Un avion de Ryanair
Pour la troisième année d'affilée, Ryanair a été élue "compagnie la plus polluante d'Europe" par l'ONG T&E. © Thomas Banneyer/picture alliance via Getty Images

Ryanair à nouveau sacrée compagnie aérienne la plus polluante d’Europe : « L’aviation ‘verte’ ne verra jamais le jour »

Les compagnies aériennes à bas prix polluent plus que jamais, accuse l’ONG européenne Transport & Environment (T&E) dans un rapport publié vendredi.

Ryanair est le transporteur le plus polluant d’Europe pour la troisième année consécutive, selon une nouvelle étude sur les émissions de l’aviation en 2023 qu’a réalisée la fédération d’associations de défense de l’environnement. Lufthansa et British Airways sont les deuxième et troisième plus gros pollueurs, mais restent en deçà de leurs niveaux d’émissions d’avant la crise du Covid.

Les compagnies aériennes à bas prix Ryanair et Wizz Air ont, elles, pollué plus que jamais l’année dernière, bien au-delà du pic atteint en 2019, avant la pandémie. La première a émis 15 millions de tonnes de CO2 en 2023, soit 23% de plus que les niveaux d’avant la crise, tandis que les émissions de Wizz Air ont augmenté de 40% au cours de la même période. 

Les compagnies low cost particulièrement visées

Les émissions de Ryanair sont équivalentes à celles de sept millions de voitures à essence en un an. L’an dernier, un vol sur quatre en Europe était assuré par l’un des trois principaux transporteurs low cost (easyJet, Ryanair, Wizz Air), selon l’analyse. En 2019, c’était un vol sur cinq, ce qui montre que les compagnies aériennes à bas prix augmentent leur part de marché en Europe, analyse T&E. 

En revanche, les transporteurs historiques, dont Air France, Lufthansa, KLM et British Airways, ont perdu 2,8 pp de parts de marché depuis la crise sanitaire.

« Le modèle commercial low cost est à l’origine d’une croissance insoutenable dans le secteur. On nous a fait croire que les compagnies aériennes reconstruiraient mieux après le Covid mais, avec cette augmentation exorbitante de la pollution par les compagnies à bas prix, l’aviation « verte » ne verra jamais le jour », assène Jo Dardenne, directeur de l’aviation chez T&E. A ses yeux, les technologies propres, comme les carburants aéronautiques durables, ne pourront pas suivre la croissance de Ryanair, Wizz Air et d’autres.

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Un système d’échange de quotas d’émission toujours inefficace

Plus généralement, tous les vols passagers ayant décollé en Europe en 2023 ont émis autant de CO2 que 80 millions de voitures à essence en un an. Mais les compagnies aériennes ont dû payer pour moins d’un quart de ces émissions dans le cadre des systèmes d’échange de quotas d’émission, affirme encore T&E. « Les passagers paient leur café à l’aéroport plus cher que certaines compagnies aériennes ne paient leurs émissions. »

Ryanair a payé plus de la moitié de ses émissions par le biais de l’échange de droits d’émission, contre moins d’un cinquième pour les compagnies aériennes traditionnelles.

Si l’échange de droits avait été appliqué à l’ensemble des 6,7 millions de vols de passagers au départ des aéroports européens l’année dernière, les compagnies aériennes auraient dû payer quelque 13 milliards d’euros pour leurs émissions de CO2. Mais, dans la pratique, elles ont payé un peu moins de 3 milliards d’euros. Ce système d’échange de quotas ne s’applique en effet qu’aux vols intra-européens, alors que les vols long-courriers représentent plus de la moitié des émissions. Les États membres distribuent en outre gratuitement un grand nombre de quotas aux compagnies aériennes.

« Plus de dix ans après l’introduction du marché du carbone pour l’aviation, le système ne parvient toujours pas à encourager des vols plus respectueux de l’environnement« , déplore Jo Dardenne. L’ONG demande dès lors que l’échange de droits d’émission soit appliqué à tous les vols au départ des aéroports européens, y compris ceux à destination de l’extérieur de l’Europe. Elle demande également l’instauration d’une taxe sur le kérosène, le remplacement des vols court-courriers par des liaisons ferroviaires et la surveillance des émissions autres que le seul CO2, car elles « réchauffent la planète au moins autant que le CO2 ».

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