En Belgique, des cas de maltraitance ont entrainé la fermeture de 27 crèches flamandes en 2022. © Getty images

Maltraitance dans les crèches: les garde-fous qui existent en Belgique

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La publication du livre «Les Ogres» sur des crèches privées françaises a ravivé les inquiétudes concernant le traitement des enfants dans ces structures d’accueil. Quid de la situation belge?

En France, la sortie du livre-enquête du journaliste Victor Castanet, Les Ogres, secoue le secteur de la petite enfance en révélant les dérives des crèches privées, dont celles du groupe People & Baby. Toujours dans l’Hexagone, un procès pour des violences commises sur neuf enfants s’est tenu, lundi. Deux anciennes salariées de ce groupe privé doivent répondre de faits de violences physiques et psychologiques.

En Belgique, des cas de maltraitance ont entrainé la fermeture de 27 crèches flamandes en 2022. Un an plus tard, le décès accidentel d’un enfant dans une crèche liégeoise encourageait le rappel des dispositions mises en place pour éviter les drames. «En Fédération Wallonie-Bruxelles, ces problèmes ne sont pas courants, remarque Sylvie Anzalone, porte-parole de l’Office de la Naissance et de l’Enfance (ONE). Les ressources humaines et les outils ont l’air de bien fonctionner pour veiller à une qualité d’accueil et un contrôle des règles.»

Crèche communale ou crèche privée?

Qu’il s’agisse de crèches communales, dites subventionnées, ou de crèches privées, donc non subventionnées, le milieu d’accueil doit recevoir l’autorisation de l’ONE pour entamer ses activités. Cela signifie le respect de normes sur les plans de l’infrastructure et de la pédagogie. On dénombre ainsi aujourd’hui deux tiers de crèches subsidiées, et un tiers non subsidiées. Et si les responsables de la coordination d’accueil et du conseil pédagogique accompagnent la réalisation des projets, ils procèdent aussi à un contrôle, à l’improviste ou non, doublé de rapports voire de mises en demeure. «Ils vérifient si le milieu reçoit bien 18 enfants et non 40, si les personnes dotées d’un certain diplôme sont bien celles qu’on trouve sur place, ou tout autre problème», indique Sylvie Anzalone. Les fermetures de crèches par l’Office sont de l’ordre de 5 ou 6 par an, pour des raisons de pratiques inadaptées ou de récurrence dans le sous-effectif d’encadrement, signalant que les conditions d’accueil ne sont plus remplies. 

Il est en réalité question du respect du code de qualité du milieu d’accueil énoncé par l’ONE, afin d’éviter les cas de négligence et de maltraitance. «Le risque zéro n’existe pas, mais il y a une volonté de tendre vers un meilleur», déclare la porte-parole.

Pourtant, un constat s’impose: les cas de maltraitance s’observent dans le milieu d’accueil de type privé. «Cela se passe peut-être aussi ailleurs, mais sur les cas rapportés, les plaintes proviennent surtout des structures d’accueil non subventionnées, explique la porte-parole. Il y a probablement des risques plus grands car ce milieu d’accueil peut être coincé financièrement.» A quoi s’ajoute la problématique des personnes encadrantes, tous établissements confondus: disposent-elles de contrats valorisants et de la formation adéquate? Car il y a une différence de traitement. «La réforme 2019-2026 de l’ONE vise aussi à ce que les diplômes et contrats soient plus réglementés. On a une volonté de tirer vers le haut car l’équipe est alors plus compétente.»

Volonté d’amélioration

«Maltraitance est un terme fort qui correspond surtout à de la négligence. Cela peut signifier une équipe qui ne fonctionne pas bien, des parents mal écoutés ou une inattention due à un nombre trop élevé d’enfants pour un encadrant», développe Sylvie Anzalone. Il y a dès lors une volonté d’améliorer la qualité de leur travail. Aujourd’hui, un encadrant temps plein s’occupe en moyenne de sept enfants. Il est question d’augmenter ce ratio: «Nous voulons arriver à 1,5 travailleur à temps plein pour sept enfants».

Les petites structure offrent en effet souvent un encadrement optimal. Un adulte responsable d’un petit groupe implique davantage d’attention. Plus encore, «ce qui fonctionne, c’est d’avoir une bonne organisation », explique Grace Cardon, directrice de la crèche privée Nos Bulbes à Etterbeek. En ce qui concerne les précautions pour éviter toute maltraitance, la directrice souligne l’entraide et l’écoute: «Si l’équipe n’est pas assez soudée, des déviances peuvent arriver. Le métier est prenant, l’entraide est importante sinon n’importe qui peut craquer. » Autre solution: veiller au bien-être du personnel. «On suit des formations, des règles, mais il n’y a pas de soutien psychologique prévu pour les puéricultrices, déplore Grace Cardon. Ce bien-être est important pour la prévention aussi.»

Signe d’une préoccupation, la Fédération Wallonie-Bruxelles a également pris des mesures avec un décret interdisant les violences à l’égard des enfants dans tous les établissements de la Fédération Wallonie-Bruxelles, dont l’accueil de la petite enfance. Lancé en février 2024, sa mise en œuvre sera évaluée tous les quatre ans par l’Observatoire de l’Enfance, Jeunesse et Aide à la Jeunesse.

Nadia Nahjari

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