Juliette Debruxelles

Findom, le jeu érotique financier où les hommes arrosent et les filles ramassent

Entre l’esclave monétaire et sa dominatrice financière, tout émoi passe par l’argent. La règle du jeu de la Findom: céder tout ou partie de ses finances en guise de dévotion pour jouir à foison.

Vous sentez que les liquidités seront un peu ric-rac cet été? Entre citytrip danois et villa de rêve à Ibiza, vos économies de l’année vont se disperser? Arrêtez de vous plaindre et pensez plutôt à ces personnes qui pratiquent la Findom, ou «domination financière». Dans ce jeu érotique et émotionnel basé sur le transfert de pouvoir et de contrôle, on trouve généralement un soumis financier appelé Paypig ou Moneyslave (cochon payeur ou esclave monétaire) et une dominatrice financière, ou FinDomme. Notez que ceux-ci sont sciemment genrés selon la réalité. Dans le monde de la Findom, les types arrosent et les filles ramassent.

Le Paypig, par le biais de transactions financières consenties et volontaires, s’en remet au pouvoir de sa maîtresse qui le soumet et l’humilie au cours de jeux de rôle essentiellement basés sur l’argent. Pour résumer: le Paypig cède le contrôle de tout ou partie de ses finances à sa dominatrice en guise de dévotion et y trouve de quoi jouir à foison.

La chose peut se pratiquer en ligne –sur les réseaux sociaux ou des sites BDSM– grâce à divers versements et partages de code de cartes de crédit, ce qui n’est pas sans danger. Allez expliquer à votre banque que vous faisiez pourtant confiance à DominaSoixanteQuinze qui vous traitait de sale porc tandis que vous lui susurriez la date d’expiration de votre Visa…

Mais c’est dans la «vraie vie» que tout ceci ressemble le plus à un film de gangsters des années 1970. Remise d’enveloppes de cash (ou Cashmeet), retraits d’argent aux distributeurs (quand on en trouve…) ou virées shopping à faire pâlir d’envie Pretty Woman: plus ça flambe, plus c’est chaud.

Parmi les jeux financiers prisés, le Wallet Rinse amuse. Il consiste à vider le contenu de son portefeuille au profit de sa dominatrice. Mais à l’heure des transactions digitales (au sens numérique du terme, coquin que vous êtes), c’est un coup à se retrouver avec pour tout butin l’euro destiné au caddy du supermarché. Le «Debt Contract», plus intéressant, implique pour le soumis de contracter des dettes auprès de sa ou ses FinDomme(s). Excitation, renforcement des liens de dépendance et sentiment d’être redevable provoquent des émois (imaginez la fin de mois).

Et n’allez pas vous figurer des vamps ensorceleuses enroulées autour de porte-cartes de «pauvres» mâles exsangues. Il y a autant de physique de FinDommes que de femmes (quand il s’agit réellement d’adeptes de la pratique et pas d’arnaqueurs basés à Abidjan). Leur trait commun: un caractère bien trempé et une audace bluffante qui les conduisent à explorer les limites de leur pouvoir, tout en maîtrisant parfaitement l’art de la séduction et de la manipulation.

Remise d’enveloppes de cash, retraits d’argent aux distributeurs… : plus ça flambe, plus c’est chaud.

Une forme déguisée de prostitution? Non. On ne parle pas ici de Sugardaddy qui «gâtent» de jeunes femmes en échange de prestations sexuelles. On parle d’érotisme, de respect et de confiance entre les participants… Sauf qu’évidemment, l’ombre du chantage, de la vulnérabilité et de l’extorsion plane sur le terrain des bonnes intentions. Dans le meilleur des cas, des contrats en bonnes et dues formes définissent les termes et les conditions de la relation entre FinDomme et Paypig. Règles du jeu, attentes, sécurité et consentement sont supposés éviter les débordements, la ruine et les procès. Les Moneyslaves, eux, sont animés par des motivations qui touchent –comme toute soumission– au besoin d’échapper au stress et aux responsabilités. A une volonté pathologique de reconnaissance et d’affection. Dans des forums BDSM spécialisés, on peut lire qu’il s’agirait d’«un moyen d’accepter de se délester du superflu et de se mettre réellement à nu».

Avant de risquer le rhume, la ruine ou une usurpation d’identité, pourquoi ne pas consulter et consacrer son budget à sa santé mentale et à sa sécurité?

Juliette Debruxelles est éditorialiste et raconteuse d’histoires du temps présent.

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