Moroni, capitale des Comores © Reuters

Comores: 25 candidats pour la présidentielle, sur fond de suspicions de fraudes

Le Vif

Les Comoriens votaient dimanche pour le premier tour de la présidentielle, un scrutin où s’affrontent 25 candidats, dans un climat de suspicions de fraude dénoncées par plusieurs prétendants.

Le vote a commencé à Moroni peu après 07H00 (04H00 GMT), heure officielle de l’ouverture des bureaux, gardés par les forces de sécurité, visibles mais pas armées.

Les opérations ont cependant pris du retard dans plusieurs régions, faute de matériel électoral, ont constaté des journalistes de l’AFP.

La confusion régnait sur la validité ou non des procurations, source, selon de nombreux candidats, de fraude possible.

Samedi, à la dernière minute, la Commission électorale (Ceni) avait décidé d’interdire les votes par procuration afin de « préserver la paix ». Mais sur le terrain, plusieurs présidents de bureau ont affirmé dimanche ne pas avoir reçu l’information.

Le président sortant Ikililou Dhoinine, qui a effectué un mandat de cinq ans, ne se représente pas, conformément à la Constitution de l’Union des Comores.

Ce texte atypique établit une présidence tournante entre les trois îles qui forment l’Union des Comores, Etat pauvre de l’océan Indien à majorité musulmane. Ikililou Dhoinine était issu de Mohéli, son remplaçant au palais présidentiel Beit-Salam sera originaire de la Grande-Comore.

Cette constitution, adoptée en 2001, a contribué à apaiser un archipel secoué par des crises séparatistes et une vingtaine de coups d’Etat ou tentatives depuis son indépendance de la France en 1975.

Parmi les 25 prétendants, une poignée d’entre eux sont susceptibles de passer au second tour, selon les observateurs: le candidat du pouvoir, Mohamed Ali Soilihi, actuel vice-président; l’ancien chef de l’Etat et ex-putschiste Azali Assoumani (1999-2006); Fahmi Saïd Ibrahim, candidat soutenu par l’ex-président Ahmed Abdallah Sambi (2006-2011).

Deux outsiders pourraient créer la surprise en passant le premier tour: Mouigni Baraka, gouverneur de la Grande-Comore, et Bourhane Hamidou, un ancien président de l’Assemblée fédérale.

La campagne s’est déroulée dans le calme et le président sortant a appelé vendredi électeurs et candidats « à aborder le scrutin avec un esprit de civisme, de discipline et de non-violence ».

Le climat électoral est cependant tendu, selon les observateurs. « On est dans un contexte où il y a beaucoup de suspicions », estime Nadia Tourqui, consultante à l’ONU pour l’élection.

Laisser-passer obligatoire

Le retard pris dans la distribution de 25.000 nouvelles cartes électorales et dans l’affichage des listes, les tensions au sein de la Commission électorale, récemment pointée du doigt par la Cour des comptes pour des malversations supposées, suscitent des inquiétudes parmi les candidats.

Il est interdit dimanche de quitter Moroni ou de se déplacer entre les « villages », à moins d’être muni d’un laisser-passer officiel. L’objectif est d' »éviter le double vote », selon le ministère de l’Intérieur.

En plus de dizaines d’observateurs internationaux, des organisations comoriennes ont mis en place une « plateforme de veille électorale »: 425 personnes sur le terrain sont chargées de faire remonter tout incident ou dysfonctionnement, afin de le corriger en temps réel.

« L’élection est trop passionnée, elle risque de provoquer des réactions inappropriées » de la part des vaincus, craint un fonctionnaire, Jean Youssouf.

Les suspicions de fraudes ne reposent sur rien de tangible, affirme cependant une source diplomatique: « Il faut faire croire à la fraude pour justifier une défaite ».

Les programmes des 25 candidats sont quasi identiques, axés sur la gratuité des soins, l’enseignement, l’amélioration d’infrastructures en ruines.

Dans la capitale, femmes et enfants font la queue pour l’eau, les routes sont défoncées, les longues coupures d’électricité handicapent une économie déjà aux abois.

« Je ne vais pas voter, c’est une perte de temps, à moins qu’on me donne de l’argent », admet une vendeuse de rue.

Dans le cadre de la constitution singulière du pays, seuls les 159.000 électeurs de la Grande-Comore sont appelés à participer au premier tour de la présidentielle. Au second tour, le 10 avril, l’ensemble des 301.000 électeurs de l’Union des Comores voteront pour choisir l’un des trois candidats arrivés en tête.

Le premier tour de la présidentielle est couplé dimanche avec les élections des gouverneurs des trois îles, pour lesquelles l’ensemble des électeurs comoriens sont appelés aux urnes.

Les bureaux de vote doivent fermer à 18H00 (15H00 GMT). Les résultats pourraient être disponibles mardi ou mercredi, selon des sources concordantes.

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