Des expériences en laboratoire ont démontré que les facteurs qui déterminent le choix des cibles des moustiques sont multiples et se combinent. © Getty Images

Pourquoi les moustiques piquent-ils certains plus que d’autres?

Delphine Kindermans
Delphine Kindermans Secrétaire de rédaction au Vif

Nous ne sommes pas tous égaux face aux moustiques. Une question de groupe sanguin, de couleur portée et de profil olfactif.

A chaque apéro en terrasse, c’est pareil. Y a toujours l’emmerdeur qui veut de l’ombre quand les autres rêvent d’exposition plein sud ou un Spritz et pas du rosé comme le reste de la tablée. Et puis, il y a l’emmerdé. Celui-là, c’est à l’unanimité que les moustiques l’ont choisi. Pourquoi tant de haine?

On entend parfois parler d’un «sang sucré» qui les allécherait mais, outre que l’hémoglobine n’a rien d’une douceur, si les maringouins domestiques sont amateurs de sucre, c’est de celui qu’ils trouvent dans le nectar des fleurs, à des fins alimentaires. Lorsque les femelles partent en quête d’un vaisseau à pomper, c’est pour s’y procurer les protéines nécessaires à la maturation de leurs œufs. En piquant, elles injectent de la «salive», qui contient des histamines. Une réaction inflammatoire s’enclenche, des démangeaisons s’en suivent.

Certains profils olfactifs spécifiques attirent plus les moustiques.

Le groupe sanguin, en revanche, influe bien sur le choix de la proie, plus vulnérable si elle est O. Viennent ensuite les A, suivis des B. Mais l’antigène exprimé ou non (c’est le cas du groupe O) à la surface des globules rouges n’explique pas à lui seul l’appétence des bestioles. Interviennent aussi la quantité de dioxyde de carbone exhalée (les femmes enceintes, qui en produisent plus, sont davantage piquées) et l’odeur dégagée. Certains profils olfactifs spécifiques, combinaison de composants chimiques présents dans la sueur ou le microbiome, sont plus attractifs, révèlent des travaux portant sur la transmission du paludisme menés l’an dernier par Diego Giraldo, neuroscientifique à l’université Johns Hopkins du Maryland, aux Etats-Unis.

L’acide lactique, métabolisé après l’effort, et l’alcool consommé plaisent également aux moustiques. Quant aux savons, shampoings ou parfums s’additionnant aux effluves corporels, créant ainsi une autre alchimie, ils peuvent autant les dérouter que les attirer. Des tests scientifiques ont par ailleurs mis en évidence qu’ils sont capables d’adapter leur comportement alimentaire lorsqu’une senteur est associée à une expérience désagréable. Des spécimens ayant subi un choc mécanique en présence d’une odeur humaine ont par la suite fui cette odeur. Un mécanisme d’apprentissage intéressant à explorer dans le cadre de l’élaboration d’une nouvelle génération de répulsifs contre celui que certains vont jusqu’à qualifier de «pire tueur en série de l’histoire».

Entre 50 et 60 mètres de distance, ce sont donc les neurones olfactifs des moustiques qui entrent en action pour repérer la victime. En se rapprochant, vers 15 mètres, leur vue prend le relais. Ils distinguent les silhouettes, mais aussi des couleurs. Jeffrey A. Riffel, professeur de biologie à l’université de Washington, a démontré qu’ils sont plus sensibles à certaines d’entre elles. Grâce à des caméras et à un système de tracking 3D, lui et son équipe ont pu observer la trajectoire d’un million de femelles confrontées à des cibles colorées. Résultat: elles se sont dirigées vers le rouge, l’orange et le noir, délaissant le blanc, le vert et le violet. Bon à savoir au moment de choisir sa tenue pour le prochain apéro en terrasse… On ne se débarrasse pas facilement des emmerdeurs, mais on peut au moins tenter d’éloigner les importuns.

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