement celle de la mythique franchise californienne aux 17 titres NBA. Exaucer le rêve de LeBron père ne se refusait pas, à l’heure de prolonger le contrat de l’une des figures les plus marquantes de l’histoire de la Ligue.
Comme prévu, les autres équipes ont ignoré Bronny, évitant soigneusement de marcher sur les plates-bandes de James Senior et de son influent agent. Au 55e choix de la NBA Draft, les noms de LeBron James Junior et des Los Angeles Lakers ont donc été associés. Jamais un choix de deuxième tour n’avait fait l’objet d’autant d’attention. Les analystes restent cependant critiques: si Bronny n’avait pas été le fils du meilleur marqueur de tous les temps de la NBA, jamais il n’aurait eu cette opportunité.
«Je veux me faire un nom moi-même, pas en tant que “fils de”.»
La voie de la progression
Bronny James a signé un contrat de quatre ans d’un montant de plus de sept millions d’euros et a fait ses débuts avec les Lakers lors de la Summer League, à Las Vegas. Sous le feu des projecteurs, il n’a pas répondu aux attentes. Le verdict général? Il est un piètre distributeur, il ne dribble pas assez, doit encore travailler sa technique de tir et est trop petit (1m88) pour surpasser les géants de plus 2,10 mètres sous le panier. Toutefois James Jr., à 19 ans, était l’un des plus jeunes joueurs de la Summer League, et vu sa saison universitaire plus courte, en raison de son opération du cœur, sa marge de progression reste grande.
Les Lakers verraient donc en lui un talent en devenir. Il est d’ailleurs fort probable qu’il passe beaucoup de temps avec les South Bay Lakers en G League, la ligue annexe de la NBA, au cours des prochains mois. Néanmoins, même à long terme, le plafond semble assez bas pour LeBron Junior: tout au plus deviendra-t-il un joueur de rotation capable d’insuffler de l’énergie à l’équipe depuis le banc de touche.
Grâce à son explosivité, son jeu de jambes rapide, sa bonne condition physique et son envergure de bras de deux mètres, c’est sur le plan défensif qu’il a le plus de potentiel. Mais là aussi, il reste trop limité pour être utilisé à plusieurs postes. Même son père est conscient que l’évolution de son fils sera longue. «Il n’a que 20 ans. Il est encore si jeune. Il doit essayer d’apprendre de ses erreurs pour s’améliorer. Si nous pouvions jouer ensemble quelques fois cette saison, ce serait formidable.» Ce «quelques fois», ambitionné sur une saison pourtant longue de 82 matchs sans parler des play-offs, en dit long.
La critique comme carburant
Jouer aux Lakers n’est pas non plus un avantage pour un jeune joueur. Los Angeles est une ville qui ne quitte jamais les feux des projecteurs, et la franchise subit une attention médiatique qui n’est certainement pas la plus propice à une croissance patiente. A cela s’ajoutent les comparaisons permanentes entre père et fils. Même si Bronny parvient un jour à exploiter tout son potentiel, il échouera aux yeux de beaucoup et sera une cible sur les réseaux sociaux. Mais il dit ne pas s’en préoccuper: «Je me suis entraîné à bloquer les commentaires du genre « tu n’as pas ta place en NBA ». Je me servirai des critiques comme d’un carburant pour m’améliorer.»
Son père l’a également souligné: «Bronny est tout le contraire de moi. Quand j’étais un rookie (NDLR: joueur disputant sa première année en NBA), je voulais que les gens m’aiment. Les commentaires négatifs me dérangeaient. La pression était encore plus forte. Je devais être à la hauteur, en tant que fils d’une mère pauvre et célibataire, qui a grandi sans père. Bronny a le choix. S’il veut arrêter le basket et devenir cuisinier, il peut le faire. Mais il rêve de la NBA, et c’est pour cela qu’il s’est battu malgré son opération du cœur. Les gens sous-estiment à quel point c’était difficile et particulier.»
Le moment où père et fils se sont retrouvés officiellement sur le parquet pour la première fois, lors d’un match de préparation le 6 octobre, jour du vingtième anniversaire de Bronny, fut encore plus spécial. Ça n’a duré qu’un peu plus de quatre minutes, mais pour le père, l’instant fut «surréaliste». «Lorsque nous défendions côte à côte et que je regardais Bronny, je me suis dit: est-on dans Matrix ou quelque chose comme ça? Je n’avais pas l’impression que c’était réel. Pour un père, cela signifie tout. Avoir une influence positive sur son enfant est l’une des meilleures choses qu’on puisse souhaiter. Surtout pour quelqu’un qui n’a pas eu cette chance en grandissant», a confié LeBron James Senior après la rencontre.
Après cet épisode mémorable et hors du temps, les obstacles à la reproduction fréquente de leur duo sont revenus à la surface lors de la présaison: Bronny reste trop limité offensivement et doit se reposer principalement sur sa défense. Mais le rookie est travailleur. Ses coéquipiers et son entraîneur l’ont d’ailleurs félicité pour cet état d’esprit. Et personne ne remettra en cause cette mentalité. Ainsi, il est souvent le premier dans la salle d’entraînement à travailler avec le personnel chargé de l’encadrement des joueurs. Et après chaque séance, il continue de peaufiner ses tirs avec son père. Même s’il devra encore beaucoup progresser pour devenir un joueur de NBA à part entière.
«Je me suis entraîné à bloquer les commentaires du genre “tu n’as pas ta place en NBA”.»
Coup de pouce mental
Plus encore que sa valeur finale sur le terrain, la trajectoire de LeBron Jr. a un autre avantage pour les Lakers, et même pour la Ligue: elle a donné à son père, qui fêtera ses 40 ans le 30 décembre et entame sa 22e saison en NBA, un coup de fouet mental. Selon les observateurs, il était très «énergique» lors du camp d’entraînement de présaison de sa franchise. Même si James affirme qu’en tant que vainqueur de quatre titres NBA, quatre titres de MVP (Most Valuable Player, le meilleur joueur de la saison) et détenteur du record de points de tous les temps, il n’a plus besoin d’accomplir quoi que ce soit pour lui-même, sa volonté de gagner n’a pas faibli. A presque 40 ans, il reste l’un des dix ou quinze meilleurs joueurs de NBA, et personne de cet âge n’a jamais atteint un tel niveau. LeBron James l’a également démontré l’été dernier aux Jeux olympiques de Paris, où il fut l’une des figures de proue de l’équipe américaine. Malgré une opposition féroce de la Serbie et de la France en demi-finale puis en finale, les Américains ont de nouveau remporté l’or et fait gonfler le palmarès de l’infatigable LeBron.
Tout cela augmente la pression sur les Los Angeles Lakers. En aucun cas ils ne peuvent gâcher les dernières années de la carrière de James, avec ou sans son fils Bronny fréquemment à ses côtés. Or, après le titre de l’année «covidée» 2020, le dernier de la carrière de LeBron James et de l’histoire des Lakers, la franchise a multiplié les mauvais choix dans le recrutement. Elle n’a d’ailleurs participé aux précédents play-offs que par le biais d’un tournoi de repêchage. Où les Lakers se sont inclinés d’emblée et sans gloire contre les Nuggets de Denver. Le manque de discipline tactique, d’organisation et de clarté a fortement agacé LeBron James. C’est en partie pour cette raison que l’entraîneur Darvin Ham fut licencié et remplacé par J.J. Redick, un ancien joueur avec lequel James a lancé, en mars dernier, le podcast Mind the Game, qui traite de la tactique sur les parquets de basket-ball.
A en croire «The King», il n’a pas été impliqué dans les négociations avec Redick, mais son avis aura manifestement été un facteur décisif dans le choix risqué d’un entraîneur principal sans expérience de la NBA. Avant le début de la saison, tous les joueurs des Lakers semblaient déjà très satisfaits des méthodes de Redick, de sa nouvelle approche tactique et de sa communication. Le nouveau coach a également souligné l’importance de la joie qu’il veut donner à LeBron James à l’automne de sa carrière. Mais si les résultats sont à nouveau décevants et que le fils Bronny traîne sa peine sur les parquets anonymes de la G League, restera-t-il quelque chose de cet élan de bons sentiments au printemps prochain?
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