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Vérifier, compter, laver: les pistes pour se débarrasser de ses TOC (2/2)

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Les troubles obsessionnels compulsifs peuvent gâcher la vie. D’abord par le temps perdu, ensuite par l’anxiété qu’ils provoquent. Mais est-il possible de se débarrasser d’un TOC? Voici quelques pistes.

Vérifier cinq fois que le gaz est bien éteint, se laver les bras et mains dix fois après avoir salué quelqu’un… Ce sont des troubles obsessionnels compulsifs, les fameux «TOC». Ils touchent environ 2% de la population adulte. La maladie comprend deux symptômes principaux: les obsessions et les compulsions. L’obsession, c’est la pensée, souvent intempestive, celle qui revient sans cesse et génère de l’angoisse ou de l’anxiété. Viennent ensuite les compulsions ou rituels. Le geste répété, pour vérifier, compter, laver. Les TOC les plus classiques sont ceux liés à la saleté avec des rituels de lavage et ceux de vérifications. On peut également citer les TOC de symétrie et de rangement, ou encore les ruminations mentales.

Médicament ou thérapie?

Le TOC peut se traiter par des médicaments inhibiteurs de la recapture de la sérotonine. «Ceux-ci servent, d’une part, à baisser la force compulsive et, d’autre part, à baisser les obsessions, leur fréquence, leur caractère pénible et leur intensité», explique le Dr Alain Sauteraud, spécialiste des troubles anxieux et dépressifs et auteur de livres de référence sur les TOC. Ce sont des médicaments qui appartiennent à la famille des antidépresseurs, comme le Prozac ou le Zoloft, et qui doivent donc absolument être pris après un diagnostic avéré de TOC et un avis et suivi médical régulier. Selon le médecin, plus de la moitié des patients auront une situation améliorée ou très améliorée.

Cela peut aussi se faire par la psychothérapie comportemental et cognitive, prouvée par de nombreuses études. Elle serait aussi efficace que certains médicaments, mais les résultats auraient tendance à davantage se maintenir. Les thérapies comportementales et cognitives (TCC) visent à apprendre au cerveau, qui a enregistré de mauvaises habitudes à force de répétitions, des comportements plus sains. Le but est que la personne ne soit plus «contrainte» à faire des choses qu’elle ne veut pas faire. C’est également utilisé pour lutter contre les phobies, par exemple.

Une solution est-elle meilleure que l’autre? «Les deux approches sont radicalement différentes, chacune avec ses avantages et ses inconvénients», écrit le médecin dans son livre « Mieux vivre avec un TOC » (Editions Odile Jacob). Souvent, les deux sont utilisées. Mais mieux vaut les faire successivement pour mesurer l’effet de chaque approche. Le traitement peut guérir, ou en tout cas améliorer, les symptômes. Même si le TOC nécessite souvent des traitements prolongés. C’est pourquoi le médecin préfère parler de «guérison sous traitement».

Affronter pour diminuer

Souvent caché aux proches, le TOC est sous-estimé par le patient lui-même. Il faut en général plusieurs années avant de consulter. Les personnes ont souvent honte, culpabilisent ou ont peur d’être prises pour des fous. D’autres pensent que le problème finira par se résoudre de lui-même. Mais il est quasi impensable que cela se produise. «Si l’on ne se soigne pas, le trouble obsessionnel compulsif reste le plus souvent chronique», affirme le Dr Sauteraud.

Alors que faire? D’abord devenir attentif aux situations qui déclenchent les obsessions. Pas de magie, cependant, avertit-il. Mais des exercices peuvent aider. Il conseille de lister les obsessions et les rituels dont on souffre. Et d’évaluer leur niveau de gêne dans la vie quotidienne. Prennent-ils du temps? Ont-ils souvent lieu? Gênent-il la vie sociale et/ou professionnelle? Est-il possible de les contrôler?

Ces exercices font appel à la psychothérapie comportementale par une exposition graduée aux situations obsédantes. Concrètement, il conseille d’affronter ces situations progressivement et de diminuer la fréquence et l’intensité du rituel, jusqu’à ne plus en avoir besoin. Par exemple, celui qui vérifie dix fois qu’il a bien éteint le gaz peut progressivement passer à sept fois, puis cinq, etc. Pour celui qui se lave compulsivement les avant-bras et les mains, ne faire que les mains. «Cela permet d’utiliser des affrontements faibles, qui déclenchent une anxiété supportable. Cette exposition va progressivement entraîner l’organisme à résister à l’envie de ritualiser. Elle permettra de vous prouver à vous-même qu’il est possible de les diminuer.»

Un bon suivi

Il recommande également de tenir un agenda. Objectif: avoir un suivi pour identifier les obsessions, mais aussi la pensée précise qui la précède, ce qui la déclenche. Ensuite pour prendre conscience des rituels et sortir du mode «pilote automatique». Enfin, identifier les évitements, ce pans de la vie réorganisés sans vraiment s’en rendre compte pour tenir à l’écart telle situation et telle pensée. Concrètement, le Dr Sauteraud conseille d’écrire quatre choses:

1. Les situations qui déclenchent le TOC.

2. Les obsessions qui naissent de ces situations.

3. Les compulsions qui en découlent.

4. Les évitements pratiqués pour ne pas s’y confronter.

Pas la peine de noter les situations exceptionnelles, comme un départ en vacances ou un mariage, mais uniquement les habitudes. Une fois les situations identifiées, il recommande de mener son propre «test», sur base d’un rituel fréquent. Le but est d’essayer de diminuer sa fréquence ou son intensité, de manière régulière, et d’observer le degré d’anxiété maximale provoquée par l’exercice. Il est possible, et même recommandé, de faire ces exercices en parallèle d’un suivi régulier avec un spécialiste.

Les petites manies du quotidien, si elles ne sont ni obsédantes ni répétitives, ne doivent pas spécifiquement faire l’objet d’un traitement. Mais si elles commencent petit à petit à prendre plus de place (mentale) et de temps, il n’est pas inutile de les tenir à l’œil.

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